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Au Caire en Egypte, le dispensaire des soeurs de Notre-Dame des Apôtres. Au Caire en Egypte, le dispensaire des soeurs de Notre-Dame des Apôtres.   (dispensaire Le Caire Notre Dame des Apotres)

Égypte: des religieuses donnent leurs vies aux malades de Choubra

Le soin aux plus faibles est au cœur du charisme des soeurs de Notre-Dame des Apôtres. Installée dans un quartier populaire du Caire en Egypte, la polyclinique des soeurs permet à tous, sans disctinction, d'accéder aux soins.

Marine Henriot, de retour du Caire, Égypte

Reportage dans la polyclinique des soeurs de Notre-Dame des Apôtres

À quelques mètres d’une artère grouillante du Caire, derrière une simple façade, se trouve le dispensaire des sÅ“urs de Notre-Dame des Apôtres, devenu depuis deux ans une polyclinique. SÅ“ur Chenouda, médecin, est fière de sa structure essentielle dans le quartier populaire de Choubra: «Les malades viennent de quartiers pauvres. L'accès à la médecine, aux soins, les hôpitaux et les cliniques privées, tout coûte très cher en Égypte. Les malades ne peuvent pas toujours débourser 1000 livres égyptiennes pour une consultation», détaille la religieuse égyptienne.

Accueil universel

Dans un pays à la croissance démographique galopante, avec près de deux millions de naissances chaque année, et où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté selon des chiffres officiels sous évalués, la polyclinique des sÅ“urs permet à ceux qui n’en ont pas les moyens d’accéder aux soins pour un prix symbolique. Les enfants des écoles environnantes et leurs professeurs viennent se faire soigner à la clinique, qui accueille aussi les malades qui tentent de survivre dans les bidonvilles de la tentaculaire capitale égyptienne.

Dans la polyclinique de Notre-Dame des Apôtres au Caire.
Dans la polyclinique de Notre-Dame des Apôtres au Caire.   (dispensaire Le Caire Notre Dame des Apotres)

Si le quartier de Choubra était à l’origine un quartier à majorité chrétienne, les mutations sociologiques et politiques de l’Égypte de ces dernières années l’ont transformé en quartier à majorité musulmane. Pour l'énergique et solaire sÅ“ur Chenouda, qui fut aussi médecin en Côte d’Ivoire ou au Nigeria ces dernières décennies, cette coexistence interreligieuse est une chance. «Chrétiens, musulmans, orthodoxes, catholiques, protestants… face à la santé, nous n’avons pas de religion, pas de confession, nous sommes tous pareils», s'exclame-t-elle, et aux patients qui s’inquiètent de ne pas partager la même confession que les religieuses, sÅ“ur Chenouda a un seul mot d'ordre: «tu es humain, tu es malade, c’est cela qui compte», lance-t-elle, ferme et souriante. Une approche qui permet également, estime sÅ“ur Chenouda, de lutter contre le fondamentalisme et le terrorisme.

Inquiétude pour les vocations

Pourtant en expansion - elle a ouvert un hôpital à Saïda dans le sud du Liban, la religieuse redoute l'avenir au Caire. Elle éprouve des difficulté à maintenir la polyclinique à flot. Il faut trouver des médecins et les faire rester. Ces professionnels de santé peuvent être tentés par les salaires des cliniques privées et parfois découragés par une patientèle fluctuante chez les soeurs. 

Dans la polyclinique de Notre-Dame des Apôtres au Caire.
Dans la polyclinique de Notre-Dame des Apôtres au Caire.   (dispensaire Le Caire Notre Dame des Apotres)

Une secrétaire et une sÅ“ur de 74 ans gèrent la polyclinique aux côtés de sÅ“ur Chenouda. «Mon rêve serait de voir arriver une jeune sÅ“ur africaine qui assurerait la continuité de notre service», confie-t-elle, mais la congrégation de 600 sÅ“urs, présente dans une vingtaine de pays, n’échappe pas à la baisse des vocations. SÅ“ur Chenouda souhaiterait installer une salle d’accouchement dans la structure mais se dit pessimiste: «nous n’avons pas de relève». Son inquiétude ne l'empêche pas de développer des projets plus accessibles. Son prochain défi: développer la prévention et l'éducation sanitaire. 

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04 avril 2025, 14:14