P¨¨re Rajoelison: un travail de concert doit ¨ºtre fait pour que l¡¯unit¨¦ r¨¨gne en Afrique
Fabrice Bagendekere, SJ ¨C Cité du Vatican
L¡¯avènement de l¡¯Union africaine peut être considéré comme le résultat d¡¯une évolution institutionnelle du continent. En effet, avec la fin de l¡¯aparthéide en Afrique, marquant la fin de l¡¯oppression raciale sur le continent, un processus de réaménagement de l¡¯Organisation de l¡¯Unité Africaine, dont l¡¯objectif premier était l¡¯élimination des derniers vestiges du colonialisme et de l¡¯oppression raciale sur le continent, sera entamé. Ainsi, en 1999, il sera décidé de la création de l¡¯Union, qui sera lancée 3 ans plus tard, en 2002, à Durban, en Afrique du Sud. La nouvelle vision aura pour objectif principal de «bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale».
Une unité encore fragile
23 ans plus tard, la vision d¡¯une Afrique totalement intégrée reste encore à accomplir, quand on considère les multiples conflits, suspicions et accusations entre les États africains. C¡¯est cela l¡¯avis du père Jean Germain Rajoelison, ancien Secrétaire général adjoint du SCEAM, le Symposium des Conférences épiscopales d¡¯Afrique et de Madagascar et directeur de la commission Justice, Paix et Développement au sein de la même institution. Selon le prêtre malgache, la synergie voulue par les pères fondateurs des États africains reste encore «fragile et parfois difficile à instaurer». Par ailleurs, il rappelle que cette aspiration n¡¯a jamais été garantie mais un «but à long terme». D¡¯où son appel aux pays africains à «un travail de concert pour que cette unité règne sur le continent».
La promotion de positions communes, un défi plus ou moins réussi par les États africains
Les préoccupations majeures de l¡¯Union Africaine se trouvent définies dans l¡¯Agenda 2063 de l¡¯Union Africaine et le Programme 2030 des Nations unies. Elles sont principalement axées sur «la lutte contre la pauvre et les efforts à déployer pour l¡¯instauration d¡¯une paix durable, la démocratie et la promotion d¡¯un développement humain durable». Selon le père Rajoelison, malgré les défis auxquels certains pays africains sont encore confrontés, on peut noter «des avancées notables dans la lutte contre la pauvreté et la promotion de la paix et de la bonne gouvernance» sur l¡¯ensemble du continent. Aussi, le prêtre malgache souligne qu¡¯un des combats plus ou moins gagnés par les actuels des chefs d¡¯État africains est «la promotion des positions communes, face à un cotexte de bipolarisation du monde». Un défi plus ou moins relevé jusque-là.
Adoption d¡¯une politique commune de sécurisation des frontières
La résurgence de la violence sur le continent, sans moins de confrontation entre des États voisins, notamment dans la région des grands lacs et au Sahel mettent en péril la stabilité du continent, notamment sur le plan économique. Les tentatives de médiation entreprises par l¡¯Union Africaine ont été vouées à l¡¯échec dans plusieurs des cas. D¡¯où la nécessité, affirme le père Rajoelison, de «mener une réflexion profonde sur les racines des conflits sur le continent». En effet, explique l¡¯ecclésiastique, «les conflits entre dans les différentes zones de l¡¯Afrique peuvent s¡¯expliquer par un certain nombre des facteurs». Il cite l¡¯influence de la géopolitique mondiale, évoquant «la convoitise de certaines puissances» et de «la surenchère dont le continent fait l¡¯objet». Le père Rajoelison recommande aux chefs d¡¯États africains «l¡¯adoption d¡¯une politique commune claire de sécurisation des frontières».
Faire la vérité sur les problèmes du passé pour faire face à l¡¯avenir
L¡¯année 2025 a été déclarée par l¡¯Union Africaine «année de réparation», entendue «pour les africains et les personnes d¡¯ascendance africaine». Au-delà d¡¯un règlement des comptes, explique le père Rajoelison, la volonté des dirigeants africains est de faire «la vérité sur les problèmes du passé, à fin qu¡¯on puisse panser les plaies du passé et les oublier une fois pour toutes». Une telle perspective a aussi pour fin de «faire face à l¡¯avenir», en s¡¯affirmant comme «un acteur fort et crédible sur l¡¯échiquier politique mondial».
Par ailleurs, le prêtre malgache rappelle l¡¯impératif d¡¯une réparation des États africains sur le plan environnemental. Il pointe ici non-seulement les effets du changement climatique dont les conséquences se manifestent de façon aigue sur le continent africain, pourtant classé parmi les moins pollueurs, mais aussi les multiples dommages fonciers commis par les industries minières dans plusieurs pays africains. À ce propos, il invite les dirigeants africains à s¡¯engager pour que «la vérité soit établie sur les différentes violations commises par ces entreprises contre les paysans africains qui dans la plus part des cas sont sans défense».
Le SCEAM pourraient contribuer à éclairer les échanges et décisions de l¡¯UA
Depuis 2015, le Symposium des Conférences épiscopales d¡¯Afrique et de Madagascar a obtenu le statut d¡¯observateur auprès de l¡¯Union africaine. Par ailleurs, ce statut - comme le signifie le titre même d¡¯observateur - ne lui permet pas de participer aux débats menés dans les différentes assemblées, ce qui, selon le père Rajoelison, limite sa contribution à la mise en place des «politiques d¡¯intérêt commun». L¡¯ecclésiastique espère que les dirigeants africains accordent plus de place à cette institution, dont «l¡¯expertise et le fondement religieux pourraient contribuer à éclairer les échanges et décisions» et «la promotion de la dignité humaine». Néanmoins, le prêtre malgache reconnait que cette position d¡¯observateur accorde déjà une visibilité à l¡¯Église sur le continent qui pourrait servir dans «les échanges informels».
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