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Le cardinal Pierbattista Pizzaballa c¨¦l¨¦brant la messe dans l'¨¦glise de la Sainte-Famille, le 20 juillet 2025. Le cardinal Pierbattista Pizzaballa c¨¦l¨¦brant la messe dans l'¨¦glise de la Sainte-Famille, le 20 juillet 2025.  (AFP or licensors)

Le cardinal Pizzaballa en est certain: les chr¨¦tiens resteront ¨¤ Gaza-Ville

Le patriarche latin de J¨¦rusalem revient pour Vatican News sur sa visite pastorale ¨¤ la communaut¨¦ chr¨¦tienne de Gaza, endeuill¨¦e jeudi dernier par un bombardement isra¨¦lien: ?J'ai ¨¦t¨¦ frapp¨¦ par les immenses ¨¦tendues de tentes qui n'existaient pas auparavant?. Il pr¨¦cise que l'aide du patriarcat ne s'adresse pas seulement aux chr¨¦tiens et souligne ne pas ¨ºtre ?contre la soci¨¦t¨¦ isra¨¦lienne et le juda?sme?, mais avoir le devoir moral de critiquer la politique adopt¨¦e ¨¤ Gaza.

Antonella Palermo ¨C Cité du Vatican

Dans une interview accordée aux médias du Vatican, le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, relate sa visite de soutien de trois jours à la communauté de Gaza-Ville. Elle s¡¯est conclue par une célébration de la messe dominicale dans l¡¯église de la Sainte-Famille, endommagée le 17 juillet par une attaque militaire israélienne qui a causé la mort de trois personnes et fait une quinzaine de blessés. «Vous ne serez pas oubliés», a rassuré le cardinal depuis l'autel, alors que le grondement des balles perturbait la traduction de l'anglais à l'arabe. «Vous n'êtes pas oubliés. Vous êtes dans le c?ur de toutes les Églises et de tous les chrétiens du monde. Lorsque je retournerai à Jérusalem, je peux vous assurer que nous ferons tout ce qui est possible pour mettre fin à cette guerre insensée. Nous y travaillerons et, en fin de compte, nous réussirons» a-t-il déclaré dans son homélie.

Cardinal Pizzaballa, comment avez-vous vécu la visite à Gaza?

Les images qui me restent, par rapport aux fois précédentes, sont celles des immenses étendues de tentes qui n'existaient pas auparavant. Lorsque j'y suis allé, elles se trouvaient toutes dans le sud, le corridor de Netzarim [corridor établie par l¡¯armée israélienne qui sépare en deux la bande de Gaza, ndlr] se fermait. Aujourd'hui, plus d'un million de personnes n'ont nulle part où vivre. En particulier le long de la mer, il y a de longues étendues de tentes, où les gens vivent dans des conditions extrêmement précaires, tant du point de vue de l'hygiène qu'à tous les autres égards. Et puis, l'autre image, c'est l'hôpital: les enfants mutilés, aveuglés par les conséquences des bombardements.

Dans votre homélie ce dimanche à Gaza, vous avez parlé de la vitalité des paroissiens de la Sainte-Famille...

Oui, je suis toujours étonné, je dois le dire. Ces quelques centaines de personnes, il est vrai, sont très protégées, mais elles ne sont pas exemptes des mêmes problèmes que tout le monde: le manque de nourriture, depuis des mois ils ne voient pas de légumes, ils ne voient pas de viande. Mais je vois, même chez les enfants, certes de la fatigue, mais aussi de la vitalité, de l'envie. Tant qu'il y a une personne qui a envie de faire quelque chose, de changer, c'est qu'il y a encore de la vie en elle, et je l'ai remarqué.

Comment avez-vous vécu le fait de célébrer la messe au son des bombardements?

Le premier jour, cela fait un peu d'effet, puis on s'y habitue. J'ai vu que plus personne n'y prête attention. Nous y compris... Je vois que l'homme est capable de s'habituer à tout. Parfois, les frappes les plus rapprochées, lors desquelles tout le bâtiment tremble, font un peu d'effet, mais on s'y habitue aussi. Il faut aussi parler de ce que les images ne peuvent pas transmettre, l'odeur de la fumée, des explosions, de l'odeur qu'elles laissent derrière elles.

Israël ordonne l'évacuation de Gaza. Qu'adviendra-t-il de la population survivante, épuisée?

Elle restera là. Certains partiront, sans doute, mais la majorité restera là. D'abord parce qu'ils ne savent pas où aller. Ensuite, ils ne veulent pas quitter Gaza-Ville parce qu'ils y ont leurs racines. Ils ont leur maison, ou plutôt, ils y avaient leur maison et ils veulent la reconstruire. Le Pape a été très clair à ce sujet: pas de déplacement de populations, il n'y aura pas de "riviera" à Gaza.

En êtes-vous certain?

J¡¯en suis sûr.

Le Pape a déclaré hier que nous devions respecter, entre autres, l'interdiction des «châtiments collectifs». Quelle a été la résonance de ses propos?

Ils étaient très clairs, très forts et très attendus.

Votre Éminence, il y a une population qui meurt de faim et qui souffre des bombardements pour se procurer le peu de nourriture qu'elle réussit à attraper. Pourquoi?

Nous nous le demandons tous. Nous ne comprenons pas les raisons de tout cela et, comme le Pape l'a dit à juste titre - et nous le répétons également tout le temps -, tout cela ne peut être justifié. Je tiens à préciser une chose: nous n'avons rien contre le monde hébraïque et nous ne voulons absolument pas apparaître comme ceux qui vont à l'encontre de la société israélienne et du judaïsme, mais nous avons le devoir moral d'exprimer avec une clarté et une franchise absolues notre critique de la politique que ce gouvernement adopte à Gaza.

Votre préoccupation ne concerne pas seulement les chrétiens...

Absolument pas. L'autre chose très importante à dire, c'est que nous ne nous sommes jamais préoccupés uniquement des chrétiens. Il était de notre devoir, en tant que pasteurs, de rendre visite à notre communauté, mais depuis le début, nous avons toujours été très clairs sur tout ce qui se passe dans l'ensemble de la bande de Gaza et toutes nos activités, qu'il s'agisse des hôpitaux, de Caritas, de l'aide, sont principalement destinées à l'ensemble de la communauté, à commencer par nos voisins. Elles sont destinées à tout le monde. Le patriarcat latin, notre diocèse, touche - lorsque les frontières le permettaient encore, mais nous reprendrons bientôt - plus de 40 000 personnes, qui sont pratiquement toutes musulmanes.

 

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21 juillet 2025, 16:55