Léon XIV: la mission exige de tous une formation solide et intégrale
Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican
Il s'agit certes de deux occasions différentes, comme l’a rappelé le Souverain pontife lui-même, d'un cours destiné aux formateurs des séminaires pour les uns et du chapitre général des xavériens pour les autres. Pourtant, il a été possible pour Léon XIV de trouver «un fil conducteur qui les unit», puisque, disait-il, prêtre ou laïc, «nous sommes appelés à entrer dans le dynamisme de la mission et à relever les défis de l'évangélisation». Il s’agit avant tout, a fait entendre le Pape de «transformer notre humanité et notre spiritualité pour qu'elles prennent la forme de l'Évangile et qu'il y ait en nous ‘‘les mêmes sentiments que ceux qui étaient dans le Christ Jésus’’». Aussi le Saint-Père leur a offert quelques pistes de réflexion sur «la joie de l’Évangile» qui doit caractériser le chrétiens, les disciples, les missionnaires.
Trois conseils pour donner à la vie chrétienne des bases solides
Pour que ce souhait ne reste pas un slogan, affirme le Pape, «la formation est essentielle», soulignant qu’«il est nécessaire que la ‘‘maison’’ de notre vie et de notre chemin, qu'il soit presbytéral ou laïc, soit fondée sur le ‘‘roc’’ (cf. Mt 7, 24-25), c'est-à-dire sur des bases solides pour affronter les tempêtes humaines et spirituelles dont même la vie du chrétien, du prêtre et du missionnaire n'est pas exempte». Pour y parvenir, le Souverain pontife a proposé aux deux assemblées réunies «trois petits conseils»: cultiver l’amitié avec Jésus, vivre une fraternité effective et affective et partager la mission avec tous les baptisés.
Cultiver l'amitié avec Jésus
Le Pape a rappelé que l’amitié avec le Christ est «le fondement du foyer, qui doit être placé au centre de toute vocation et de toute mission apostolique», évoquant la nécessité pour chaque chrétien et missionnaire de «vivre personnellement l'expérience de l'intimité avec le Maître, d'être regardé, aimé et choisi par Lui sans mérite et par pure grâce». «C'est avant tout cette expérience qui est la nôtre que nous transmettons ensuite dans le ministère», a expliqué le Saint-Père, insistant sur le fait que «lorsque nous formons d'autres personnes à la vie sacerdotale et lorsque, dans notre vocation spécifique, nous annonçons l'Évangile en terre de mission, nous transmettons d'abord notre expérience personnelle de l'amitié avec le Christ, qui transpire de notre manière d'être, de notre style, de notre humanité, et de la façon dont nous sommes capables de vivre de bonnes relations».
L'évangélisation, plus qu'une simple transmission doctrinale et morale
Pour soutenir ce propos, Léon XIV a rappelé la cathéchèse de son prédécesseur, le Pape François, lors de l’audience générale du 22 mars 2023. François qui, rappelant l'exhortation apostolique du saint Pape Paul VI , avait déclaré que «l'évangélisation est plus qu'une simple transmission doctrinale et morale». «Elle est avant tout un témoignage [...] de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ, le Verbe incarné en qui s'est accompli le salut [...]. Ce n'est pas transmettre une idéologie ou une ‘‘doctrine’’ sur Dieu, non. C'est transmettre Dieu qui devient vie en moi», disait le défunt Pape.
L’engagement à un chemin continu de conversion
À la réflexion du Pape argentin, Léon XIV a adjoint la nécessité d’«un chemin continu de conversion», rappelant aux uns que «les formateurs et leurs responsables ne doivent pas oublier qu'ils sont eux-mêmes sur un chemin de conversion évangélique permanent» et aux autres que «les missionnaires (…) ne doivent pas oublier qu'ils sont toujours les premiers destinataires de l'Évangile, les premiers à être évangélisés». Pour ce faire, a signifié le Pape, il est un impératif que soit entrepris «un travail constant sur soi-même, l'engagement à descendre dans son propre cÅ“ur et à regarder même les zones d'ombre et les blessures qui nous marquent, le courage de laisser tomber nos masques, en cultivant l'amitié intime avec le Christ». De cette manière, a induit le Saint-Père, «nous nous laisserons transformer par la vie de l'Évangile et nous pourrons devenir d'authentiques disciples missionnaires».
Vivre une fraternité effective et affective entre nous
Revenant à la réflexion de François, Léon XIV a souligné les quatre proximités nécessaires selon son approche de «la vie sacerdotale et des crises à prévenir»: «avec Dieu, avec l'évêque, entre les prêtres et avec le peuple», comme on peut le lire dans . Selon les explications du Saint-Père, ces piliers de la vie sacerdotale indiquent qu’«il est nécessaire d'apprendre à vivre en frères entre les prêtres, ainsi que dans les communautés religieuses et avec ses propres évêques et supérieurs». Pour cela, a-t-il affirmé, «il faut travailler dur sur soi-même pour dépasser l'individualisme et la soif de dépasser les autres, qui nous fait devenir des concurrents, afin d'apprendre progressivement à construire des relations humaines et spirituelles bonnes et fraternelles». Malheureusement, a constaté le Souverain pontife, «sur le principe, je pense que tout le monde est d'accord, mais dans la réalité, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir».
Le partage de la mission avec tous les baptisés
Faisant un saut dans l’histoire de la chrétienneté, le Pape a mis en évidence le caractère universel de la mission, rappelant que «dans les premiers siècles de l'Église, il était naturel que tous les fidèles se sentent disciples missionnaires et qu'ils s'engagent personnellement comme évangélisateurs». Dans ce contexte, «le ministère ordonné était au service de cette mission partagée par tous», a mis en relief le Saint-Père, soulignant qu’«aujourd'hui, nous sentons fortement que nous devons revenir à cette participation de tous les baptisés au témoignage et à l'annonce de l'Évangile». Aussi, s'il a dit être convaincu que les xavériens ont «touché de vos propres mains combien il est important de travailler ensemble avec les sÅ“urs et les frères de ces communautés chrétiennes» dans les pays où ils accomplissent leur mission, il a en même temps insisté auprès des formateurs sur la «nécessaire de former les prêtres à cette mission, de ne pas se considérer comme des leaders solitaires, de ne pas assumer le sacerdoce ordonné dans une perspective de supériorité».
Reconnaître en chacun la grâce du baptême et les charismes qui en découlent
Léon XIV juge essentiel pour les prêtres d’entretenir des rapports horizontaux dans leur approche pastorale. Il a ainsi souligné l’urgence pour les ecclésiastique de savoir «discerner et reconnaître en chacun la grâce du baptême et les charismes qui en découlent». «Nous avons besoin de prêtres capables de discerner et de reconnaître en chacun la grâce du baptême et les charismes qui en découlent, voire d'aider les personnes à s'ouvrir à ces dons, à trouver le courage et l'enthousiasme de s'engager dans la vie de l'Église et de la société», a déclaré le Pape. Pour matérialiser cette exigence, le Saint-Père a demandé que la préparation des futurs prêtres soit «toujours plus immergée dans la réalité du Peuple de Dieu et réalisée avec la contribution de toutes ses composantes: prêtres, laïcs, consacrés et consacrées».
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