170 pays se réunissent en vue d’un traité mondial contre la pollution plastique
Inès Muller – Cité du Vatican
Ce mardi 5 aout s’ouvrent de nouvelles négociations pour un traité mondial contre la pollution de plastique, organisé par l’Organisation des Nations Unies. 170 pays sont attendus à Genève pour la dernière phase de discussions. Il s’agit d’un rendez-vous diplomatique crucial pour tenter de définir un traité mondial. En discussion depuis trois ans, les délégations internationales ont du mal à trouver un accord, comme l’illustre l’échec de négociations lors de la dernière réunion en décembre 2024 à Busan, en Corée du Sud. Se déroulant jusqu’au 14 aout, cette deuxième partie de la cinquième session de discussion est officiellement appelée «Intergovernmental Negotiating Committee (INC) – 5.2». L’objectif de ce sommet est donc d’aboutir à la signature du tout premier traité mondial pour lutter contre la consommation plastique.
Un départ mitigé pour les négociations
L’échec de la dernière réunion en décembre 2024 en Corée du Sud serait lié à des tensions géopolitiques et commerciales. Deux opinions émergent parmi les pays présents aux derniers rassemblements: d’un côté les pays signataires de la «High Ambition Coalition», un groupe intergouvernemental Å“uvrant pour une action climatique durable et solidaire d’ici 2030, comme l’Union européenne, le Canada et l’Australie; et de l’autre, les pays producteurs de plastique et de pétrole défendant leurs intérêts économiques, qui bloquent l’avancée des négociations.
Les yeux rivés sur ce sommet, plusieurs ONG et experts affichent leur pessimisme quant à la construction d’un consensus international, notamment face au document préliminaire qui concentre plus de 300 points de désaccords issus des discussions de décembre à Busan. La présence à Genève de plusieurs délégations qui étaient absentes en Corée, constitue cependant une note d’espoir.
Une consommation de plastique en forte augmentation
Depuis 1950, la consommation de plastique dans le monde serait passée de deux millions de tonnes à 475 millions de tonnes en 2022, selon le rapport publié lundi dans la revue médicale The Lancet. On estime donc que la production de plastique s’élève chaque année à plus de 460 millions de tonnes. De plus, si cette consommation continue sa croissance, elle pourrait tripler d’ici 2060, selon les projections de l’OCDE, et atteindre les 884 millions de tonnes en 2050. Pourtant, aujourd’hui moins de 10% des déchets liés au plastique sont recyclés.
Cette situation est qualifiée par les scientifiques comme une «crise mondiale» tout autant que la crise climatique, ils appellent en conséquence à ne pas sous-estimer l’ampleur de cette urgence. Selon le biologiste et chercheur au Boston College Étatsunien, Philip Landrigan, le plastique étant fabriqué à partir des combustibles fossiles, «toutes deux provoquent aujourd’hui des maladies, des décès et des incapacités chez des dizaines de milliers de personnes».
Un danger grave pour la santé mondiale
Selon le rapport de la revue The Lancet, la pollution serait un «danger grave, croissant et sous-estimé» pour la santé des populations. L’article estime également que 57% des plastiques non recyclés brulés en plein air seraient une cause importante de pollution de l’atmosphère. De plus, la fabrication et la consommation de ces plastiques «contaminent les aliments et l’eau» ainsi que tous les êtres vivants qui les ingèrent, entrainant «des couts de santé élevés et des dommages environnementaux», d’après Philip Landrigan. Les ONG et les experts souhaitent une réelle avancée sur ce sujet.
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