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Varsen Aghabekian, la ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. Varsen Aghabekian, la ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. 

Pour la cheffe de la diplomatie palestinienne, «La paix est possible, la justice peut prévaloir»

Une rencontre avec des représentants du Saint-Siège était au programme de la fin de la tournée humanitaire et diplomatique effectuée cette semaine par la ministre palestinienne des Affaires étrangères dans plusieurs pays européens. Pendant son séjour à Rome, elle a pris le temps de rendre visite à des enfants palestiniens hospitalisés dans des structures de santé italiennes et du Vatican.

Linda Bordoni – Cité du Vatican

L'un des moments forts de la visite de Varsen Aghabekian en Italie cette semaine a été sa rencontre lundi 1er septembre avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, et le renforcement de la collaboration entre le Saint-Siège et l'Autorité nationale palestinienne, en particulier sur les questions humanitaires urgentes.

Varsen Aghabekian est ministre des Affaires étrangères et des Expatriés de l'Autorité nationale palestinienne. Elle était accompagnée au Vatican de l'ambassadeur palestinien près le Saint-Siège, Issa Kassissieh, dans le but de trouver une solution à la crise humanitaire qui sévit actuellement à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

Le cardinal Parolin aurait exprimé sa profonde inquiétude face à la situation, soulignant l'urgence de mettre fin à la guerre et de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, sans manquer de qualifier la guerre en cours de défaite pour l'humanité.

La ministre des Affaires étrangères avec les autorités italiennes dans un hôpital de Rome  (ANSA)
La ministre des Affaires étrangères avec les autorités italiennes dans un hôpital de Rome (ANSA)   (ANSA)

En compagnie de son homologue italien, Antonio Tajani, et d'autres autorités italiennes, ainsi que de l'ambassadrice désignée de Palestine en Italie, Mona Abu Amara, la ministre palestinienne des Affaires étrangères a également rendu visite à des mineurs palestiniens hospitalisés à l'hôpital Umberto Primo de Rome, à l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù du Vatican et à la polyclinique romaine Gemelli.

Avant son départ, la ministre Aghabekian a déclaré à Radio Vatican-Vatican News que l'objectif de ses visites dans les hôpitaux était «de prendre des nouvelles des enfants et des familles, afin qu'ils se sentent plus proches, qu'ils sachent que quelqu'un chez nous se soucie vraiment d'eux».

C'était également l'occasion, a-t-elle ajouté, de mieux présenter l'ambassadrice Abu Amara aux patients en cours de traitement: «Elle leur a rendu visite, mais nous avons demandé une coordination plus étroite entre l'ambassade et le ministère des Affaires étrangères pour les questions relatives aux patients et à leurs familles». «Nous avons convenu de renforcer nos liens afin d'améliorer la coordination et le suivi», a-t-elle expliqué.

La ministre a ajouté que l'Italie avait répondu à la crise et à l'urgence actuelles «en termes d'aide humanitaire, d'aide alimentaire et d'accueil des patients ici». Reconnaissant que chaque action de solidarité compte, elle a déclaré qu’il fallait «que tout le monde fasse beaucoup plus, car ce qui arrive à Gaza n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan».

“Ce qui arrive à Gaza n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan.”

Des Palestiniens espérant de l'aide à Gaza-ville le 28 août.
Des Palestiniens espérant de l'aide à Gaza-ville le 28 août.

Les paroles du Pape, une ligne de conduite pour le monde

Concernant l'implication du Saint-Siège à différents niveaux, la ministre a déclaré qu'elle était de la plus haute importance. Les paroles de Sa Sainteté, a-t-elle noté, résonnent dans le monde entier. «Et c'est important en tant que message de soutien aux Palestiniens», ainsi que pour fournir une «ligne de conduite morale et éthique au monde sur ce qui doit être fait dans un monde en proie à des troubles», a-t-elle déclaré. La ministre a affirmé que «ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie est catastrophique et doit cesser. Nous avons besoin de paroles comme celles du Pape pour nous donner une direction».

