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Marcel Ariston BLÉ - Abidjan

Transcrite en 72 points, la lettre pastorale des évêques ivoiriens est un véritable plaidoyer pour des élections justes, transparentes, inclusives et apaisées dans le pays. Structuré en trois grandes parties, le document propose une analyse approfondie des crises politiques successives qui, depuis plus de trois décennies, ont affecté le pays.

«Il est temps, exhortent-ils, que les leaders politiques, animés par un véritable amour pour la nation, prennent des mesures courageuses, avec foi et engagement, afin de faire régner la paix dans les cÅ“urs, dans les paroles comme dans les actes».

Un diagnostic sévère du processus électoral ivoirien

Revenant sur les processus électoraux passés, ils dressent un bilan critique sans concession et dénoncent un système caractérisé par «l’amateurisme de l’administration électorale, la fraude, la corruption, les violences multiformes», ainsi que par une culture électorale encore fragile, voire inexistante. Des défaillances qui, estiment-ils, jettent le discrédit sur la démocratie, et nourrissent un climat politique délétère. Ils pointent également du doigt l’inefficacité de la société civile, les failles dans la régulation médiatique, la démographie non maîtrisée et la tendance croissante au militantisme dans les médias, au détriment de l’éthique professionnelle.

L’Église, sentinelle de la paix et de la démocratie

Rappelant sa mission prophétique, l’Église catholique de Côte d’Ivoire se positionne comme une «Église-communion-autonome au service de tous», attentive au développement intégral de l’homme et engagée dans la défense du bien commun. Déplorant une ambiance sociopolitique «délétère», source de peurs, de tensions et d’incertitudes, elle appelle tous les citoyens à rejeter «calomnies, diffamations et replis identitaires, et à valoriser ce qui unit plutôt que ce qui divise».

Liste électorale, éligibilité et institutions

Les évêques ivoiriens dénoncent les exclusions arbitraires de certains citoyens de la liste électorale. Ils exhortent les acteurs majeurs du processus électoral — gouvernement, Commission électorale indépendante (CEI), partis politiques, société civile — à Å“uvrer ensemble, dans un esprit de dialogue et de consensus, pour garantir «une liste véritablement inclusive». 

Concernant la question de l’éligibilité à la présidence, ils appellent à allier respect du droit et bon sens politique, en tenant compte du contexte actuel pour favoriser l’inclusivité et prévenir les tensions. Mais aussi à la mise en place d’une structure véritablement indépendante et professionnelle, condition indispensable pour restaurer la confiance du peuple dans le processus électoral.

Promouvoir la paix

Insistant sur la nécessité d’une culture politique fondée sur la paix et la responsabilité, la Conférence épiscopale encourage tous les acteurs à Å“uvrer en synergie pour une élection véritablement pacifique. «Pour une fois», écrivent-ils, «toute la Côte d’Ivoire doit pouvoir s’approprier, de bout en bout et dans la paix, l’élection de ses dirigeants».

Une démocratie apaisée

Concluant leur message, les évêques élèvent une prière fervente pour «la réconciliation nationale, la fraternité, la paix sociale et la stabilité». Ils formulent l’espérance que l’élection présidentielle d’octobre 2025 marque une rupture positive avec les précédents scrutins, souvent source de fracture sociale.