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Augustine Asta – Cité du Vatican

Dans son intervention à la Krishibid Institution Bangladesh, le cardinal George Jacob Koovakad, a souhaité faire ressortir la conception qu'a l'Église catholique du «dialogue, de la culture et du rôle des jeunes et des intellectuels dans la promotion du dialogue interreligieux pour la paix et l'harmonie dans une société pluraliste». Car il est essentiel «de reconnaître l'importance accordée par l'Église catholique à la promotion du respect mutuel, de la compréhension mutuelle et de la collaboration entre les chrétiens et les personnes d'autres religions», a-t-il déclaré. C’est pourquoi il faut que «tous les groupes s'engagent dans des initiatives qui favorisent la justice sociale et la paix pour le bien commun». Et que l'Église, a-t-il ajouté, «encourage toutes les personnes de bonne volonté à adhérer aux trois principes fondamentaux du dialogue interreligieux: respecter les croyances des autres, comprendre les différentes perspectives et se montrer disposé à apprendre les uns des autres».

Nostra Aetate et le dialogue ouvert

Le préfet du dicastère pour le Dialogue Interreligieux a affirmé que c’est dans un esprit de dialogue ouvert, que le document Nostra Aetate (1965) du Concile Vatican II, qui se traduit par «À notre époque», a reconnu avec «audace» que s’agissant de l'islam par exemple: «L'Église considère aussi avec estime les musulmans. Ils adorent le Dieu unique, vivant et subsistant en lui-même, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes...» (NA, 3).

Le document souligne également, a-t-il ajouté, qu’«étant donné qu'au cours des siècles, de nombreuses querelles et hostilités ont surgi entre chrétiens et musulmans, ce saint concile exhorte tous à oublier le passé et à ?uvrer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu'à préserver et promouvoir ensemble, pour le bien de toute l'humanité, la justice sociale, le bien-être moral, la paix et la liberté» (NA, 3).

Nostra Aetate a precisé le cardinal Koovakad «reconnaît les griefs historiques», mais «nous exhorte également à ?uvrer dès maintenant à la compréhension mutuelle», a-t-il fait remarquer. Le document a poursuivi le cardinal «appelle à la collaboration». Car a-t-il dit, les chrétiens et les musulmans, «peuvent collaborer dans de nombreux domaines humanitaires, tels que la protection de la vie, le caractère sacré du mariage et de la famille, la gestion de l'environnement et les initiatives visant au désarmement nucléaire».

Les Papes, modèles de promotion du dialogue interreligieux

Les récents Papes, «guidés par les enseignements de l'Église catholique, ont montré leur engagement à comprendre et à respecter les musulmans et les personnes d'autres religions ainsi que leurs croyances chères», a soutenu le cardinal George Jacob Koovakad. Ils ont préconisé a-t-il ajouté de «lutter contre l'ignorance, de combattre l'extrémisme et de s'attaquer à toutes les formes de discrimination», tout en exhortant «les croyants à ?uvrer ensemble pour protéger la dignité humaine et le droit de pratiquer sa foi».

Pour étayer son argumentaire, le cardinal a alors cité en exemple le Pape Paul VI (1963-1978) qui lors de son pontificat au cours d'un voyage en Ouganda en 1969, a exprimé «son profond respect pour la foi islamique et a formulé le souhait que ce que nous avons en commun serve à unir les chrétiens et les musulmans de manière toujours plus étroite dans une fraternité authentique».

Aussi, a-t-il indiqué «au c?ur de l'approche du Pape Jean-Paul II se trouve un respect sincère pour la vérité présente dans les religions non chrétiennes». Cette reconnaissance selon le préfet du dicastère pour le Dialogue Interreligieux «encourage les chrétiens à s'engager avec les autres» non seulement pour «partager leurs propres croyances», mais aussi avec une ouverture sincère pour «apprendre et s'enrichir des idées des autres», a detaillé le cardinal.

De son côté Pape Benoît XVI (2005-2013), avait pour sa part souligné durant tout son pontificat l'importance «de comprendre les religions des autres selon leur propre perspective», tout en insistant sur l'importance de partager les expériences religieuses, indiquant que «même si nous ne partageons pas les mêmes doctrines, nous pouvons néanmoins nous enrichir, tant sur le plan spirituel que personnel».

Le cardinal a rappelé par ailleurs que le Pape François (2013-2025) était également un «fervent défenseur du dialogue interreligieux», qu'il considérait comme un «signe providentiel» et une «alternative essentielle au conflit». Par des échanges théologiques, par des actes de coopération et en favorisant une culture de la rencontre avec les dirigeants et les fidèles de différentes religions, le Pape François a encouragé le «dialogue de diverses manières» afin de «construire un monde plus habitable et plus pacifique». Pendant son pontificat, a precisé le cardinal, le Pape François pour marquer son engagement s'est rendu dans 13 pays à majorité musulmane: l'Égypte, l'Irak, les Émirats arabes unis, Bahreïn, la Turquie, le Maroc, la Bosnie-Herzégovine, le Bangladesh, la Jordanie, la Palestine, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Albanie et l'Indonésie.

Le Document sur la fraternité humaine 

Pour le préfet du dicastère pour le Dialogue Interreligieux, le Document sur la fraternité humaine, signé par le Pape François et le grand imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, le 4 février 2019, lors d' une rencontre interreligieuse à Abu Dhabi, est «l'un des fruits mémorables du long parcours fraternel des musulmans et des catholiques». Le document «exhorte tous les croyants en Dieu, et même l'ensemble de la communauté humaine, à unir leurs forces et à travailler ensemble comme des frères et s?urs, soulignant la nécessité de cultiver une culture de respect mutuel entre les personnes».

Face aux nouveaux conflits qui éclatent, accompagnés d'une montée des tensions et d'une accumulation inquiétante d'armes, d'innombrables personnes sont confrontées à la pauvreté et à la maladie, il faut «redécouvrir des valeurs telles que la paix, la justice, la bonté, la beauté, la fraternité humaine et la coexistence», a estimé le cardinal.

La culture, un «pont entre le passé et l'avenir»

Le Bangladesh est un pays «doté d'une culture riche», a développé le cardinal. Avec des «traditions qui rassemblent les gens dans la joie et la créativité et font d'eux des frères et s?urs, votre culture est un pont entre le passé et l'avenir», a t-il encore spécifié. C’est pourquoi, il est important que les jeunes «s'ouvrent à la diversité des idées, des opinions, des cultures et des religions dans la société et dans le monde», a t-il fait savoir. Car «être jeune aujourd'hui comporte à la fois des opportunités et des défis», a-t-il fait remarquer. Il faut pour cela «trouver un équilibre entre tradition et modernité». «Rester fidèles à vos racines tout en embrassant des idées mondiales» a recommandé aux jeunes, le préfet du dicastère pour le Dialogue Interreligieux.