La lutte contre l'antisémitisme, une instrumentalisation politique
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou écrivait une lettre virulente à Emmanuel Macron, déplorant que le président français, qui souhaite reconnaître au mois de septembre l’État de Palestine, «alimente le feu antisémite». Des accusations relayées ce week-end par l’ambassadeur américain en France, Charles Kushner, qui, dans un courrier, critique «l’absence d’action suffisante» du président français contre l’antisémitisme. Si, dans un cas comme dans l'autre, Paris a vigoureusement rejeté ces accusations, elles témoignent du malaise grandissant autour de la hausse de l’antisémitisme et de son instrumentalisation politique, question qui dépasse largement les relations franco-israéliennes.
Une vieille question qui revient dans le débat
Le 18 juillet 2005, le Premier ministre israélien Ariel Sharon invitait déjà les juifs français à émigrer en Israël pour fuir un «antisémitisme déchainé», selon ses mots. Quelques semaines plus tôt, le chef de la diplomatie française avait rencontré Yasser Arafat dans son QG de Ramallah, provoquant l'ire des autorités israéliennes. Les accusations d'Ariel Sharon avaient suscité la protestation des autorités françaises mais semé aussi l'indignation chez les responsables de la communauté juive en France, accusant le Premier ministre israélien de jeter de l'huile sur le feu.
Si ces passes d'armes ne sont pas nouvelles, la hausse des actes antisémites est pourtant réelle en France ces dernières années, comme dans d'autres pays occidentaux, particulièrement depuis les attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023 et le déclenchement de la guerre à Gaza qui s'en est suivi. À l’école publique, pour l’année scolaire 2023-2024, 1 670 actes à caractère antisémite recensés en 2024 contre 400 en 2022-2023, selon le ministère de l’Éducation nationale.
Loin du champ de bataille au Proche-Orient, les actes anti-juifs font aussi la une de l'actualité, comme cet olivier planté en hommage à Ilan Halimi, juif assassiné en 2006, abattu mi-août, ou la dégradation une semaine plus tard d'une stèle à Paris en mémoire de la rafle des enfants d'Izieu par la Gestapo en 1944.
Qu'est-ce qui a changé depuis 20 ans? Nous avons posé la question au rabbin David Meyer, une voix importante du courant juif libéral en France. Il est professeur de littérature rabbinique et de pensée juive contemporaine à l'Université pontificale grégorienne de Rome.
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