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L'ouverture du Conseil mondial des Religions à Istanbul. L'ouverture du Conseil mondial des Religions à Istanbul.  

Bartholomée Ier ouvre le Conseil mondial des religions pour la paix

Lors de l'ouverture du Conseil mondial des religions pour la paix, mardi 19 juillet à Istanbul, le patriarche œcuménique de Constantinople a évoqué la valeur et l'importance du dialogue interreligieux à une époque dominée par l'économie et la technologie. L'être humain a la dignité de Dieu, il n'est pas «un numéro dans le bilan d'un créancier invisible», a-t-il rappelé.

Giovanni Zavatta - Cité du Vatican

Lors de l'ouverture de la réunion du Conseil mondial des Religions pour la paix en Turquie, en présence d'une soixantaine de représentants du monde entier, dont le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun en Birmanie, le patriarche Å“cuménique Bartholomée Ier est revenu sur la valeur et l'importance du dialogue interreligieux à une époque dominée par l'économie et la technologie: «La rencontre de différentes traditions religieuses, chacune apportant avec elle une expérience unique du sacré, devient la condition nécessaire pour faire face à un manque de sens globalisé, pour reformuler un discours qui ose parler d'amour, de compassion, de miséricorde, de pardon et de sacrifice de soi, non pas comme des valeurs morales abstraites, mais comme des éléments actifs d'une réalité plus pleine».

Dialogue et témoignage

Le témoignage chrétien offre à ce dialogue «une perspective qui ne cherche pas à dominer mais à servir: l'image de Dieu comme communion de personnes, comme relation éternelle d'amour». La paix, a souligné le patriarche Å“cuménique de Constantinople, n'est pas quelque chose d'équilibré de manière statique, mais une réalité dynamique et eschatologique, en somme «l'attente d'une réconciliation finale de toutes choses en Christ».

L'action des religions tire sa signification la plus profonde précisément de l'espérance commune d'un monde futur de justice et d'amour: «Nous ne sommes pas appelés à composer une nouvelle religion mondiale fondée sur le consensus, mais, chacun dans la perspective de sa propre foi, à former une alliance mondiale de conscience, un témoignage prophétique qui maintiendra ouvert l'horizon de la transcendance dans un monde menacé d'étouffement dans les limites de la matérialité. L'unité ne repose pas sur ce que nous croyons en commun, mais sur notre amour commun pour l'humanité et sur notre référence commune au mystère du Dieu unique. C'est la seule paix durable», a observé Bartholomée Ier.  

D'ailleurs, a poursuivi le patriarche, la perte du rapport au sacré a des conséquences existentielles et sociales. La distorsion du concept de plénitude humaine «favorise l'isolement, l'exploitation, la destruction de l'environnement». L'homme cesse d'être conçu comme un être relationnel et se transforme «en une unité autonome qui revendique son bien-être au détriment des autres et du monde naturel». Une désolation spirituelle où erre «une somme d'individus en compétition».

Une économie qui a perdu tout fondement moral

Bartholomée d'ajouter: «La crise mondiale de la dette, en particulier dans les pays à faible et moyen revenu, est l'expression la plus manifeste d'une économie qui a perdu tout fondement moral. Derrière les chiffres impersonnels et les produits financiers complexes se cache une réalité archaïque d'esclavage. Des peuples entiers sont réduits à l'état de serviteurs d'un mécanisme abstrait qui, fondé sur des injustices structurelles et des systèmes de prêt abusifs, épuise leurs richesses, étouffe leur développement et hypothèque leur avenir». Ici, réaffirme-t-il, la vision matérialiste réductionniste du monde trouve son application la plus parfaite: l'homme cesse d'être considéré comme une personne, comme l'image de Dieu, et se transforme en une unité de production et de consommation, en un chiffre dans le bilan d'un créancier invisible.

Parallèlement, l'intelligence artificielle apparaît comme le «fantôme numérique» de cette vision. Pour le patriarche grec-orthodoxe, elle est «la création d'une apparence de raison humaine, d'une intelligence déconnectée de la conscience, du corps et de l'esprit», et soulève «des questions éthiques urgentes». La dette mondiale et l'intelligence artificielle «naissent de la même racine philosophique: l'apothéose de l'abstraction et de l'utilité». Dans le cas de la dette, «l'abstraction est l'argent, séparé de l'économie réelle qui ignore la personne du débiteur», dans le cas de l'intelligence artificielle, «l'abstraction est la donnée qui ignore l'unicité du sujet». Dans les deux cas, «la logique de l'utilité, la recherche de la performance maximale, économique ou informatique, prévaut sur toute autre valeur».

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31 juillet 2025, 13:08