Messe de la Résurrection: le Pape exhorte à chercher le Christ partout dans la joie
Delphine Allaire - Cité du Vatican
En l’absence du Pape ayant délégué la célébration au cardinal Angelo Comastri, la joie et l’émerveillement inhérents à la Résurrection ont été célébrés lors de la messe du jour de Pâques sur la place Saint-Pierre. Quelques 250 prêtres, 16 évêques et 26 cardinaux l'ont concélébrée, en présence de 35 000 fidèles dont certains étaient arrivés aux premières lueurs de l’aube, précautionneux de l’affluence d’une année jubilaire. Parmi certains invités officiels se trouvaient le Premier ministre de la Croatie, Andrej Plenković, ainsi qu’une délégation hollandaise, dont le pays tapisse de milliers de fleurs le parvis de la basilique chaque année depuis 40 ans. Après le chant d’entrée O Filii et Filiae, hymne liturgique du temps pascal, la Résurrection du Seigneur a été annoncée avec le rite du Resurrexit, l’un des éléments orientaux de la célébration. L’icône acheiropoïète («qui n’est pas faite de main d’homme») du Très Saint Sauveur, représentant sur le panneau central le Christ glorieux assis sur un trône, a ensuite été dévoilée. Après deux lectures, en anglais et en français, le psaume 117, la double proclamation de l’Évangile selon saint Jean a eu lieu en latin et en grec, signe d’union entre Occident et Orient chrétiens, particulièrement en cette année où toute la chrétienté célèbrent la Résurrection dimanche 20 avril. L’hymne byzantin de la Résurrection “stichi” et “stichirà” de la Pâques byzantine a été entonné en signe d’unité.
Ne pas enfermer le Christ dans une belle histoire ou dans un musée
Contrairement aux années précédentes où l’homélie de la Vigile pascale fait foi, le Pape avait cette fois préparé une homélie lue par le cardinal Angelo Comastri. Le vicaire général émérite pour la Cité du Vatican et archiprêtre émérite de la basilique Saint-Pierre s'en est chargé «avec tant d’émotion», «en ce jour lumineux et intemporel», a-t-il glissé. Le Souverain pontife a choisi ce dimanche de centrer son homélie sur le fait que les protagonistes des récits de Pâques «courent tous» dans les Évangiles. Cette course en l’occurrence de Marie-Madeleine, Pierre et Jean, exprime donc selon François «le désir, l’élan du cĹ“ur, l’attitude intérieure de ceux qui partent à la recherche de Jésus». En effet, il est ressuscité et n’est donc plus dans le tombeau. Il faut le chercher ailleurs. «Le Christ ressuscité, vivant, n’est pas resté prisonnier de la mort, il n’est plus enveloppé dans le linceul, et donc on ne peut pas l’enfermer dans une belle histoire à raconter, on ne peut pas en faire un héros du passé ou penser à Lui comme à une statue placée dans la salle d’un musée!», a écrit le Pape, exhortant à ne pas rester immobiles, mais à nous mettre en mouvement à sa recherche. «Le chercher dans notre vie, le chercher sur le visage de nos frères, le chercher dans le quotidien, le chercher partout sauf dans ce tombeau.»
«Nous devons courir, pleins de joie»
Et le Successeur de Pierre d’affirmer au contraire que le Christ se cache et se révèle aujourd’hui encore «dans les sĹ“urs et les frères que nous rencontrons sur notre chemin, dans les situations les plus anonymes et les plus imprévisibles de notre vie». C’est pourquoi, selon lui, la foi pascale, «est tout sauf un arrangement statique ou une installation paisible dans une quelconque assurance religieuse». Elle nous invite à avoir des yeux capables de “voir au-delà”, a rappelé François, invitant chacun à hâter son pas à la rencontre du Christ, afin de redécouvrir «la grâce inestimable d’être ses amis». «Nous ne pouvons donc pas parquer notre cĹ“ur dans les illusions de ce monde ou l’enfermer dans la tristesse; nous devons courir, pleins de joie».
Et le Pape de conclure citant, comme souvent, le théologien français jésuite Henri de Lubac (1896-1991), dont la cause de béatification a été ouverte en 2023 par les évêques de France: «Il nous suffira de comprendre ceci: le christianisme, c’est le Christ. Non, il n’y a rien d’autre que cela. Dans le Christ, nous avons tout» (Les responsabilités doctrinales des catholiques dans le monde d’aujourd'hui). Le cardinal Comastri s'est permis en fin d'homélie de remercier le Pape pour ces mots «réveillant notre foi en Jésus ressuscité et vivant», avant qu'un long silence priant n'enveloppe la place Saint-Pierre.
La récitation du Credo a ensuite revêtu une dimension particulièrement chorale en ce dimanche de Pâques commun à tous les chrétiens. Le symbole de Nicée-Constantinople demeure l’un des héritages intacts du premier concile oecuménique de l’Église à Nicée dont les 1700 ans sont commémorés cette année. Autre signe de l’universalité de l’Église, les intentions de prière ont ensuite été lues successivement en langue russe, espagnole, arabe, portugaise et chinoise.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici