États-Unis: Mgr Broglio invite à la compassion et à l'accueil des immigrés
Augustine Asta – Cité du Vatican
Alors que les opérations de l’agence de contrôle de l’immigration (ICE) s’intensifient à travers les États-Unis, provoquant des centaines d’arrestations et une vague de manifestations, le président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), exprime son soutien aux personnes ciblés. Dans une interview accordée à Vatican News– Radio Vatican, Mgr Timothy P. Broglio, a lancé un message d’amour et de solidarité.
En effet depuis plus d'une semaine, la ville américaine de Los Angeles est en proie à de vastes manifestations contre la politique de déportations massives de l'administration Trump. Les manifestations, qui se sont étendues à d'autres villes, ont débuté le 6 juin en réponse aux raids menés à L.A. par les agents des services américains de l'immigration et des douanes. La ville californienne a été l’épicentre des tensions autour des interpellations violentes de sans-papiers par la police de l’immigration. Donald Trump avait déployé sur place 4000 soldats de la Garde nationale et 700 Marines, un corps d'élite. Aujourd’hui le calme est revenu à Los Angeles où le couvre-feu en vigueur a été levé, mais les déportations de l'administration Trump continuent. Le président américain a ordonné dimanche 15 juin, de nouvelles opérations antimigrants à Los Angeles, Chicago et New York, en vue du «plus grand programme d'expulsions massives de l'histoire».
La peur, l’incertitude et les familles déchirées
Dans un témoignage poignant, Mgr Broglio décrit la peur omniprésente dans les communautés immigrées: des parents ne sortent plus de chez eux, des enfants ne vont plus à l’école, des familles entières vivent dans l’angoisse de l’arrestation. Il évoque aussi la situation douloureuse des familles séparées. Des enfants citoyens américains dont les parents, sans papiers, risquent l’expulsion du jour au lendemain. «Ces personnes ne sont pas des criminels. Elles travaillent, paient des impôts, élèvent leurs familles. Nous ne pouvons pas rester silencieux», lance-t-il.
Selon Mgr Broglio, les États-Unis font face à une «crise sociale profonde qui remet en question la conscience collective et l’identité même du pays». Pourtant souligne-t-il, l’Amérique est «une nation d’immigrés» et «cette richesse humaine ne peut être balayée au nom de la sécurité». «L’objectif ne peut être l’exclusion, mais la construction d’une société plus juste, où personne n’est laissé pour compte à cause de son statut migratoire», a-t-il affirmé.
Le soutien de l’Église américaine
Face à cette crise, l’Église catholique américaine ne se contente pas de déclarations. Elle mobilise «ses ressources, ses avocats, ses paroisses et ses Å“uvres caritatives» pour offrir un «soutien concret: hébergement, aide alimentaire, assistance juridique». «Ils peuvent compter sur la coopération et la bonne volonté des évêques catholiques de notre pays», fait savoir Mgr Broglio.
L’Église, souligne le président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, «veut se faire l’écho du message du Christ: accueillir l’étranger, défendre la justice et rappeler que chaque être humain mérite respect et dignité, quelle que soit son origine». «Nous reconnaissons la valeur de chaque vie et nous nous engageons à la protéger avec responsabilité et amour évangélique», note-t-il.
Aussi, rappelle-t-il, les immigrés ne sont pas des «chiffres» mais des personnes humaines avec «des droits et des rêves». Mgr Broglio appelle toute la société américaine à «retrouver le sens de l’accueil». Les États-Unis, soutient-il, «ont les moyens d’aider les migrants. Ils ont aussi le devoir moral de le faire.» La réponse aux problèmes migratoires ne peut être «uniquement sécuritaire ou punitive. Elle doit être fondée sur la dignité humaine, la justice et la miséricorde», estime-t-il, tout en dénonçant par ailleurs ces opérations de l’ICE qui «dépassent largement le cadre de la justice pénale» et «affectent des familles entières, souvent sans antécédents criminels, ni accès à une procédure régulière». Le président de l'USCCB appelle donc à une réforme du système migratoire américain qu'il juge «gravement défectueux», et souligne le manque chronique d’accès à un statut légal pour des millions de personnes pourtant intégrées à la vie économique et sociale du pays.
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