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Linda Bordoni et Devin Watkins – Cité du Vatican

Alors que l'Ukraine subit des bombardements incessants et le traumatisme d'une guerre prolongée, l'Église gréco-catholique ukrainienne demeure une présence inébranlable aux côtés de son peuple, tant sur son territoire qu'à l'étranger. S’adressant à Vatican News, l'archevêque métropolitain Borys Gudziak de l’archéparchie de Philadelphie pour les catholiques ukrainiens aux États-Unis, souligne les défis et les espoirs auxquels l'Église est confrontée en ces temps de grandes souffrances.

L'accompagnement des victimes

«Les évêques ne peuvent pas faire grand-chose», dit-il, mais en réalité, ils arrivent à aider, «ils restent avec les gens. Et c'est ce qui compte le plus», soutient-il. Mgr Gudziak décrit une nation profondément affectée par les déplacements. Depuis le début de l'invasion à grande échelle en 2022, près de 14 millions d'Ukrainiens ont fui leurs maisons. Si certains sont rentrés chez eux, beaucoup restent des déplacés à l'intérieur du pays, ou se sont installés à l'étranger sans plus pouvoir rentrer chez eux.

«Nous essayons de prier avec et pour les gens, d'expliquer ce qui se passe, d'accompagner les victimes sur le chemin de croix», explique-t-il. «Chacun de nous connaît soit quelqu'un qui a été tué, ou quelqu'un qui est réfugié. C'est une expérience universelle». Grâce à son réseau de clercs et de religieux, l'Église, explique Mgr Gudziak, fournit des abris, de la nourriture, des vêtements, un soutien psychologique et des soins médicaux. Les prêtres sont formés à la reconnaissance et à la prise en charge du syndrome de stress post-traumatique, alors que plus de 10 millions de personnes devraient être touchées dans les années à venir.

Les besoins des enfants sont également une priorité. Il raconte comment l'Église organise des camps d'été pour les orphelins et les enfants réfugiés dont beaucoup ont perdu des années de scolarité à cause de la guerre et de la pandémie de COVID-19. «Certains enfants ont perdu cinq années de scolarité», déclare l'archevêque, qui s'inquiète de la montée de l'analphabétisme.

Un synode à Rome

Interrogé sur le récent synode des évêques de l'Église gréco-catholique ukrainienne qui s'est tenu à Rome, l'archevêque Gudziak explique que le thème principal était d'ordre pastoral, mais qu'il était nécessairement lié à la guerre. «Nous nous réunissons chaque année pendant près de deux semaines pour aborder les questions d’actualité et de l'avenir, ce qui inclut également la sélection des candidats aux sièges épiscopaux», déclare-t-il. Cependant, cette année, l'accent a été mis principalement sur la pastorale des familles dans le contexte de la guerre, «parce qu'en dehors de l'Ukraine, nous avons des réfugiés de cette guerre». Quelque 350 000 personnes sont arrivées aux États-Unis au cours des trois dernières années, dit-il, tandis que l'Angleterre en compte à elle seule plus de 150 000.

Parler de la situation de l'Ukraine

Avec des millions d'Ukrainiens vivant à l'étranger, Mgr Gudziak estime que les évêques doivent répondre à leurs besoins spirituels et pratiques. «Nous voulions montrer notre soutien à nos frères évêques en Ukraine, à la fois moralement et matériellement: l'Ukraine de l’Est et l'Ukraine de l’Ouest ont des styles et des contextes pastoraux différents», répète-t-il. «Le sujet principal aujourd'hui est la guerre et la souffrance des gens». Il ajoute que l'Église souhaite «pouvoir parler au monde extérieur, en toute connaissance de cause, de la situation en Ukraine».

Donnant un aperçu de la réalité et de la complexité de l'Église gréco-catholique ukrainienne, il explique qu'elle fait partie de la communion des 23 Églises catholiques orientales, chacune ayant sa propre tradition liturgique et canonique. Actuellement, l'Église compte 36 éparchies à travers l'Ukraine et la diaspora, soutenues par un total de 55 évêques. À Rome, les évêques ont rencontré deux fois le Pape Léon XIV et se sont entretenus avec divers responsables du Vatican.