? Gaza, on prie pour que l'appel ¨¤ la paix de L¨¦on XIV soit entendu
Marie Duhamel ¨C Cité du Vatican
«Que la paix soit avec vous tous», furent les premiers mots adressés par Léon XIV à la foule, le soir de son élection. Dimanche 11 mai, dans la lignée de ses prédécesseurs, le Pape élu a tourné son regard vers les populations en souffrance en raison de la guerre, en Ukraine ou au Proche-Orient et en particulier la bande de Gaza meurtrie, appelant à ce que le feu «cesse immédiatement». «Profondément attristé» par la situation sur place, le Pape a aussi souhaité «qu'une aide humanitaire soit apportée à la population civile épuisée et que tous les otages soient libérés». Entretien avec le père Gabriele Romanelli, curé de la Sainte-Famille à Gaza-ville.
Après l¡¯attention paternelle du Pape François, qu¡¯avez-vous ressenti lors des premières interventions de Léon XVI? Comment ont-elles résonné en vous?
Nous étions vraiment très heureux et saisis aussi par le fait que dès le début de son pontificat, le Pape ait parlé de la paix. «Que la paix soit avec vous tous», en rappelant qu¡¯il s¡¯agit du message de notre Seigneur ressuscité. Dès ses premières paroles, par huit fois, il a utilisé le mot «paix». Nous étions ensemble, catholiques et orthodoxes dans l¡¯église, et tout le monde ici a compris qu¡¯il portait la paix dans son c?ur. Le Pape a parlé de la paix pour tous, et cela vaut pour nous aussi. D¡¯ailleurs, il est revenu lors du Regina C?li sur la douleur due à la guerre. Il nous a touché et nous espérons que les puissants de ce monde arrêtent cette guerre. Nous prions tout le temps pour le Saint-Père, nous sommes très attachés au Successeur de Pierre, à François et aujourd¡¯hui à Léon.
Quelle peut être la force de ces appels de paix?
La parole a une force spéciale. Nous avons, c'est vrai, besoin que se réalise l'appel du Saint-Père aux puissants du monde et qu¡¯ils arrêtent cette guerre. Mais la parole possède une force spirituelle, une force de consolation. Nous l¡¯avons expérimenté pendant toute cette guerre. La situation est terrible. Ici, nous avons tant de réfugiés. Je ne sais pas si vous entendez derrière moi. Des jeunes jouent au football, d¡¯autres pratiquent leur chant au sein de la chorale pour l¡¯adoration et la messe. C¡¯est une vie «ordinaire», mais rythmée par les bombardements. La nuit dernière (entre dimanche 11 mai et lundi 12 mai), ils ont été terribles. Tout tremblait. Heureusement, nous n¡¯avons pas eu de blessés, mais les besoins de nourriture¡ Ils touchent toute la bande de Gaza. Nous divisons et partageons tout ce que nous avons ici entre nous, avec les 500 réfugiés, et avec nos voisins, mais cela fait un mois que rien ne rentre dans la bande de Gaza.
Mais au-delà des besoins alimentaires, le principal, c¡¯est ce que cette guerre doit finir. Les gens sont plongés dans la dépression. Ils voient que personne ne les protège, ni ne les encourage pour leur dire que «oui, vous avez le droit de vivre ici et d'être présent dans votre terre».
On annonce de manière récurrente des négociations à Doha, au Caire, sans que cela n¡¯aboutisse la plupart du temps. Comment vivez-vous ces promesses hélas souvent soldées d¡¯échecs ou, par exemple, l¡¯annonce ce lundi de la libération du dernier otage israélo-américain?
C¡¯est dur, parce que pendant un an et demi, on a entendu plusieurs promesses¡ Mais la nouvelle de la libération de cet otage israélo-américain est une nouvelle splendide car ce pourrait être le début de la fin de cette guerre. Nous avons en outre entendu que plusieurs délégations se rencontraient pour discuter d¡¯un nouveau cessez-le-feu. C¡¯est une chose absolument nécessaire. Il est absolument nécessaire que les otages soient tous libérés, que l¡¯aide humanitaire arrive, et que la guerre prenne fin. Il faut qu¡¯on commence à donner la possibilité à cette population de plus de 2 millions de personnes la possibilité de rebâtir leur vie, ici, dans leur terre.
Une vie digne chez eux¡
C¡¯est cela, parce que tout le monde est plongé dans la détresse mais aussi dans la dépression. Les personnes ont tout perdu, leur maison, leur travail, leur lieu de travail, les écoles de leurs enfants... Et en plus de cela, ils vivent avec la menace d¡¯un déplacement, d¡¯une invasion militaire élargie. C¡¯est une menace bien présente, et qui vient après une année et demie de guerre. Et ici, nous savons ce que signifie une invasion terrestre. On ne doit pas oublier que la communauté chrétienne a perdu 5% de ses membres dans cette guerre. Plus de 50 chrétiens sont morts et, parmi eux, 20 ont été tués dans des bombardements et à cause de tireurs d¡¯élite le jour de l¡¯invasion du quartier. La peur existe et c'est pour ça qu'on espère que la prière et l¡¯appel du Pape François et maintenant du Pape Léon, soient vraiment écoutés pour le bien de tous, pour la paix des Israéliens et des Palestiniens, pour l'avenir de tout et plus spécialement des générations les plus jeunes. Nous avons tant d¡¯enfants ici, d¡¯adolescents pour qui la guerre est une partie essentielle de leur vie. Nous ne devons pas permettre que cela se poursuive.
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