La ministre Aghabekian a ensuite qualifié sa rencontre avec le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Parolin, de «très bonne rencontre». «Nous avons discuté de la situation à Gaza, en Cisjordanie, de la présence chrétienne, du nombre décroissant de chrétiens, de l'incitation à la haine contre les chrétiens, de ce qui doit être fait, de ce qui peut apporter la paix dans la région, etc.».

Conférence de presse avec son homologue italien, à l'issue de la visite du Gemelli.
Conférence de presse avec son homologue italien, à l'issue de la visite du Gemelli.

Tournée diplomatique

La visite de la ministre des Affaires étrangères dans plusieurs pays a été l'occasion de demander à la communauté internationale «de défendre ce qui est juste».

«Ce qui est juste aujourd'hui, c'est le droit des peuples à l'autodétermination et le droit international», a-t-elle déclaré, ajoutant que tout ce que demandent les Palestiniens, c'est que le droit international soit respecté et appliqué.

“Les Palestiniens demandent simplement que le droit international soit respecté et appliqué.”

«Tout pays qui se dit en faveur du droit international et des droits de l'homme devrait respecter ce droit international sans appliquer deux poids deux mesures», a-t-elle ajouté, soulignant que «si cela se produisait ailleurs dans le monde», tous les pays «se mobiliseraient».

Les Palestiniens attendent que le monde entier dise «ce qui est juste est juste», indépendamment de ce qui se passe ou de qui fait quoi, a déclaré la ministre.

Lors de la conférence de presse à la polyclinique de Rome.
Lors de la conférence de presse à la polyclinique de Rome.

Comme mentionné précédemment, cette visite diplomatique a conduit Varsen Aghabekian en Slovénie, en Croatie, en Lettonie et en Lituanie avant son arrivée en Italie et à Saint-Marin. Son objectif, a-t-elle expliqué, était «d'obtenir un soutien pour la cause des Palestiniens, pour la reconnaissance de la Palestine et pour une aide humanitaire supplémentaire».

En ce qui concerne la situation des patients palestiniens traités dans les hôpitaux en Italie - tant ceux qui souffrent de maladies chroniques graves que ceux qui ont été blessés pendant la guerre, elle affirme qu'ils reçoivent les soins nécessaires, même si certains cas sont critiques et que certains patients ont subi des opérations très complexes. Certains, dit-elle, se rétablissent bien, même si la rééducation et la convalescence prennent du temps.

L'Italie, a-t-elle ajouté, a réussi à faire venir par avion quelque 181 enfants avec leurs dossiers et leurs familles.

Nécessité d'un cessez-le-feu

Quittant Rome mardi 2 septembre, la ministre s’est rendue au Caire pour participer à une réunion de la Ligue arabe. Elle a déclaré qu'à l'avenir, son gouvernement continuerait sans relâche «à demander un cessez-le-feu, car notre priorité absolue en tant que Palestiniens, en tant que dirigeants palestiniens, est de sauver des vies».

«Car chaque jour qui passe avec cette agression brutale, des centaines de civils sont tués. Nous avons besoin d'un cessez-le-feu permanent, nous devons garantir l'accès sans entrave de l'aide humanitaire», a-t-elle déclaré.

“Chaque jour qui passe, des centaines de civils sont tués.”

Dans le même temps, la ministre Aghabekian estime que les Palestiniens doivent «ouvrir la voie à une solution politique qui nous rapprochera de notre indépendance et de la concrétisation de notre État sur le terrain.»

«Perdre espoir ne fait pas partie de notre vocabulaire»

Malgré les énormes défis à relever, elle juge qu'elle doit «rester optimiste car, pour les Palestiniens, perdre espoir ne fait pas partie de notre vocabulaire». «Nous savons qu'en fin de compte, ce qui est juste est juste», ajoute-t-elle, invitant ainsi chacun à garder espoir. D’autant, note-t-elle, que «nous constatons un changement d'attitude en faveur d'une solution définitive, c'est-à-dire la fin de l'occupation». Or, l'opinion publique influence la politique officielle de divers pays, dit-elle convaincue.

