Le cardinal Parolin déplore une situation intenable à Gaza
Vatican News
«C’est une guerre sans limites»: tel est le jugement porté sur ce qui se passe à Gaza par le cardinal Pietro Parolin. Le Secrétaire d'État du Saint-Siège a été interrogé par téléphone hier soir, vendredi 18 juillet, par Tg2 Post, une émission de la chaîne de télévision italienne Rai 2. Au cours de cet entretien, il a évoqué des «limites dépassées» et une «évolution dramatique», appelant à faire toute la lumière sur ce qui s'est passé jeudi 17 juillet lors de l'attaque militaire israélienne contre l'église catholique de la Sainte-Famille à Gaza, qui a fait trois morts et dix blessés, dont le curé de la paroisse, le père Gabriel Romanelli.
En ce qui concerne les nombreuses guerres en cours, le cardinal a tenu à préciser que le Saint-Siège reste toujours ouvert à la médiation, mais «la médiation», a-t-il lancé, «n'a lieu que lorsque les deux parties l'acceptent». Il est ensuite revenu sur la conversation téléphonique qui a eu lieu vendredi 18 juillet entre le Pape et le Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Que pensez-vous de l'appel téléphonique de Netanyahou au Pape?
Je pense que c'était opportun, on ne pouvait pas ne pas expliquer au Pape, ne pas l'informer directement de ce qui s'est passé, qui est d'une gravité absolue. Je trouve donc positif cet appel téléphonique, je trouve positive la volonté du Premier ministre israélien de parler directement au Pape Léon XIV. Maintenant, à mon avis, il y a trois choses à attendre de cet appel téléphonique au Pape: tout d'abord, que les résultats réels de l'enquête qui a été promise soient vraiment connus. Parce que la première interprétation qui a été donnée, c'est qu'il y avait eu une erreur, mais on nous a assuré qu'il y aurait une enquête sur le sujet. Donc, on souhaite que cette enquête soit vraiment menée avec tout le sérieux nécessaire, et que les résultats soient connus, rendus publics. Et puis, après tant de paroles: passer enfin aux actes. J'espère sincèrement que ce qu'a dit le Premier ministre se concrétisera le plus rapidement possible, car la situation à Gaza est vraiment intenable.
Nous avons l'impression d'être confrontés à une guerre sans limites...
Il s'agit certainement d'une guerre sans limites d'après ce que nous avons pu voir: comment peut-on détruire et affamer une population comme celle de Gaza? De nombreuses limites avaient déjà été dépassées. D'autre part, nous l'avons dit dès le début en tant que diplomatie du Saint-Siège: la fameuse question de la proportionnalité. Quant à ce dernier épisode, s'il va dans le sens de ce que vous venez de décrire, c'est un tournant dramatique. Mais, j'en reviens à dire, laissons-leur le temps nécessaire pour qu'ils nous disent effectivement ce qui s'est passé. S'il s'agit vraiment d'une erreur, ce dont on peut légitimement douter, ou s'il y a eu une volonté d’attaquer directement une église chrétienne, sachant combien les chrétiens sont un élément de modération dans le cadre du Proche-Orient, et aussi dans les relations entre Palestiniens et Israéliens. Il y aurait donc à nouveau une volonté de supprimer tout élément susceptible de contribuer au moins à une trêve et ensuite à la paix.
Tant de fronts de guerre sont ouverts: que peut faire de plus le Saint-Siège en termes de médiation diplomatique?
Nous restons ouverts, nous proposons, cela a déjà été fait à plusieurs reprises. Au-delà, il me semble vraiment difficile d'aller plus loin, notamment parce que si l'on utilise le mot «médiation» dans un sens technique, la médiation n'existe que lorsque les deux parties l'acceptent: il doit y avoir une volonté de la part de chacune des deux parties en conflit, des deux pays ou des deux populations en conflit d'accepter cette médiation du Saint-Siège. Nous continuerons à insister comme nous l'avons toujours fait sans perdre espoir, mais techniquement c'est très difficile. D'autre part, combien de médiations en dehors du Vatican n'ont pas fonctionné jusqu'à présent. Il faut une volonté politique pour mettre fin à la guerre, sachant que les coûts d'une guerre sont terribles pour tout le monde, dans tous les sens du terme.
Ne percevez-vous pas cette volonté?
Malheureusement... je ne veux pas être trop négatif... j'espère. Vous m'avez cité les propos de Netanyahou selon lesquels la trêve serait proche: j'aimerais y croire.
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