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Xavier Sartre – Cité du Vatican

Pour la huitième fois, la colline de Taizé, dans le centre de la France, va résonner cette semaine des chants chrétiens et musulmans. La communauté ?cuménique accueille à partir de ce dimanche environ deux cents jeunes venus principalement de Lille et de Massy, en France et de plusieurs pays d’Europe. Grâce au soutien de deux mosquées du Nord et d’Île-de-France, les frères vont créer les conditions pour que des jeunes aux traditions religieuses différentes puissent se connaitre, échanger, et tisser des liens qu’ils espèrent voir se renforcer et se prolonger dans le temps.

Des échanges dirigés par un imam et un frère auront lieu chaque matin à partir d’un passage du Coran et de la Bible, avant que les jeunes ne vaquent à plusieurs occupations communautaires. D’autres réflexions animeront les fins d’après-midi. Outre les deux cents chrétiens et musulmans, plusieurs centaines d’autres personnes sont attendues tout au long de la semaine pour partager ces rencontres d’amitié.

Les musulmans reconnaissants

Le succès de ce rendez-vous ne se dément pas année après année. Frère Luc, qui s’occupe de l’accueil des jeunes à Taizé, a découvert que «les musulmans sont très reconnaissants d’être dans un espace où ils se sentent accueillis, où ils sentent une bienveillance» alors qu’ils sont parfois blessés par les regards pleins de préjugés qu’ils peuvent croiser dans le reste de la société. «Ils sont aussi reconnaissants de découvrir de jeunes croyants, de jeunes chrétiens qui prient et qui se forment et qui partagent leur foi parce qu’ils ont souvent l’impression que la foi n’est pas présente en Europe, et cela les travaille profondément» note-t-il, heureux de constater que ces rencontres d’amitié les encouragent.

Au-delà de ces quelques jours passés dans la campagne bourguignonne, quels fruits peuvent donner ces rencontres entre chrétiens et musulmans? «La joie et la fraternité dans la paix» répond frère Luc. Chaque participant peut vérifier par soi-même que «la rencontre est possible, que l’écoute l’est aussi, que l’autre n’est pas une menace, n’est pas d’abord un problème mais qu’il est une promesse d’amitié, un horizon qui s’élargit, une découverte» poursuit-il.

L’espérance de voir cette expérience s’étendre et ses fruits se multiplier, elle vient du constat que si une telle rencontre et une telle amitié sont possibles à Taizé, elles peuvent l’être en dehors, dans les grandes villes, les quartiers, partout en somme. «Cela encourage, cela stimule, cela donne un élan pour dire, voilà, la paix est possible, un avenir lumineux de vie qui va porter du fruit est possible. On n’est pas condamné aux tensions, aux méfiances, aux affrontements ou aux polarisations», espère le frère de la communauté de Taizé.