Pour l¡¯¨¦piscopat africain, le continent doit ?¨ºtre l¡¯architecte de son avenir ¨¦cologique?
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Le constat du Symposium des Conférences épiscopales d¡¯Afrique et Madagascar (Sceam) est formel: «La crise climatique est à la fois une urgence morale et écologique». De ce fait, «L'Église catholique en Afrique appelle à une action audacieuse, équitable et urgente pour garantir que les solutions climatiques soient menées par l'Afrique, ancrées dans les communautés et justes», a déclaré Mgr Coffi Roger Anoumou, évêque de Lokossa au Benin, lundi 8 septembre, au centre de conférences internationales d¡¯Addis-Abeba.
Jusqu¡¯au 10 septembre, plus de 40 chefs d¡¯État et de gouvernement africains sont réunis à Addis-Abeba, en Éthiopie, à l¡¯occasion de la deuxième édition du Sommet africain sur le climat. «Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l¡¯Afrique», tel est le thème de cette rencontre à laquelle participe l¡¯Église africaine à travers le Symposium des Conférences épiscopales d¡¯Afrique et de Madagascar, SCEAM. Lundi 8 septembre, lors de la cérémonie d¡¯ouverture Mgr Coffi Roger Anoumou, a lu une déclaration du SCEAM, pointant le fait que «l'Afrique subit des impacts disproportionnés ¨C sécheresses, cyclones, inondations, désertification ¨C alors qu'elle contribue le moins aux émissions mondiales». Pourtant, une étude de la Banque mondiale sur le changement climatique, publiée il y a une dizaine d¡¯années, révélait un scénario inquiétant pour l¡¯Afrique en lien avec le réchauffement climatique. Un réchauffement de 2°C aurait, en effet, des conséquences dramatiques sur l¡¯agriculture, le moyen de subsistance de 80% de la population du continent.
Investir dans des systèmes renouvelables décentralisés et communautaires
Face à cela, le symposium estime que «l¡¯Afrique ne doit pas se contenter d'être le destinataire d'agendas externes, mais doit être l'architecte à part entière l'architecte de son avenir écologique», insiste l¡¯épiscopat africain. D¡¯où les solutions que l¡¯épiscopat propose aux décideurs réunis dans la capitale éthiopienne.
Ainsi, le SCEAM préconise la promotion des approches fondées sur la nature en soutenant l¡¯utilisation des énergies renouvelables, l'agriculture régénérative et les technologies appropriées qui protègent la biodiversité et respectent le patrimoine culturel. En outre, le symposium estime que les véritables solutions doivent également intégrer l'équité sociale, la dignité humaine ainsi que la protection de la création, et non le profit à court terme ou les «fausses solutions» telles que les compensations nuisibles ou les projets extractifs.
Le symposium suggère également l¡¯investissement dans des systèmes renouvelables décentralisés et communautaires, en particulier solaires, qui créent des emplois décents, autonomisent les femmes et les jeunes et réduisent la pauvreté énergétique tout en limitant les émissions de carbone. Toutefois, exhortent les évêques africains, les efforts d'adaptation doivent préserver la sécurité alimentaire, les systèmes d'approvisionnement en eau et les moyens de subsistance, en donnant la priorité aux populations pauvres et marginalisées. Dans cette dynamique qu¡¯ils appellent, les évêques d¡¯Afrique précisent que «les communautés religieuses sont prêtes à collaborer pour éduquer, mobiliser et accompagner les populations touchées».
Un observatoire ecclésial sur la justice climatique
À l¡¯instar des Etats africains, l'Église en Afrique appelle les nations riches à rembourser leur dette écologique. Pour le Symposium des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar, cela doit se faire par le biais d'un financement climatique transparent, accessible et non générateur de dette. Ainsi, souhaite le SCEAM les fonds pour les pertes et dommages et pour l'adaptation doivent être rapidement opérationnels, atteindre directement les communautés vulnérables et favoriser la résilience plutôt que la dépendance. «Les retards et les demi-mesures ne font qu'aggraver les souffrances de nos populations et mettre en péril les générations futures», souligne le symposium.
S'appuyant sur les deux encycliques du Pape François Laudato si' et Laudate Deum', l'épiscopat africain entend s'engager à promouvoir la conversion écologique dans chaque paroisse, école et diocèse. De même que plaider, lors de la COP30 et d'autres forums mondiaux, en faveur d'une élimination progressive et équitable des combustibles fossiles et d'une transition vers les énergies renouvelables. L'épiscopat africain, qui a également affiché sa volonté de s'associer à des acteurs éthiques pour construire une Afrique verte et résiliente, s¡¯engage à créer un observatoire ecclésial sur la justice climatique afin de surveiller la mise en ?uvre des engagements climatiques.
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