Devant l¡¯¨¦piscopat p¨¦ruvien, le Pape expose les urgences pastorales du pays
Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican
Après la longue réflexion qu¡¯a tenue le Pape sur la figure de l'évêque, inspirée par la vie de saint Toribio Mogrovejo, une discussion franche et sincère de 35 minutes s¡¯est tenue entre le Saint-Père et 60 évêques, ce dimanche 21 janvier.
La genèse du Synode sur l¡¯Amazonie
Tout d¡¯abord, le Pape a révélé avoir pris conscience des enjeux écologiques huit ans avant la parution de Laudato Si¡¯, en 2007, avec la rédaction du document d¡¯Aparecida, du nom du sanctuaire marial brésilien Notre-Dame d'Aparecida. Le cardinal Bergoglio présidait alors la commission de rédaction du document final. Texte majeur, ce document visait à redonner un élan d¡¯évangélisation dans toute l¡¯Amérique latine. «Soyez audacieux en Amazonie», a conseillé François, qui a par ailleurs posé les premiers jalons du synode sur l¡¯Amazonie prévu pour octobre 2019 au Vatican, lors de sa rencontre avec les peuples indigènes, le 19 janvier à Puerto Maldonado.
«La politique est malade en Amérique latine»
Après ses considérations sur les enjeux écologiques de l¡¯Amazonie, le Saint-Père s¡¯est arrêté sur la vie politique latino-américaine : «Je pense que la politique est très en crise en Amérique latine à cause de la corruption. Comment évangéliser le monde de la politique? Ce n'est pas facile. Nous ne devons pas abandonner, mais la dénonciation n'est pas la seule arme», a-t-il affirmé, insistant sur l¡¯importance de la formation politique.
À ce sujet, le Saint-Père a fait allusion à la «Rencontre des laïcs catholiques qui assument des responsabilités politiques au service des peuples de l¡¯Amérique latine», organisée en décembre 2017 par la Commission pontificale pour l¡¯Amérique latine et le Conseil épiscopal latino-américain (Celam). Il avait alors délivré un important message d¡¯engagement aux laïcs latino-américains, axé sur le besoin de «réhabiliter la dignité de la politique».
«Oui, la politique est malade, elle est très malade, au moins en Amérique latine et, il y a des exceptions, mais en général c'est plus malade que sain», a répété François, encourageant l¡¯épiscopat à faire de son mieux dans chaque diocèse.
Par ailleurs, le Pape a aussi pris acte du phénomène des paradis fiscaux, «dont beaucoup sont en Amérique latine», a-t-il déploré auprès des évêques; de même que la situation des prisons surpeuplées sur le continent.
Être un évêque de la rue
Un peu auparavant, prononçant son discours prévu, le Pape a longuement donné en exemple saint Turibio de Mogrovejo (1538-1606), saint de référence pour le pays pour sa défense des populations autochtones ¨C et deuxième archevêque de Lima-, enjoignant les évêques à sortir de «leurs bureaux»: «Saint Turibio de Mogrovejo était un évêque ¡®¡®de la rue¡¯¡¯¡ avec des semelles usées à force de marcher, de visiter, d¡¯aller à la rencontre pour annoncer l¡¯Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans répulsion et sans peur».
Adopter un langage numérique
Saint Turibio de Mogrovejo a aussi promu «une évangélisation dans la langue locale», a rappelé le Pape, pour qui il apparait nécessaire que les évêques «apprennent ainsi à utiliser le langage des autres».
«Les pasteurs du XXIème siècle doivent apprendre un langage totalement nouveau comme l¡¯est le langage numérique», mais aussi « le langage actuel de nos jeunes, de nos familles, des enfants¡», a-t-il exhorté.
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