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2025.05.30 Membri dei Movimenti Popolari per la Pace 2025.05.30 Membri dei Movimenti Popolari per la Pace  (@Vatican Media)

L'engagement d'un Israélien et d'un Palestinien pour la paix en Terre Sainte

Le Palestinien Aziz Abu Sarah et l'Israélien Maoz Inon ont tous deux perdu des proches dans les différents conflits en Terre Sainte. À l'issue de leur rencontre avec le Pape Léon XIV ce vendredi 30 mai, ils ont confié aux médias du Vatican leur volonté de «mettre en pratique leurs valeurs communes de justice, de pardon, de réconciliation, de sécurité et de sûreté».

Roberto Cetera et Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

Malgré la mort de son frère lors de la première intifada, Aziz Abu Sarah a fait le choix du pardon. «Non pas parce que cette personne le méritait, mais parce que c'est mon choix et que je veux être libre» souligne l'Américain d'origine palestinienne qui a grandi à Jérusalem, et dont le frère, emprisonné à l'âge de 18 ans, fut torturé et mourut de ses blessures, alors que lui-même n'avait que dix ans. Aziz se souvient de son enfance, de l'amertume, de la colère et du besoin de vengeance qu'il ressentait, jusqu'à ce que quelque chose change. «Il m'a fallu huit ans pour comprendre que chaque fois que je choisissais la vengeance, la haine, je devenais esclave de la personne qui a tué mon frère, a-t-il insisté. Aziz a donc décidé de ne plus laisser la perte de son frère contrôler sa vie, mais d'œuvrer pour la paix, ce qu'il fait avec l'Israélien Maoz Inon, également meurtri par ce conflit qui lui a arraché ses parents et de nombreux amis d'enfance le 7 octobre 2023. 

Le dévouement du père Faltas en Terre Sainte

Les deux hommes, tous deux professionnels du tourisme et coprésidents d'Interact, une organisation œuvrant pour la paix, ont confié qu'ils n'étaient plus seulement des partenaires, mais des amis. Lors de leur interview avec les médias du Vatican, ils ont rappelé leur parcours et se sont tournés vers l'avenir, avec pour objectif de parvenir à la paix dans la région d'ici 2030. Le père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre Sainte, s'est également joint à la discussion, notamment en raison de son travail considérable en Terre Sainte, lié à une pléthore de projets pour aider tous ceux qui souffrent.

La quête de la paix d'ici 2030

Au cours de la conversation, Aziz et Maoz ont expliqué comment leurs expériences personnelles des horreurs infligées en Terre Sainte les ont façonnés. Ils ont ensuite raconté leur rencontre avec le Pape Léon XIV dans la matinée de ce vendredi 30 mai, après celle avec le Pape François l'année dernière lors de sa visite à Vérone. Ce matin, le Pape Léon XIV a reçu plus de 300 représentants d'associations et de mouvements qui ont participé à «l’Arène de la Paix 2024» en avril 2024 dans la ville italienne. La rencontre, qui s'est déroulée au Vatican, a marqué une «visite retour» en signe d'hommage à la participation du Pape François à l'événement de l'année dernière. Après avoir fait le choix de pardonner, Aziz a commencé à travailler avec les Israéliens. «Nous ne sommes pas opposés, si nous partageons les mêmes valeurs d'égalité, de justice, de paix, de travail en commun. Si nous sommes d'accord sur ces valeurs, alors nous ne sommes pas des ennemis» explique-t-il.

Le drame du 7 octobre

À son tour, Maoz a raconté son histoire. Il est né dans un petit kibboutz d'une communauté juive israélienne située à un kilomètre à peine de la frontière avec la bande de Gaza. En cette date tragique du 7 octobre, ses parents ont été tués lors de l'attentat islamiste. Pourtant, malgré son chagrin, Maoz a eu une vision lors de l’un de ses rêves quelques jours après l'attaque. Dans son rêve, il était au milieu d'immenses larmes, et l'humanité pleurait avec lui. Puis, quelque chose d'incroyable s'est produit: «Nos larmes ont pansé les blessures, guéri nos brûlures et nous ont guéris. Et nous avons continué à pleurer et à pleurer, et nos larmes ont coulé jusqu’au sol. Elles ont commencé à laver le sang du conflit séculaire entre les Palestiniens et Israël. Et nos larmes ont purifié la terre, et alors j'ai pu voir le chemin de la paix et de la réconciliation».

Des partenaires devenus des frères 

C'est avec ce souvenir, a-t-il confié, qu'il a rencontré Aziz: «Nous ne sommes pas seulement des partenaires, mais nous sommes des frères. Nous sommes des frères en quête de justice et de paix». C'est au lendemain de son rêve qu'il a trouvé sur le réseau social Facebook un message d'Aziz lui adressant ses condoléances pour la tragédie, notant «qu'il se tenait à mes côtés et aux côtés de ma famille». Aziz s'est souvenu ensuite du moment où il a envoyé ce message à Maoz: «Je ne pensais pas qu'il répondrait, mais il l'a fait».


