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Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

«Soutenir les Églises Orientales n’est pas d’abord un travail, mais une mission exercée au nom de l’Évangile». Ce jeudi 26 juin, le Pape Léon XIV a accueilli les membres de la ROACO (Réunion des ?uvres d'Aide aux Églises Orientales) à l’issue de leur Assemblée plénière, dans la salle Clémentine du Palais apostolique.

«La bouteille d’oxygène des Églises Orientales»

L’évêque de Rome a encouragé les agences et ?uvres de divers pays du monde qui soutiennent financièrement les Églises orientales a exercé cette mission comme «une annonce de joie». «Avec vos bienfaiteurs, vous semez l’espérance sur les terres de l’Orient chrétien, a remercié le Saint-Père, enveloppé d’une chape de haine qui rend l’air irrespirable et toxique».

Selon Léon XIV, les organismes américains et européens réunis dans la ROACO sont «la bouteille d’oxygène des Églises Orientales, épuisées par les conflits» et «une lumière qui brille dans les ténèbres de la haine» pour les populations «pauvres en moyens mais riches de foi».

Démasquer les causes fallacieuses des conflits

Il est revenu sur l’histoire violente qu’ont connu les Églises catholiques orientales, mentionnant les oppressions «y compris au sein même de la communauté catholique, incapable de reconnaître et d’apprécier la valeur des traditions différentes de la tradition occidentale».

Mais depuis quelques années, la violence semble s’abattre «avec une véhémence diabolique jamais vue auparavant», a reconnu le Souverain pontife, pensant avec douleur à l’Ukraine, à Gaza, et au Proche-Orient «dévasté par la propagation de la guerre».

Face à cette violence, le Pape demande à chacun d’évaluer les causes des conflits, à surmonter celles qui sont réelles mais surtout à «rejeter celles qui sont fallacieuses, fruit de simulations émotionnelles et de rhétorique, en les démasquant avec détermination». «Les gens ne peuvent pas mourir à cause de fake news», a-t-il insisté.

«Le prétendu droit de contraindre les autres par la force»

Le Souverain pontife a ensuite déploré que s’impose souvent aujourd’hui «la loi du plus fort, qui légitime les intérêts personnels». Face à l’absence de force contraignante du droit international et du droit humanitaire, Léon XIV a fustigé «le prétendu droit de contraindre les autres par la force»: «cela est indigne de l’homme, honteux pour l’humanité et pour les responsables des nations».  

Alors que les sommes investies dans l’armement explosent, comme en témoigne le sommet de l’OTAN qui a validé une hausse substantielle des dépenses de défense pour les pays européens, le Saint-Père a tonné contre «les sommes d’argent allant dans les poches des marchands de mort», engendrant la destruction d’écoles et d’hôpitaux au lieu d’en construire.

Audience du Pape avec la ROACO.   (@Vatican Media)

Rester fidèles à Jésus

La question que pose alors le Saint-Père est de savoir, «en tant que chrétiens», devenir des «artisans de paix et favoriser le dialogue». Sa réponse est simple: «avant tout prier sincèrement», et ensuite aider concrètement, comme le fait la ROACO.

Mais il existe un autre moyen, a poursuivi le Pape, celui du témoignage : «l’appel à rester fidèles à Jésus, sans se faire prendre dans les tentacules du pouvoir». Pour lui, imiter le Christ c’est éviter deux écueils, symbolisés dans la Bible par les personnages d’Hérode et de Pilate. Le premier, roi de Judée lors de la naissance de Jésus «par crainte d’être détrôné, avait tué des enfants qui aujourd’hui ne cessent d’être déchiquetés par les bombes». Le second, préfet de Judée lors de la mort du Christ «s’est lavé les mains, comme nous risquons de le faire quotidiennement jusqu’au seuil de l’irréparable».

Le Saint-Père a adressé ensuite un merci tout particulier aux chrétiens orientaux «qui répondent au mal par le bien», notamment en restant sur leurs terres, «comme disciples et témoins du Christ».

Un peuple de Dieu qui tourne son regard vers le Ciel

Par leur travail auprès des chrétiens d’Orient, les membres actifs et les bienfaiteurs de la ROACO voient «fleurir les germes de l’Évangile dans le désert», malgré les nombreuses difficultés causées par la guerre et le terrorisme, comme le récent attentat dans l’église Saint-Élie à Damas en Syrie. L’évêque de Rome a poursuivi en évoquant le peuple des chrétiens d’Orient, «qui persévère en tournant son regard vers le Ciel, en priant Dieu et en aimant son prochain».  

Il a aussi mentionné «la grâce et la beauté des traditions orientales, des liturgies qui laissent Dieu habiter le temps et l’espace, des chants séculaires imprégnés de louange, de gloire et de mystère» ainsi que les nombreuses figures qui «viennent s’ajouter aux grandes foules de martyrs et de saints de l’Orient chrétien».

«Dans la nuit des conflits, vous êtes témoins de la lumière de l’Orient», a-t-il résumé.

Le Pape bénissant les participants à l'audience.   (@Vatican Media)

«L’Orient chrétien ne peut être préservé que s’il est aimé»

En conclusion, Léon XIV a lancé un vibrant appel en faveur d’une meilleure connaissance de cette «lumière de l’Orient» au sein de l’Église catholique. «Il existe encore beaucoup d’ignorance à ce sujet» a déploré le Saint-Père. «La foi risque de s’asphyxier» puisque le v?u de saint Jean-Paul II n’a pas été réalisé. Le Pape polonais : «L’Église doit réapprendre à respirer avec ses deux poumons, celui de l’Orient et celui de l’Occident».

«L’Orient chrétien ne peut être préservé que s’il est aimé; et on ne l’aime que si on le connaît», a continué le Souverain pontife, invitant à mettre en ?uvre les cours de base sur les Églises orientales dans les lieux de formation.

De plus, en raison des migrations forcées et des exils dus à la guerre, «les catholiques orientaux ne sont plus aujourd'hui des cousins éloignés qui célèbrent des rites inconnus, mais des frères et s?urs qui vivent à nos côtés», a repris Léon XIV, qui insiste sur l’importance de la rencontre entre les catholiques des différents rites.

Mieux encore, les catholiques d’Orient «peuvent apaiser la soif de Dieu latente mais présente en Occident», en partageant «leur sens du sacré, leur foi cristalline et leur spiritualité qui embaume du mystère divin», a conclu Léon XIV.