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Les repr¨¦sentants des ?glises du sud re?us par le Pape avant leur conf¨¦rence de presse pour appeler ¨¤ la justice climatique. Les repr¨¦sentants des ?glises du sud re?us par le Pape avant leur conf¨¦rence de presse pour appeler ¨¤ la justice climatique.  (@VATICAN MEDIA)

Les ?glises du sud mobilis¨¦es pour que la COP30 soit un tournant moral

? l¡¯approche de la COP30 au Br¨¦sil, les ?glises d'Afrique, d'Asie, d'Am¨¦rique latine et des Cara?bes ont pr¨¦sent¨¦ un document appelant ¨¤ la justice climatique, ¨¤ une conversion ¨¦cologique et ¨¤ r¨¦sister aux fausses solutions, notamment au capitalisme vert, vivement d¨¦cri¨¦. Les pays riches sont en particulier appel¨¦s ¨¤ reconnaitre leur dette ¨¦cologique envers le sud.

Roberto Paglialonga - Cité du Vatican

«Un appel pour la justice climatique et la maison commune: conversion écologique, transformation et résistance aux fausses solutions», tel est l¡¯intitulé du document présenté ce mardi en salle de presse du Saint-Siège. Ce texte élaboré par le Symposium des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (Secam), la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie (Fabc) et le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), et coordonné par la Commission pontificale pour l'Amérique latine (Pcal), souligne que la crise climatique «n'est pas seulement un problème technique», mais «une réalité urgente, une question existentielle de justice, de dignité et d'attention à la maison commune».

Pour tenter de résoudre cette crise, «il faut rejeter les fausses solutions telles que le capitalisme ¡°vert¡±, la technocratie, la marchandisation de la nature et l'extractivisme, qui perpétuent l'exploitation et l'injustice». Ce qu'il faut, c'est «une profonde conversion écologique», un changement structurel qui replace la personne au centre de sa relation avec la création, et qui ne peut manquer d'inclure un véritable changement de paradigme dans le système économique, «remplaçant la logique du profit illimité par l'écologie intégrale».

L'appel des Églises du Sud en vue de la COP30

Cet appel est lancé conjointement par les Églises du Sud dans la perspective de la prochaine COP30, prévue à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025, pour appeler à «l'équité, la justice, la protection» en défense des peuples autochtones, des écosystèmes, des communautés appauvries, des personnes vulnérables, comme les jeunes, les femmes et les personnes âgées, ont expliqué les intervenants en Salle de presse, à savoir la secrétaire de la Pcal, Emilce Cuda, et les cardinaux Jaime Spengler, archevêque de Porto Alegre (Brésil), président du CELAM et de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB); Filipe Neri Ferrão, archevêque de Goa et Damão (Inde), président de la Fabc; Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa (République démocratique du Congo) et président du Sceam.

Le document s'inspire de Laudato si' du Pape François et de l'appel du Pape Léon XIV à s'attaquer aux «blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de la différence et un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres». Le document, que les intervenants ont remis au Souverain pontife avant leur rencontre avec la presse, illustre les engagements que l'Église pourra mettre en ?uvre: la défense des plus faibles dans les décisions sur le climat et la nature; la promotion de systèmes fondés sur la solidarité, la «sobriété heureuse» et les principes de la sagesse ancestrale; le renforcement d'une alliance intercontinentale entre les pays du Sud; mais aussi la création d'un «Observatoire de la justice climatique» spécial pour suivre les résultats des COP. Il est également important de souligner l'accent mis sur la question de l'éducation, décisive pour contrer «la position ouvertement négationniste et apathique adoptée par les segments super-riches de la société, les soi-disant élites du pouvoir», souligne le document, qui fait également écho à l'exhortation apostolique Laudate Deum (n° 38) du Pape François. Mais le rapport s'adresse également à tous les acteurs mondiaux avec des demandes spécifiques: «Respecter les accords de Paris», en plaçant «le bien commun au-dessus du profit»; transformer le système économique dans une direction plus durable pour la planète; «promouvoir les droits de l'homme».

Emilce Cuda: des ponts pour éviter la noyade

Les Églises particulières du Sud ont l'intention de «construire des ponts entre elles en tant qu'expression de la catholicité» et des ponts avec ceux qui ne font pas partie de l'Église, car «nous cherchons à atteindre les c?urs des croyants et des non-croyants», a déclaré Emilce Cuda. Le document est donc une «expression concrète de la capacité à surmonter les divisions et les idéologies», car «soit nous nous unissons, soit nous nous noyons».

Le cardinal Spengler dit non au capitalisme vert

En écho à ces propos, le cardinal Spengler appelle à avoir le courage de prendre des décisions, «sans quoi nous mettons en danger l'avenir des générations futures». Pour lui, le message est clair. «Il n'y a pas de justice climatique sans conversion écologique, et il n'y a pas de conversion sans résistance aux fausses solutions», et de mentionner la financiarisation et la marchandisation de la nature, le capitalisme dit «vert», les monocultures minières et énergétiques, qui sacrifient les communautés et les écosystèmes. «Des intérêts économiques se cachent derrière ces fausses solutions: est-il encore possible que la question du climat soit l'affaire de quelques-uns? La conversion a un prix à payer».

La dette écologique des pays riches

L'inspiration peut venir d'une transition juste et communautaire, avec les jeunes et les femmes au centre. Mais pour cela, outre la défense de la souveraineté des peuples indigènes et des communautés traditionnelles sur les territoires, l'élimination des énergies fossiles (le plafond de 1,5°C d'augmentation de la température a déjà été dépassé dans la période 2015-2024), la promotion des mécanismes de solidarité et le respect des cultures locales, un changement de paradigme économique s'impose. «Les pays riches doivent reconnaître et assumer leur dette sociale et écologique en tant que principaux responsables de l'extraction des ressources naturelles et des émissions des gaz à effet de serre, s'engager à mettre en place un financement climatique abordable et efficace qui ne génère plus de dette, travailler à une alliance avec les pays du Sud pour l'éthique et la justice, créer des mécanismes de gouvernance climatique avec la participation active des communautés, mettre en place des politiques de réduction de la demande et de la consommation, de décroissance et de réduction des émissions de gaz à effet de serre». Il propose également d¡¯activer des politiques de réduction de la demande et de la consommation, des objectifs de décroissance et de transition vers des modèles économiques plus circulaires, solidaires et réparateurs.

Le cardinal Ambongo juge l'Afrique appauvrie par des siècles d'exploitation

En ce sens, «l'Afrique est un exemple significatif», a souligné le cardinal Fridolin Ambongo Besungu. «C'est une terre riche, appauvrie par des siècles d'extractivisme et d'exploitation» et aujourd'hui, «le continent qui pollue le moins paie le coût de la pollution mondiale. Il est donc contradictoire d'utiliser les bénéfices de l'extraction pétrolière pour financer la transition».

Enfin le cardinal Neri Ferrão estime fondamental de mettre en place des mécanismes de compensation, encore insuffisants, et que les pays développés «assument leur dette écologique, qui atteindra 192 000 milliards de dollars en 2050».

La COP30 au Brésil représente donc un appel historique et tombe à un moment décisif pour l'humanité également affligée par la guerre: «Nous voulons qu'elle ne soit pas un événement de plus, mais un tournant moral», concluent les intervenants du document.

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01 juillet 2025, 19:18