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Cours au lycée Villanova à Susweni, Manokuary. Cours au lycée Villanova à Susweni, Manokuary.  

Les Augustins en Papouasie, porteurs d'espérance

La structure Villanova offre aux jeunes l'espoir d'un avenir meilleur dans un contexte complexe. Mgr Baru est le premier Augustin à être nommé évêque en ±õ²Ô»å´Ç²Ôé²õ¾±±ð. Il invite à «construire une mission sous la bannière de l'unité, de la paix et de la justice». Et pour le père Jan Pieter, «la principale difficulté est de trouver des fonds».

Guglielmo Gallone - Cité du Vatican

Trois écoles et quatre dortoirs habités par 350 jeunes d'origine autochtone: il s'agit d'un espace géré par les Augustins au sein de la structure du lycée Villanova de Susweni, situé à Maripi, un quartier de Manokwari, capitale de la province occidentale de Papouasie. Un territoire difficile, comme l'a immédiatement déclaré aux médias du Vatican Mgr Bernardus Bofitwos Baru, évêque de Timika: «Le principal problème en Papouasie, c'est la justice. Malheureusement, les politiques gouvernementales peinent encore à mettre fin à la violence. Notre souhait est que la Papouasie devienne un lieu où chacun puisse vivre, étudier, dialoguer».

Les affrontements qui animent la Papouasie

Mgr Baru relate cette réalité avec d'autant plus d'insistance, qu'en plus d'être un fils de cette terre, il est le deuxième Papou natif à être ordonné évêque et le premier augustin à être nommé évêque en Indonésie, comme l'a décidé le Pape François le 8 mars dernier. Le contexte difficile dans lequel il se trouve est confirmé par l'actualité: en juin, plus de 98 523 Papous ont été déplacés à l'intérieur du pays, en raison du conflit armé entre les forces de sécurité indonésiennes et l'Armée de libération nationale de la Papouasie occidentale. Le conflit trouve ses racines dans un certain nombre de facteurs d'ordres géographique, ethnique et historique. La Papouasie occidentale est la partie occidentale, actuellement contrôlée par l'Indonésie, de l'île de Nouvelle-Guinée, la deuxième plus grande au monde après le Groenland.

L'île, culturellement liée à la Mélanésie, est habitée par des peuples autochtones d'origine mélanésienne, majoritairement chrétiens (protestants et catholiques) et attachés aux traditions tribales. Après l'indépendance de l'Indonésie en 1949, la Papouasie occidentale est restée sous contrôle néerlandais, qui a d'abord refusé son intégration à Jakarta, considérant que la région n'était pas liée à l'archipel.

Cependant en 1962, les Nations unies négocièrent l'accord de New York, qui confia temporairement l'administration de la région à l'Indonésie, dans l'attente d'un référendum d'autodétermination, organisé en 1969 sous la forme d'un «acte de libre choix», mais largement contesté. Depuis, les affrontements entre l'armée et les mouvements indépendantistes papous sont fréquents, alimentés aujourd'hui par les intérêts économiques liés au gaz, au bois, à l'huile de palme et surtout aux plus grandes mines d'or et de cuivre du monde.

Père Anthony Banks, délégué pour l'Asie au Conseil général de l'Ordre de Saint-Augustin
Père Anthony Banks, délégué pour l'Asie au Conseil général de l'Ordre de Saint-Augustin

L'engagement des missionnaires augustiniens

«En raison de cette situation, tous les Papous considèrent l'Église comme un hôpital», explique le père Jan Peter, vicaire de Papouasie occidentale, aux médias du Vatican, «c'est-à-dire une maison d'espérance où l'on peut chercher le remède du vivre ensemble. L'Église a accompli beaucoup de choses ici et tous les Papous ont une grande confiance en nous». Le travail des Augustins se concentre en particulier sur l'éducation, les soins de santé, le soutien aux communautés rurales et, surtout, les programmes de protection des droits de l'homme. Arrivés en Indonésie en 1542 grâce à une expédition espagnole et débarqués en Papouasie en 1953 grâce à un frère hollandais, les Augustins sont actifs à Senopi, Ayawasi, Sisweni, Aimas, Manokwari et Sorong, soutenus par le vicariat de Papouasie établi en septembre 2013. Deux ans plus tard, les missionnaires augustins ont repris la gestion d'un jardin d'enfants précédemment ouvert à Maripi, et du lycée Villanova, afin d'offrir aux jeunes un cycle complet d'éducation et l'accès à l'université, une opportunité jusqu'alors impensable pour les Papous.

