MAP

À Damas, veillée de prière ce lundi soir à l'église Saint-Élie, touchée par un attentat suicide dimanche 22 juin 2025. À Damas, veillée de prière ce lundi soir à l'église Saint-Élie, touchée par un attentat suicide dimanche 22 juin 2025.  (ANSA)

Le cardinal Gugerotti craint un nouvel exode après l'attentat à Damas

Le préfet du dicastère pour les Églises orientales, le cardinal Claudio Gugerotti, exprime la proximité de l'Église catholique avec les fidèles grecs orthodoxes touchés par l'attentat commis à l'église de Mar Elias. Dimanche, «tous les chrétiens de Syrie et même de la région ont été touchés». Il juge la situation des chrétiens au Moyen-Orient insensée, et interpelle les chancelleries occidentales.

Stefano Leszczynski - Cité du Vatican

Les images en provenance de Damas dans les instants qui ont suivi l'attentat qui a fait au moins 25 morts et 63 blessés sont dramatiques et replongent la Syrie dans un contexte de guerre que beaucoup dans le pays espéraient dépassé. Un attentat, non encore revendiqué, destiné à frapper au cœur et de manière symbolique la communauté chrétienne de Syrie à un moment de tension historique qui oppose à nouveau l'Orient à l'Occident.

Un attentat contre la présence chrétienne


«Ce qui s'est passé est horrible, mais comment pouvons-nous être surpris que, dans un contexte international comme celui que nous connaissons actuellement, de telles tragédies se produisent ?», a déclaré le cardinal Claudio Gugerotti aux médias du Vatican. Le préfet du dicastère pour les Églises orientales redoute l’avenir selon lui incertain. «Malheureusement, je crains que nous ne puissions même pas imaginer ce qui pourrait se passer les jours prochains. Nous savons encore peu de choses, mais la seule chose sûre est qu'un tel massacre de chrétiens signifie un décuplement de l'exode des chrétiens des pays du Proche-Orient», déplore-t-il.

Que l’attentat ait été commis dans une église grecque-orthodoxe tient selon lui au fait qu’il s’agit d’une communauté particulièrement présente en Syrie et notamment dans ce quartier de la capitale, mais dimanche «tous les chrétiens de Syrie et même de la région ont été touchés».

Ceux qui restent sont des héros

Le préfet estime que dans tout le Proche-Orient, «la situation des chrétiens est insensée», n’hésitant pas à qualifier de héros ceux qui persévèrent et restent dans leur pays. «Ils le font parce qu'ils espèrent encore qu'il peut y avoir une compréhension, que le “modèle libanais” peut encore être exporté», souligne-t-il, avant d’interpeler les gouvernants occidentaux. «Ils doivent commencer à comprendre qu'il ne s'agit pas ici d'un problème de foi chrétienne en tant que dogme, déclare-t-il, mais de tout ce qu'implique l'appartenance à la sphère de l'Occident, qu'elle soit pratiquante ou totalement athée, elle reste majoritairement de tradition chrétienne. Ainsi, ce qui se passe dans un lieu circonscrit, certains aimeraient en fait pouvoir le déclencher à une échelle mondiale. Cela ressemble à une répétition générale de guerre mondiale avec des composantes de guerre de religion».

La proximité de l'Église avec les chrétiens de Syrie

Le préfet du dicastère pour les Églises orientales dit combien cet attentat est vécu au Vatican, pour l’Église, comme un «deuil familial». Les chrétiens de Syrie et du Proche-Orient font vraiment partie de notre famille, assure-t-il. «Ils se nourrissent du même Corps et du même Sang du Seigneur, ils croient en Dieu incarné, crucifié et ressuscité, et ils sont donc notre chair». Et c'est précisément pour cette raison que le cardinal Gugerotti reste dans l’espérance: «Dieu n'abandonnera pas son peuple, comme il ne l'a jamais fait dans la guerre, comme il ne l'a jamais fait dans l'histoire, il y a toujours eu une résurrection et cette fois encore, nous ne savons pas à quel prix, la résurrection sera au rendez-vous».

«Face à ce qui s'est passé, exprimer sa proximité est insuffisant», conclut le cardinal Gugerotti. «Aujourd'hui, nous disons que nous sommes avec vous. Dans cette église de Damas, ils nous ont tués nous aussi. Ici, il n'y a plus le luxe de pouvoir se distinguer. Nous sommes tous des victimes».

 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

24 juin 2025, 13:03