Jubil¨¦ des pouvoirs publics: L¨¦on XIV souligne le caract¨¨re missionnaire de l¡¯action politique
Jean-Charles Putzolu ¨C Cité du Vatican
Des représentants des pouvoirs publics venus de 68 pays se retrouvent à Rome ce week-end des 21 et 22 juin pour le Jubilé des gouvernants et des administrateurs. Le programme de ce Jubilé prévoit le passage de la Porte Sainte de la basilique Saint Pierre, une rencontre au Capitole organisée par les autorités italiennes, leur participation dimanche à la prière de l¡¯Angélus place Saint-Pierre et enfin leur présence à la messe pour la célébration du Corpus Domini dimanche après-midi en la cathédrale Saint Jean de Latran. Au programme également, une audience ce samedi matin avec Léon XIV, lequel a rappelé que l¡¯action politique constitue «la forme la plus élevée de charité». Reprenant un extrait de l¡¯encyclique Fratelli tutti de son prédécesseur, l¡¯évêque de Rome a insisté sur «le témoignage concret de l¡¯action de Dieu en faveur de l¡¯homme», que représente précisément l¡¯action politique.
La protection des plus vulnérables
Articulant son allocution autour de trois axes, le Saint-Père a tout d¡¯abord souligné, en ligne avec son introduction, la première mission à laquelle sont appelés les responsables politiques: «protéger, au-delà de tout intérêt particulier, le bien de la communauté, en particulier en défendant les plus faibles et les marginalisés». Cette action comprend, selon Léon XIV, l¡¯effort nécessaire pour réduire le fossé entre les plus riches, une poignée de personnes, et «la pauvreté excessive». «Ce déséquilibre, met-il en garde, engendre des situations d'injustice permanente, qui débouchent facilement sur la violence et, tôt ou tard, sur le drame de la guerre». En opposition, une bonne action politique en mesure de réduire les inégalités sert l¡¯harmonie et la paix, tant au niveau social qu¡¯international.
La liberté de culte
C¡¯est le deuxième point abordé par le Pape devant les gouvernants. Il est important de favoriser la «rencontre respectueuse et constructive entre les différentes communautés religieuses». S¡¯appuyant sur les écrits de saint Augustin, Léon assure que les pouvoirs publics peuvent faire beaucoup dans ce domaine en faisant basculer «l¡¯amour égoïste, fermé et destructeur» vers «l¡¯amour gratuit», enraciné en Dieu, portant au «don de soi» et par conséquent à «une société où la loi fondamentale est la charité». Le Pape a souligné la nécessité d¡¯un changement de paradigme: «plutôt que d'exclure à priori, dans les processus décisionnels, la considération du transcendant, il sera utile de rechercher en lui ce qui unit tout le monde». Il poursuit sur «la loi naturelle, non écrite par la main de l¡¯homme», et que l¡¯empereur romain Cicéron définissait ainsi: «La loi naturelle est la raison droite, conforme à la nature, universelle, constante et éternelle, qui, par ses ordres, invite au devoir, et par ses interdictions détourne du mal». Pour le Successeur de Pierre, cette loi incontournable est une boussole «qui permet de s'orienter dans la législation et l'action, en particulier sur les questions éthiques délicates qui se posent aujourd'hui de manière beaucoup plus pressante que par le passé». La Déclaration des droits de l¡¯homme de 1948, toujours d¡¯actualité, affirme également Léon, peut soutenir une action politique visant à défendre le caractère inviolable de l¡¯intégrité l¡¯être humain, surtout lorsqu¡¯il s¡¯agit de légiférer sur des thématiques touchant à la sphère de l¡¯intimité personnelle.
L¡¯intelligence artificielle
C¡¯est un défi majeur. En un peu plus d¡¯un mois de pontificat, Léon XIV s¡¯est déjà plusieurs fois exprimé sur la question de l¡¯intelligence artificielle, qui touche aussi les milieux politiques. C¡¯est certainement une aide précieuse pour la société, «dans la mesure où son utilisation ne porte pas atteinte à l'identité et à la dignité de la personne humaine et à ses libertés fondamentales». L¡¯IA ne devrait à aucun moment «rabaisser» ou «vaincre» l¡¯être humain. Il s¡¯agit donc de garder un contrôle politique du développement de l¡¯intelligence artificielle pour en éviter les dérives. «La vie personnelle vaut bien plus qu'un algorithme et les relations sociales ont besoin d'espaces humains bien supérieurs aux schémas limités que toute machine sans âme peut préconfectionner», assène le Souverain pontife. La mémoire statique des machines «n'est en rien comparable à celle de l'homme et de la femme, qui est au contraire créative, dynamique, générative, capable d'unir le passé, le présent et l'avenir dans une recherche vivante et féconde de sens, avec toutes les implications éthiques et existentielles qui en découlent». Les pouvoirs publics sont appelés à apporter des réponses aux inquiétudes relatives aux défis de la culture numérique, estime Léon XIV.
Concluant sur la fidélité aux responsabilité civiles du britannique saint Thomas More, le Saint Père, renouvelle l¡¯invitation faite aux politiciens par saint Jean-Paul II à l¡¯occasion du Jubilé de l¡¯an 2000: celle d'interpréter la politique non pas comme une profession, mais comme une mission pour la croissance de la vérité et du bien.
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