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Les d¨¦combres de Gaza. Les d¨¦combres de Gaza.  (MAHMOUD ISSA)

?L'espoir s'amenuise ¨¤ Gaza?, alerte le p¨¨re Romanelli

Le cur¨¦ de la Sainte-Famille d¨¦nonce l'absence totale d'aide qui n'arrive pas dans la bande de Gaza depuis trois mois, bloqu¨¦e par l'arm¨¦e isra¨¦lienne. La petite communaut¨¦ chr¨¦tienne abrit¨¦e dans la paroisse, continue de r¨¦sister et de prier. ?Nous sommes reconnaissants au Pape L¨¦on XIV pour ses paroles et nous le sentons proche?, affirme-t-il.

Roberto Cetera - Cité du Vatican

Sur un ton plein de sincérité, le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Gaza, confie aux médias du Vatican, que «l'espoir s'effrite, car ici les gens ont le sentiment d¡¯être considérés et traités comme des objets, et non comme des personnes ayant des droits». «Des objets que l'on peut déplacer comme l¡¯on veut. La grande majorité des habitants de Gaza sont des civils qui ne participent pas au conflit armé. Notre communauté doit résister, car un signe de présence chrétienne doit rester à Gaza», ajoute-t-il.  

«Au-delà du manque de nourriture, d'eau potable, de médicaments, du danger, je souhaite que l¡¯espérance ne se perde pas. Je souhaite que cette maudite guerre prenne fin, et que la paix revienne, que nous puissions rester sur cette terre et reconstruire nos maisons détruites, que notre petite communauté chrétienne résiliente puisse continuer à être un témoin du Ressuscité», déclare le curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Gaza.

Père Gabriel, quelle est actuellement la situation de la communauté chrétienne réfugiée dans l'enceinte de la paroisse depuis près de 20 mois? 

Grâce à l'aide qui vient de l'Église et de nombreux amis du monde entier, nous avons réussi jusqu'à présent à aider non seulement les nôtres, mais aussi des dizaines de milliers de familles qui, indépendamment des religions qu'elles professent et des régions dont elles sont originaires, demandent de l'aide par notre intermédiaire. Mais aujourd'hui, depuis près de trois mois, nous n'avons rien reçu de l'extérieur de la bande: toute aide, qu'il s'agisse de nourriture, d'eau ou de médicaments, est bloquée à l'entrée par l'armée israélienne. Mais nous avions stocké beaucoup de ces choses et, en les rationnant, nous avons réussi à survivre, seulement maintenant nous ne pouvons plus aider en dehors de notre communauté.

Nous avons encore de la farine pour faire du pain, mais nous devons la tamiser plusieurs fois parce qu'elle est pleine de vers, et nous devons toujours purifier l'eau pour éviter les maladies. Nous trouvons des légumes chez certains agriculteurs ou dans des stands improvisés, mais ils sont très chers. Un seul oignon coûte en moyenne 10 euros. Les tomates sont un peu moins chères: un kilo coûte plus de 15 euros. Il nous faut donc maintenant gérer judicieusement les stocks restants pour nos près de 500 réfugiés, dont la cinquantaine d'enfants accueillis par les religieuses de Mère Teresa.

Nulle part dans la bande de Gaza nous ne trouvons des couches, qui sont absolument nécessaires pour les petits et les personnes âgées. Lorsque nous en trouvons, elles coûtent pas moins de 3 euros l'unité. La situation des médicaments est donc désespérée, car nous avons également épuisé les stocks. Et c'est particulièrement grave pour les personnes atteintes de maladies chroniques, de maladies cardiaques, d'hypertension, les diabétiques, qui n'ont plus de traitement. Partout, il y a des besoins. Mais surtout, personne ne sait aujourd'hui ce qu'il adviendra de la vie de 2,3 millions d'habitants. Et c'est cette incertitude qui génère la perte d'espoir. Ils se sentent abandonnés de tous, ils ont l'impression que seul Dieu se préoccupe de leur sort.


Entendez-vous des explosions près de chez vous?

Oui, souvent. Elles semblent se concentrer plus au nord. Mais nous les entendons tout le temps et nous recevons souvent des éclats, même des gros. Il y a une situation surréaliste d'«habitude». En ce moment même, des enfants jouent dehors dans l'oratoire; et s'ils entendaient des explosions, même à proximité, ils continueraient à jouer. Parce que le danger est confié au destin. Lorsque des chasseurs-bombardiers israéliens passent, les gens se réfugient à l'intérieur, attendent quelques minutes que tombent peut-être quelques éclats d'obus, puis sortent à nouveau pour poursuivre leur vie normale. L'horreur est devenue une habitude. Il en est de même à l'église: étant en prière tous ensemble, des éclats d'obus tombent parfois de façon soudaine sur le toit; les fenêtres s'ouvrent brusquement en raison du mouvement de l'air. Nous continuons à prier dans de telles circonstances, et cette habitude nous donne plus de sécurité.

Pendant de nombreux mois, vous avez été réconfortés par l'appel téléphonique quotidien du soir du Pape François. Aujourd'hui, il y a le Pape Léon XIV. Qu'attendez-vous du nouveau Pontife?

L'appel de François à 20 heures a été surnommé «l'heure du Pape». Nous continuons encore aujourd'hui, tous les soirs à 20 heures, à faire sonner les cloches avec l'Ave Maria pour nous rappeler cet appel, et il y a ceux qui, en entendant les cloches, continuent à crier «Bonsoir Saint-Père», parce que sa présence demeure parmi nous. Ce que le Pape François a fait pour nous est absolument extraordinaire et sans précédent dans l'histoire. Avec le Pape Léon XIV, nous avons immédiatement ressenti un encouragement à persévérer lorsqu'il a commencé son premier discours par ses premiers mots d'invocation à la paix. Nous avions installé l'écran dans l'église et, par chance, il y avait de l'électricité et de l'internet ce soir-là. Nous étions tous ensemble, catholiques et orthodoxes, ainsi que de nombreux amis musulmans, heureux d'entendre le nouveau Pape appeler à la paix. Pour Gaza et pour le monde.

Père Gabriel, voudriez-vous profiter de cette interview pour envoyer un message au Pape Léon? 

Je tiens à lui dire que nous sommes très reconnaissants pour ses paroles de paix et que toute la communauté prie pour lui.  Nous ne sommes pas les seuls, les catholiques, les orthodoxes et les musulmans savent qu'ils ont un père. La proximité du Pape François a été la proximité de toute l'Église. Et nous continuons à la ressentir avec le Pape Léon. Il est le Successeur de Pierre, le père de l'Église et le père de tous. De tous.

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22 mai 2025, 11:53