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Audience générale: «Le mal est réel mais n'a pas le dernier mot»

«La foi ne nous épargne pas la possibilité du péché, mais nous offre toujours une issue: celle de la éǰ», a déclaré le Pape lors de sa catéchèse prononcée au cours de l’audience générale de ce mercredi 13 août. Le salut, a souligné le Saint-Père, commence par la conscience que «nous pourrions être de ceux qui trahissent la confiance en Dieu», mais aussi «de ceux qui la recueillent, la protègent et la renouvellent».

Augustine Asta – Cité du Vatican

Devant les fidèles rassemblés en salle Paul VI, en raison des températures élevées, le Pape Léon XIV a poursuivi ce mercredi 12 août, son cycle de réflexion «sur les traces de Jésus dans les derniers jours de sa vie», s’arrêtant cette fois-ci sur une «scène intime, dramatique et pourtant profondément vraie», celle de «la cène pascale», où Jésus révèle que l'un des Douze est sur le point de le trahir: «Amen, je vous le dis: l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer» (Mc 14, 18).

«L'amour, lorsqu'il est vrai, ne peut ignorer la vérité»

Le Souverain pontife a ensuite expliqué que, ces «paroles fortes», Jésus ne les prononce pas «pour condamner», mais pour «montrer que l'amour, lorsqu'il est vrai, ne peut ignorer la vérité». Indiquant ensuite que dans «la pièce à l'étage, où tout avait été soigneusement préparé quelques instants auparavant, s'emplit soudain d'une douleur silencieuse, faite de questions, de soupçons et de vulnérabilité». Une douleur a-t-il souligné «que nous connaissons bien aussi», lorsque «l'ombre de la trahison s'insinue dans les relations les plus chères».

Pourtant, a fait remarquer le Saint-Père, «la manière dont Jésus parle de ce qui est sur le point d’arriver est surprenante». Car a-t-il détaillé «il n'élève pas la voix, ne pointe pas du doigt, ne prononce pas le nom de Judas». Il parle plutôt, a noté le Pape, «de telle manière que chacun peut s'interroger»: «Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient: “ Serait-ce moi? ”» (Mc 14,19).

La prise de conscience et le chemin du salut

Pour le Successeur de Pierre, cette question: – «Serait-ce moi ?» – est «peut-être l’une des plus sincères que nous puissions nous poser». En effet, a-t-il noté, il ne s'agit pas d'une interrogation de «l'innocent», mais celle du disciple qui se découvre fragile. Et cela n’est donc «pas le cri du coupable, mais le murmure de celui qui, tout en voulant aimer, sait qu’il peut blesser», a déclaré Léon XIV, qui a par ailleurs fait savoir que, c’est «dans cette prise de conscience que commence le chemin du salut». Insistant en revanche sur le fait que «Jésus ne dénonce pas pour humilier. Il dit la vérité parce qu'il veut sauver».

“Pour être sauvé, il faut comprendre: comprendre qu’on est impliqué, comprendre qu’on est aimé malgré tout, comprendre que le mal est réel mais n'a pas le dernier mot. Seul celui qui a connu la vérité d'un amour profond peut aussi accepter la blessure de la trahison”

L'Évangile, a mis en garde le Pape «ne nous apprend pas à nier le mal, mais à le reconnaître comme une opportunité douloureuse pour renaître». Léon XIV a également affirmé que lorsque Jésus dit: «Malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là !» (Mc 14,21), ces «paroles  sont dures, certes,» mais traduisent en réalité un «cri de douleur» une «exclamation de compassion sincère et profonde» et non une «malédiction», a clarifié l’évêque de Rome. Puisque, a-t-il ajouté «nous sommes habitués à juger». Pourtant «Dieu, lui, accepte la souffrance». Et lorsqu'il «voit le mal, il ne se venge pas, mais s'afflige».

Léon XIV a également soutenu que «si nous renions l'amour qui nous a créés, si, en le trahissant, nous devenons infidèles à nous-mêmes, alors nous perdons véritablement le sens de notre venue au monde et nous nous excluons du salut». Il faut donc, a-t-il recommandé, reconnaitre «nos limites»,«nous laisser toucher par la douleur du Christ», ainsi il sera possible enfin de «naître de nouveau».

“La foi ne nous épargne pas la possibilité du péché, mais nous offre toujours une issue: celle de la miséricorde”

«La force silencieuse de Dieu»

Poursuivant, le Successeur de Pierre a rappelé que face à «notre fragilité Jésus ne se scandalise pas», soutenant dans la foulée le fait que même si le Christ «sait bien qu'aucune amitié n'est à l'abri du risque de trahison, il continue à se fier» et à «s'asseoir à table avec les siens». Et surtout, a-t-il dit «il ne renonce pas à rompre le pain, même avec celui qui le trahira». Ce qui traduit selon le Pape «la force silencieuse de Dieu: il n'abandonne jamais la table de l'amour, pas même lorsqu'il sait qu'il sera laissé seul». Puis ’adzܳٱ: «Nous aussi nous pouvons nous demander aujourd'hui, sincèrement: "Serait-ce moi?"», non pas pour nous sentir accusés, mais pour ouvrir un espace à la vérité dans nos cœurs», a-t-il exhorté. Le salut, a affirmé le Souverain pontife, commence par la conscience que «nous pourrions être de ceux qui trahissent la confiance en Dieu, mais aussi de ceux qui la recueillent, la protègent et la renouvellent».

L'espérance c’est savoir que, «même si nous échouons, Dieu ne nous laisse jamais. Même si nous pouvons trahir, il ne cesse jamais de nous aimer». Et si «nous nous laissons toucher par cet amour – humbles, blessés, mais toujours fidèles – alors nous pouvons véritablement renaître». Et surtout «commencer à vivre non plus comme des traîtres, mais comme des enfants aimés pour toujours», a conclu Léon XIV.


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13 août 2025, 10:07