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Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Dans sa troisième audience générale mercredi 4 juin 2025, le Pape Léon XIV a lancé un appel vibrant aux jeunes à «répondre sans tarder à l’invitation du Christ». «N’ayez pas peur de travailler dans la vigne du Seigneur», a exhorté le Saint-Père. Cette invitation a rejoint la préoccupation de Guy-Robert Makonko et Mamy-Hélène Dialu, un couple engagé dans l’encadrement des jeunes et des enfants au sein de la communauté congolaise de Rome. Une des difficultés rencontrées dans leur apostolat est la peine pour certains parents de «laisser leurs enfants se rassembler avec les autres, dans les mouvements mis à disposition par l’Église pour l’éducation chrétienne des jeunes». S’il est vrai que dans certaines sociétés «la relation entre les agents pastoraux et les chrétiens a été blessée», disent-ils, elle doit à tout prix être restaurée pour espérer que «l’Église continue sa mission», avec l’implication des uns et des autres.

La foi fait partie des valeurs fondamentales sur lesquelles repose la famille

«Il est plus facile de construire des enfants solides que de réparer des hommes brisés», écrivait l'abolitionniste américain Frederick Douglass (1817-1895). Cette citation, qui de prime abord met l’accent sur la prévention, rappelle aussi la valeur de l’éducation, qui se veut totale. Dans cette perspective, l’épanouissement complet de l’enfant suppose l’intégration des diverses aspects et dimensions de la vie. Dans ce processus, la formation spirituelle et religieuse des enfants constitue une plus-value. «La foi, affirment Guy-Robert et Mamy-Hélène, fait partie des valeurs fondamentales sur lesquelles repose l’institution familiale. La partager et la transmettre aux enfants contribue à leur équilibre et à la stabilité de la famille», d’autant plus que, disent-ils, la famille est aussi «une communauté de solidarité; une équipe au sein de laquelle les membres savent qu'ils peuvent et qu'ils doivent compter les uns sur les autres».

Les valeurs chrétiennes, une stratégie de raffermissement des liens familiaux

La famille doit reprendre conscience de sa vocation et sa mission, entant que cellule de base de la société, affirment Guy-Robert et Mamy-Hélène. Face à la crise que traverse cette cellule berceau de l’humanité, les deux parents estiment que la mise en pratique des valeurs chrétiennes d’«écoute, le dialogue, le partage, le pardon et le renoncement à soi» pourraient constituer «des stratégies de raffermissement des liens familiaux, ainsi résister aux différents ouragans qui peuvent se présenter». Avec cette conscience chrétienne, disent-ils, «les moments de crise peuvent être transformés en opportunité de plus grande découverte de l’autre et l’amour qui dépasse tout». Vécu ainsi, ajoutent-ils, la famille devient un lieu de «transmission et de renforcement de la capacité des enfants à vivre et à aimer authentiquement et pleinement». Seulement alors, disent-ils, pourra-t-on dire que la famille est «la première école de vie».

Intensifier le dialogue avec les enfants

Les enfants sont très souvent privés de voix. Le Pape François ne cessait de le rappeler, manifestant la volonté de leur donner plus de place dans l’Église. Cela est encore moins évident dans les cultures où la tendance générale des parents est d’«étouffer les tendances contraires aux us et pratiques traditionnels». Cette situation se pose comme un défi à surmonter par beaucoup de familles immigrées d’Afrique, désormais dans un contexte de double appartenance culturelle. Il en est aussi le cas pour les familles vivant dans les grands centres urbains du continent, où se vit encore la tension entre la tradition et la modernité, face à une culture globale qui a tendance à étouffer chez les enfants les us et m?urs propres à leur culture.

Dans ce contexte, Guy-Robert et Mamy-Hélène, eux-mêmes immigrés depuis une vingtaine d’années, proposent aux parents d’«intensifier le dialogue avec les enfants, en encourageant ce qu’il y a de bons dans les deux cultures et décourageant ce qu’il y a de moins bon, mais aussi en laissant les enfants s’exprimer». Cela, disent-ils, «renforce le sentiment de confiance chez les enfants vis-à-vis des parents». C’est seulement ainsi, affirment-ils, que l’on peut parvenir à «découvrir les contradictions et les zones d'ombre qu’il y aurait dans la vie des enfants, ensuite les illuminer».

Instaurer un dialogue franc dans l’glise pour survenir aux traumatismes du passé

L’explosion des cas d’abus sexuel avait causé une frustration au sein de certaines Églises. Néanmoins, affirment Guy-Robert et Mamy-Hélène, «la reconnaissance de ces délits devrait constituer un point de départ pour une guérison des blessures causées et le rétablissement de la confiance dans l’Église». Ils expliquent, par contre, que «la restauration de la confiance qui a été compromise ne s’acquière pas en peu de temps» et donc qu’«il faut de la patience dans ce processus». Par ailleurs, pour une plus grande confiance entre les agents pastoraux et les familles, Guy-Robert et Mamy-Hélène invitent l’Église à «repenser la mission et la formation des agents pastoraux, en impliquant les chrétiens» et à «instaurer un dialogue franc et sincère entre les deux parties». Aussi appellent-ils les parents à «susciter chez les enfants des points de vue lavés des généralisations dont certains médias fanatiques nourrissent les esprits».