RDC: les prêtres de Bunia s’indignent contre la montée de la criminalité
Vatican News
«Que la Sainte Vierge Marie, Reine de la paix, intercède pour le diocèse de Bunia et pour la République»: tel est le souhait exprimé par des prêtres séculiers de Bunia dans une déclaration intitulée: «Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas». Ils dénoncent l’arbitraire et la cruauté qui ont atteint un niveau inquiétant dans la province de l’Ituri où les droits humains sont impunément bafoués. «Nous sommes consternés de constater la détérioration de la situation sécuritaire ces derniers temps allant de juillet à août 2025 dans la province de l’Ituri», s’indignent les prêtres de Bunia qui, assumant leur «rôle prophétique dans le monde», dénoncent les «souffrances indescriptibles et injustes infligées au peuple iturien par les ennemis de la paix.»
Situation socio-sécuritaire précaire
La situation socio-sécuritaire en Ituri est préoccupante. En date du 21 juillet dernier, la milice (URDPC/CODECO), a fait une incursion armée dans la localité de Lopa. Au passage, elle a profané l’église paroissiale Saint Jean de Capistran et le sanctuaire marial; pillé le presbytère et le centre de santé; assassiné des civils, incendié des maisons; violenté femmes et enfants ainsi que les personnes du troisième âge, rapportent les prêtres.
Puis, dans la nuit du 26 au 27 juillet, le groupe ADF (Forces démocratiques alliées) a attaqué Komanda et tué 40 fidèles regroupés dans la grande salle de la paroisse Bienheureuse Anuarite; blessé de nombreuses personnes, kidnappé plus de 40 jeunes et enfants du Mouvement d’Action Catholique de la Croisade Eucharistique (personnes dont on ignore le sort jusqu’à présent), incendié des maisons et brûlé des véhicules. Et dans la nuit du 19 au 20 août, la Propédeutique Saint Kizito de Bunia, a également fait l’objet d’attaque armée qui a donné lieu à la profanation «des saintes espèces en les déversant par terre».
Des déplacements massifs des populations
Dans ce contexte de crise, les prêtres de Bunia constatant «l'’inefficacité des forces de l’orde», déplorent «des déplacements massifs des populations à la recherche de lieux sécurisés et sécurisants». En outre, ils alertent contre «les incitations à la haine et à la violence, les menaces verbales et les diffamations diffusées contre l'Église catholique sur les ondes de Radio-Télévision FARDC-Ituri, menaces proférées à l’endroit des prêtres» sous prétexte qu’ils «hébergerait les miliciens de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP, en sigle), une nouvelle rébellion qui voit le jour et dont nous condamnons fermement l’avènement, comme nous condamnons aussi l’existence des autres groupes armés».
S’en tenir à une mission de paix
«Nous rappelons que l’Église catholique a toujours Å“uvré pour la paix, la réconciliation, la cohabitation pacifique et le développement socio-économique sans distinction de races et de tribus», soulignent les prêtres qui rappellent l’exemple d’une journée de prière pour la paix, avec la marche pacifique organisée par le diocèse de Bunia en date du 22 Mars 2022. C’est dans ce même élan de prière pour la paix dans les zones en situation de guerre, que le Saint-Père a appelé lors de l’audience générale mercredi 20 août, à jeûner et à prier pour l’avènement de la paix dans le monde.
Non à la campagne de haine
Les prêtres de Bunia «condamnent fermement tous ceux qui diffament, par haine, l’Église catholique de Bunia et s’attaquent à elle pour la faire taire, afin de continuer avec leur sale besogne». Ils dénoncent par ailleurs la «complicité criminelle entre les FARDC et la milice CODECO, un des groupes armés à l’instar de FRPI, FPIC, CHINI YA TUNA, MAPI, AUTODEFENSE, CRP, JAMUKULABATU, ADF/NALU, MAIMAL, qui devraient être anéantis par l’Etat de Siège.»
Un état de siège inefficace
Ils constatent l’échec de l’état de Siège qui, après 4 ans d’expérience, n’a garanti aucune sécurité et s’apparente à une quasi absence de l’autorité de l’État. Sous l’état de siège, soulignent-ils, «les groupes armés se sont non seulement multipliés, mais aussi renforcés en hommes et en armes». Pire, c’est sous ce régime, disent-ils que «plusieurs massacres de civils et destructions de leurs biens ont été commis avec des personnes enterrées vivantes, des massacres dans des sites de déplacés et dans des villages, des kidnappings, des assassinats en pleine ville de Bunia, l’insécurité sur les différents axes routiers.»
Inefficacité de la MONUSCO
Présente en Ituri depuis 25 ans, la MONUSCO dont le mandat est de protéger les civils, se comporte en «spectatrice au moment des attaques et n’intervient qu'après pour constater et documenter les faits» déplorent les prêtres, attirant «l’attention de l’opinion tant nationale qu’internationale sur les tragédies qui sévissent en Ituri.»
Quelques recommandations
Entre autres recommandations, ils invitent le gouvernement congolais à «éviter la politique du "diviser pour bien régner" afin d’exploiter les ressources naturelles de l’Ituri; à lever immédiatement l’état de siège qui ne fait qu’aggraver le mal en Ituri, parce qu’elle a visiblement et gravement échoué à imposer la paix qui était sa mission première». Au pouvoir judiciaire, l'appel est lancé à «diligenter une enquête crédible pour arrêter et juger les auteurs des crimes commis en Ituri». Aux groupes armés, les prêtres ivitent à déposer les armes sans condition, et à «s’engager dans la voie du dialogue pour la paix durable et le pacte social pour la "Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC" proposé par la CENCO et l’ECC.»
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