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Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

«Je crois qu'on a besoin de maîtres», assure le frère dominicain Augustin Laffay, initiateur de l’exposition présentée jusqu’au 20 septembre dans les musées du Vatican. Envoyé par sa congrégation comme archiviste depuis 2020, le religieux français a voulu rendre hommage à l’un de ses maîtres, Jacques Maritain.

À l’occasion des 80 ans de la nomination du philosophe comme ambassadeur de France près le Saint-Siège, le frère Laffay a obtenu le soutien des musées du Vatican, de l’ambassade de France et de plusieurs institutions pour organiser une exposition exceptionnelle au Vatican.

Paul VI et Jacques Maritain en 1965, à la fin du Concile Vatican II.

Croiser les intérêts artistiques de Paul VI et Jacques Maritain

«Je vois en Maritain quelqu’un qui aide à penser ma situation de chrétien dans le XXᵉ siècle», poursuit l’archiviste des dominicains à Rome. Et de rappeler la célèbre phrase de saint Paul VI lors d’une : «L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. […]. Dans un tel contexte, on comprend l’importance d’une vie qui résonne vraiment de l’Evangile!»

Paul VI a entretenu en effet une véritable amitié avec Maritain, de quinze ans son aîné. Les deux hommes se sont rencontrés dès 1924 à Paris. «Il a été marqué par ses écrits puisque Paul VI a été le premier traducteur italien de Maritain», illustre le frère Laffay. Le saint Pape aurait ainsi trouvé dans le philosphe français un de ses maîtres, «mais un maître qui aide à grandir, pas quelqu'un qui emprisonne dans ses griffes et qui oblige à penser comme lui».

Après plusieurs conférences sur la profonde et riche pensée de Jacques Maritain ces dernières années, «l'idée est venue de cette exposition croisant les intérêts artistiques de Maritain et de Paul VI, la manière dont ils se sont nourris, fortifiés l'un l'autre».

Å’uvres présentés dans l'exposition.

«Aimer la vérité»

Entre les salles Raphaël et la chapelle Sixtine, plus de soixante-dix Å“uvres, dont des peintures, des dessins, des documents et des livres, provenant des collections du Vatican et d'importants prêts internationaux sont présentés au public. Le visiteur pourra y contempler des Å“uvres d'artistes tels que Georges Rouault, Marc Chagall, Gino Severini, Jean Cocteau, William Congdon ou encore Henri Matisse.

Ami avec de nombreux artistes, Jacques Maritain les encourageait ainsi: «Soyez chrétiens, n'essayez pas de faire chrétien». Comment? «En aimant la vérité au-delà de tout, en sachant que la vérité, pour un chrétien, c'est le Christ», résume le frère Laffay.

Entrée de l'exposition.

50 ans du musée d’art contemporain

Les Å“uvres d’art exposées, choisies parmi celles appréciées par Jacques Maritain, suivent la ligne fixée par le philosophe. «Le beau étant la splendeur du vrai, une espèce de jaillissement à partir de la vérité, il en résultera des Å“uvres d'art magnifiques et qui toucheront au cÅ“ur», conclut l’initiateur de l’exposition.

L’exposition est hébergée dans la section de l’art contemporain des musées. C’est d’ailleurs l’année de la mort de Jacques Maritain que le Pape Paul VI inaugurera cette partie du musée en 1973, comme un hommage à une amitié de près de 50 ans.