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Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

La communauté de Taizé prie ce mardi 6 mai pour le conclave. Une prière ?cuménique est proposée en communauté et en ligne répondant ainsi à l’appel du Collège des cardinaux, émis au cours des congrégations générales. Taizé, qui vit l’?cuménisme depuis sa fondation, et le fait vivre aux jeunes qui fréquentent la communauté bourguignonne, s’était engagée à Rome à l’ouverture du Synode sur la synodalité. Dans une interview accordée aux médias du Vatican, le prieur, Frère Matthew, repart de cet événement, pour exposer les défis ?cuméniques de l’Église. Entretien.

Je reste très marqué par la préparation de notre veillée ?cuménique "Together" juste avant le début de la première session du Synode sur la synodalité, et par cette image de la bénédiction commune à la fin de la veillée, où le Pape était au centre, entouré des responsables des différentes églises, du patriarche Bartholomée, de l'archevêque de Canterbury, du représentant des luthériens, des réformés et des différentes églises orthodoxes et orientales. C'était un moment très fort. On voyait le Pape un peu comme un pasteur universel, comme un serviteur de communion au sein du peuple de Dieu. François a toujours parlé du lien entre la synodalité et l'?cuménisme, le chemin synodal et forcément ?cuménique, et le chemin ?cuménique et forcément synodal, car les deux impliquent une grande écoute de l'autre, d'accueillir le don de l'autre, de se laisser convertir par l'autre. Et ce faisant, là aussi, il peut y avoir une ouverture envers ceux qui ne sont pas formellement en communion avec Rome, mais qui cherchent cela, une reconnaissance de leur adhésion? Peut être. C'est un espoir pour l'avenir.

Est-ce que cela veut dire que l'?cuménisme sera l'un des enjeux du prochain pontificat?

Je pense que c'est l'un de ces thèmes transversaux qui touchent beaucoup de domaines. J'ai assisté hier soir à une réunion d'une église pentecôtiste. J’ai été très touché par le fait que ce pasteur pentecôtiste m’a tout de suite parlé de toute l'importance d’annoncer ensemble l'Évangile. On ne doit pas se faire de guerre entre nous. Jésus a prié pour que ses disciples soient "un" comme Lui, et son Père était "un", afin que le monde croie. Il m’a cité ce passage de l’Évangile de Jean. Venant d'un pasteur pentecôtiste, je trouve ça assez remarquable.

Il y a une phrase du Pape François qui me revient, qui a marqué aussi son pontificat c'est «Personne ne se sauvera seul». Quelle lecture faites-vous de cette phrase, quelle perspective ouvre-t-elle?

Il s’agit de donner un témoignage commun pour servir les autres, pour se mettre au service de l'Évangile. Il ne s'agit pas d'un retour en force, disons de manière triomphaliste, mais de vivre l'humilité de la foi et d'accepter aussi que nous n'avons pas toutes les réponses à toutes les questions. Cela signifie se mettre à l'écoute de tous. Cela va au-delà du monde des baptisés.

Le prochain voyage du Pape François aurait dû être le 1?700? anniversaire du Concile ?cuménique de Nicée. Son successeur fera peut-être ce déplacement. Que représenterait sa présence à cet anniversaire pour l'?cuménisme?

Pour nos frères et s?urs orthodoxes ce serait peut-être un signe très fort. Mais parallèlement, ces choses doivent s'inscrire, pas simplement dans des événements, mais dans une durée. Pour nous, vivre ensemble des articles du symbole de Nicée, porterait à approfondir notre compréhension mutuelle. C'est ça l'enjeu. Dans le même temps, si l’évêque de Rome effectue une visite chez le patriarche Bartholomée, ce serait un très beau geste, c'est sûr.