La douleur pour les enfants de Gaza

Cependant, ce qu'Aziz ne peut oublier, c'est bien lorsque qu’ils se sont parlés pour la première fois: «Sa première phrase a été: “Je ne pleure pas seulement pour mes parents, je pleure aussi pour les enfants de Gaza” [...] Pour moi, c'est très fort, que quelqu'un souffre autant.. Je pense à la douleur des autres, ce n'est pas ce que la plupart des gens font.» À ce moment-là, a déclaré Aziz, «j'ai réalisé que nous avions beaucoup à faire ensemble. Aujourd'hui, nous en avons besoin», surtout «lorsqu'il y a un manque d'empathie, de compréhension et d'attention» généralisé, où «nous voyons notre propre douleur», mais souvent «nous ne voyons pas celle des autres». «Et Maoz», émerveillé, «a pu voir ce qui se passait à Gaza avant même que quiconque, côté israélien ne le voie».

Une coalition pour la paix 

C'est dans cet état d'esprit qu'il a exposé leur vision pour parvenir à la paix, du Jourdain à la Méditerranée, d'ici à 2030. «C'est notre mission, et nous avons un plan en cinq étapes pour y parvenir». Tout d'abord, a-t-il déclaré, «nous devons rêver ensemble de la paix». Deuxièmement, «nous devons mettre en pratique nos valeurs communes de justice, de pardon, de réconciliation, de sécurité et de sûreté». Troisièmement, a-t-il poursuivi, «nous devons construire une coalition, et c'est pourquoi le soutien continu de Radio Vatican et de Vatican News au mouvement de paix israélo-palestinien est si important pour nous, car nous nous considérons comme une coalition pour la paix, ce qui nous permet de la renforcer».

Quatrièmement, «nous avons élaboré ensemble une feuille de route pour 2030» et, cinquièmement, «nous mettons déjà en œuvre cette feuille de route. L'événement qui s'est déroulé il y a trois semaines à Jérusalem, le Sommet des Peuples pour la paix, a permis de franchir l'une des étapes de notre feuille de route». Rappelant leur travail pour la paix, il a souligné qu’ils ont pu «rassembler plus de 8 000 Israéliens et Palestiniens dans la ville de Jérusalem, déplorant essentiellement les ravages et les horreurs qui se produisent à Gaza et en Cisjordanie; et appelant à la libération des otages et des prisonniers palestiniens».

«Plus nous attendons, plus les choses s'aggravent», a alerté Aziz, exprimant son désaccord avec le point de vue souvent défendu par les hommes politiques, selon lequel il est possible de «gérer un conflit» et de le «stabiliser». «Lorsqu'on se trouve dans une situation comme la nôtre, où il y a une occupation, une injustice, une injustice systémique, les choses ne restent pas en l'état».

Une marche pour la paix sans précédent à Jérusalem

«C'est la raison pour laquelle nous travaillons dur», a-t-il noté, «sinon, a-t-il prévenu, nous condamnerons nos enfants et nos petits-enfants». «C'est inacceptable», a-t-il déclaré. Forts de cette conviction, ils agissent donc pour inspirer le changement, en commençant par une grande marche pour la paix. «Maoz et moi-même dirigeons une organisation appelée Interact et, le 21 septembre, nous conduirons un groupe d'organisations à marcher depuis Jérusalem-Est et Jérusalem-Ouest, dans le but de se retrouver au centre.»

Journée internationale de la paix et pontificats pour la paix

Il a ainsi rappelé que le 21 septembre prochain marque la Journée internationale de la paix, instituée en 1981 par l'Assemblée générale des Nations unies. Deux décennies plus tard, en 2001, l'Assemblée générale a voté à l'unanimité pour que cette journée soit une période de non-violence et de cessez-le-feu. Cette action concrète, a-t-il souligné, vise à «dire que cette division entre nous, créée par les gouvernements, doit cesser» et «nous voulons que des milliers de personnes marchent avec nous, et pas seulement des Israéliens et des Palestiniens. Nous voulons que tous ceux qui nous écoutent ici viennent à Jérusalem en septembre».

Au terme de l'entretien, les deux hommes se sont souvenus avec affection de leurs rencontres avec les Papes. «Pour moi, a déclaré Maoz, "le Pape François a été un prophète", rappelant ses paroles en faveur du dialogue et de la résolution pacifique des conflits. Et maintenant, avec la direction, les conseils et le soutien du Pape Léon, a-t-il poursuivi, nous allons entrer dans la terre promise et apporter la paix en Terre sainte».

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30 mai 2025, 16:10