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Ouverture de la rencontre de Rimini avec des mots de paix d'une mère israélienne et d'une mère palestinienne, le 22 août 2025. Ouverture de la rencontre de Rimini avec des mots de paix d'une mère israélienne et d'une mère palestinienne, le 22 août 2025.  (ANSA) ɻ徱³Ù´Ç°ù¾±²¹±ô

Léon XIV et le témoignage des martyrs d'´¡±ô²µÃ©°ù¾±±ð

Les paroles du Pape à l'occasion de la rencontre annuelle de Rimini indiquent quelle est la véritable voie de la mission.

Andrea Tornielli*

Dans le message envoyé aux participants à la rencontre annuelle pour l'amitié entre les peuples qui se déroule actuellement à Rimini, ville située sur la côte adriatique de la région italienne d'Émilie-Romagne, Léon XIV a cité l'exposition consacrée aux martyrs d'Algérie, dans laquelle «resplendit la vocation de l'Église à habiter le désert en profonde communion avec l'humanité tout entière, en surmontant les murs de méfiance qui opposent les religions et les cultures, dans l'imitation intégrale du mouvement d'incarnation et de don du Fils de Dieu». Le Pape a souligné que «cette voie de présence et de simplicité » est «le véritable chemin de la mission». Une indication précieuse et particulièrement significative, non seulement pour le peuple rassemblé à Rimini, mais pour toute l'Église. En effet, la mission, comme on peut encore le lire dans le message, n'est jamais «une auto-exhibition, dans l'opposition des identités, mais le don de soi jusqu'au martyre de ceux qui adorent jour et nuit, dans la joie et parmi les tribulations, Jésus seul comme Seigneur».

En suivant le parcours de l'exposition sur les martyrs d'Algérie, il est émouvant de voir comment ils se sont dépensés pour ce peuple, en partageant simplement leur vie dans tous ses aspects, en offrant un témoignage de fraternité, d'amitié, de proximité et d'aide concrète. Sans protagonisme, sans se soucier des chiffres, sans se fier à des stratégies élaborées autour d'une table. C'est ce qui ressort d'une homélie de l'évêque martyr Pierre Claverie qui, en 1996, peu avant d'être tué par des fondamentalistes islamiques, répondant à la question de savoir pourquoi il continuait à vivre en Algérie alors qu'il risquait sa vie chaque jour, avait déclaré: «Où est notre maison? Nous sommes là à cause de ce Messie crucifié. Pour aucune autre raison, pour aucune autre personne! Nous n'avons aucun intérêt à défendre, aucune influence à maintenir... Nous n'avons aucun pouvoir, mais nous sommes là comme au chevet d'un ami, d'un frère malade, en silence, lui serrant la main, lui essuyant le front. À cause de Jésus, car c'est lui qui souffre, dans cette violence qui n'épargne personne, crucifié à nouveau dans la chair de milliers d'innocents».

Et il poursuivait: «Où devrait être l'Église de Jésus, qui est elle-même le Corps du Christ? Je crois qu'elle meurt précisément parce qu'elle n'est pas assez proche de la croix de Jésus... L'Église se trompe et trompe le monde lorsqu'elle se présente comme une puissance parmi d'autres, comme une organisation, même humanitaire, ou comme un mouvement évangélique spectaculaire. Elle peut briller, mais elle ne brûle pas du feu de l'amour de Dieu».

Un jugement lucide et dramatique: l'Église meurt lorsqu'elle n'est pas assez proche de la Croix de Jésus, lorsqu'elle se mondanise en se transformant en ONG, lorsqu'elle poursuit le pouvoir politique et économique, lorsqu'elle se fie aux chiffres, lorsqu'elle pense que pour évangéliser, il suffit de répéter le nom de Jésus-Christ à chaque occasion, au lieu d'accepter le défi de le suivre dans la réalité de la vie, dans la radicalité des choix et dans l'engagement en faveur des plus démunis. L'Église meurt lorsqu'elle transforme l'annonce de la foi en spectacle, lorsqu'elle pense pouvoir briller de sa propre lumière, oubliant qu'elle ne peut que refléter la lumière d'un Autre.

Le témoignage des martyrs d'Algérie, si éloigné du protagonisme égocentrique d'aujourd'hui, représente une provocation et un rappel à l'essence même de l'Évangile, signe de contradiction. Il est significatif qu'à la fin de son message pour la rencontre de Rimini, Léon XIV ait voulu rappeler le Pape François et son enseignement: «L'option pour les pauvres est une catégorie théologique avant d'être culturelle, sociologique, politique ou philosophique». Car Dieu «a choisi les humbles, les petits, les faibles et, du sein de la Vierge Marie, il s'est fait l'un d'entre eux, pour écrire son histoire dans notre histoire. Le réalisme authentique est donc celui qui inclut ceux qui ont un autre point de vue, qui voient des aspects de la réalité qui ne sont pas reconnus par les centres de pouvoir où sont prises les décisions les plus déterminantes». Comme en ont témoigné, jusqu'à la fin, en mêlant leur sang chrétien à celui des nombreux musulmans victimes du fondamentalisme, les martyrs d'Algérie.

*Directeur éditorial des médias du Saint-Siège

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23 août 2025, 10:52