Alors que le monde est témoin de la situation horrible dans la bande de Gaza, la diplomate palestinienne invite à ne pas perdre de vue la détérioration de la situation en Cisjordanie. «C'est extrêmement important, car lorsque nous parlons de violence et de la politique israélienne, cette politique s'applique à l'ensemble du territoire occupé, mais nous la voyons mise en œuvre sous diverses formes: dans la bande de Gaza, nous assistons à cette agression brutale ; en Cisjordanie, nous assistons à cette annexion imminente, à la recrudescence de la violence des colons, à l'accaparement accru des terres, à l'augmentation du nombre de colons et de colonies, etc.»

La politique est la même, a-t-elle réitéré, soulignant que dans chaque partie du territoire occupé, «une forme de violence est exercée contre le peuple palestinien».

Des chars de l'armée israélienne sont positionnés dans le sud d'Israël, à la frontière avec la bande de Gaza. Hier, mardi 2 septembre 2025, Israël a intensifié son déploiement militaire le 2 septembre, alors que les réservistes ont commencé à répondre aux ordres de mobilisation en vue d'une offensive prévue sur la ville de Gaza.
Des chars de l'armée israélienne sont positionnés dans le sud d'Israël, à la frontière avec la bande de Gaza. Hier, mardi 2 septembre 2025, Israël a intensifié son déploiement militaire le 2 septembre, alors que les réservistes ont commencé à répondre aux ordres de mobilisation en vue d'une offensive prévue sur la ville de Gaza.   (AFP or licensors)

La paix pour le Moyen-Orient et pour le monde

Elle a convenu qu'il était fondamental que la communauté internationale ne perde jamais de vue l'importance cruciale de la paix dans les territoires palestiniens pour la paix au Moyen-Orient et dans le monde. «Cette occupation et la déstabilisation qu'elle provoque ne se limitent pas au territoire occupé, mais s'étendent aux pays voisins, puis aux capitales européennes et au monde entier», a-t-elle fait remarquer, ajoutant que «si la communauté internationale souhaite véritablement la paix dans la région, elle doit comprendre que seule la résolution et la fin de l'occupation israélienne des terres palestiniennes permettront d'instaurer la paix».

“Ce n'est qu'en mettant fin à l'occupation israélienne des terres palestiniennes que la paix pourra s'installer.”

Sans cela, a-t-elle déclaré, «nous continuerons à connaître des cycles de violence, peut-être plus violents encore que ceux que nous connaissons aujourd'hui».

Alors qu'elle se prépare à rencontrer les membres de la Ligue arabe, la ministre a souligné leur importance géopolitique et a exprimé son opinion selon laquelle «aujourd'hui, les Arabes sont plus unis que jamais: nous l'avons vu dans leur position, individuelle et collective, contre le plan Trump Riviera, contre le déplacement des Palestiniens». Elle souligne en particulier le rôle endossé par l’Arabie saoudite, qui «grâce à son poids financier et à sa position stratégique, mène la coalition pour la paix à la Conférence de paix de New York».

Assez, c'est assez !

En conclusion, elle a lancé un appel pressant: «Je vous en prie, placez-vous du bon côté de l'histoire. La paix est possible et la justice peut prévaloir, mais cela implique le respect des droits des Palestiniens afin qu'ils puissent vivre en paix et en sécurité aux côtés de l'État d'Israël

«Assez, c'est assez», souligne la ministre des Affaires étrangères, qui appelle au respect du droit international età la fin de l'occupation. Elle ne peut pas durer éternellement, souligne-t-elle, car un peuple sous occupation, opprimé et asservi luttera invariablement, quoi qu'il arrive, pour sa libération.

“Un peuple sous occupation, opprimé et asservi luttera invariablement, quoi qu'il arrive, pour sa libération.”

Varsen Aghabekian.
Varsen Aghabekian.

 

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03 septembre 2025, 15:36