L'engagement des Augustins du monde

«Réveil à 6 heures, puis prière, petit déjeuner à 7 heures et conférences, suivi du déjeuner et des activités de l'après-midi allant du travail de la terre au sport»: le programme que nous décrit le père Jan Peter est bien rempli, mais il n'est pas sans difficultés quotidiennes. Si Mgr Baru met l'accent sur celles liées à l'éducation et à la mentalité moderne car «aujourd'hui, avec la technologie, il est plus difficile d'éduquer et d'accompagner les jeunes», le père Jan met en avant ce qu'il considère comme «notre principale difficulté: trouver de l'argent. Tous nos élèves viennent de la jungle et de familles autochtones, souvent incapables de payer leurs études. Il y a aussi beaucoup d'enfants qui ne peuvent pas accéder à nos cours: nous avons besoin d'un soutien matériel».

En ce sens, le père Jan remercie «avec un cÅ“ur sincère la Fondation des Augustins du monde, qui nous apporte un soutien unique et précieux». Un engagement confirmé aux médias du Vatican par Maurizio Misitano, directeur exécutif de la Fondation du même nom: «Nous avons visité la Papouasie occidentale pour la première fois en janvier 2016. Il est immédiatement apparu qu'il y avait beaucoup de travail à faire mais, sur recommandation de nos frères, nous avons décidé de développer leur programme éducatif et leur soutien aux familles déplacées par les affrontements entre l'armée indonésienne et les groupes indépendantistes». Grâce à la Fondation, poursuit Misitano, «plusieurs salles de classe du lycée Villanova de Manokwari ont été construites. Le programme de premiers secours aux personnes déplacées se poursuit également. Les défis sont nombreux, mais avec le travail inlassable des frères augustins et les fonds récoltés grâce à nos donateurs, nous pouvons continuer notre travail».

À la recherche de la paix, de l'unité, de la justice

Un défi sous le signe de l'Å“uvre missionnaire et donc du pontificat de Léon XIV qui, en 2003, en tant que prieur général des Augustins, est venu visiter la mission de Papouasie Occidentale. «Il est resté avec nous pendant presque deux semaines», raconte le Père Jan Peter, «il a rendu visite au peuple papou et, surtout, il est allé dans les banlieues pour faire connaissance avec les gens. Un jour, il a même pris un petit avion local pour se rendre dans un endroit sans électricité. Une expérience que je n'oublierai jamais».

Le Pape Léon XIV en 2003
Le Pape Léon XIV en 2003

Aujourd'hui, cet héritage est assumé par l'engagement quotidien d'une Église qui est un point de référence pour tous les peuples autochtones. «Ici, nous parlons plus de 250 dialectes différents, les protestants sont arrivés avec les colons allemands et les catholiques avec les Hollandais», raconte Mgr Baru, «mais aujourd'hui, nous constatons un changement: les jeunes collaborent davantage, ils veulent protéger notre terre et notre patrimoine. Lorsque le Pape Léon XIV a été élu, tout le monde a exprimé son affection et sa gratitude». Mgr Baru conclut donc en espérant que cette unité parviendra à «nous faire trouver la meilleure façon, à partir de l'Évangile, de vivre en frères. Mon souhait est que les gens comprennent combien il est urgent de mettre fin à la violence sur un chemin durable de paix, d'unité et de justice. La Papouasie est pleine de beaux endroits. Espérer la paix ici est obligatoire».

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02 juillet 2025, 08:59