Le »å¾±³¦²¹²õ³Ù¨¨°ù±ð des Causes des saints
Alessandro Di Bussolo ¨C Cité du Vatican
C'est le dicastère du Vatican chargé d'examiner la vie des candidats à la canonisation: rechercher dans leurs caractéristiques celles de l'Évangile, afin que chaque chrétien puisse les considérer comme des témoins crédibles et surtout imitables. Derrière la proclamation d'un saint se cache un engagement collectif scrupuleux, qui peut durer des décennies. Le préfet du dicastère des Causes des saints est le cardinal Marcello Semeraro, tandis que le secrétaire est l'archevêque Fabio Fabene.
Aperçu historique
En 1969, saint Paul VI, avec la constitution apostolique , a créé les congrégations pour le Culte divin et pour les Causes des saints, en répartissant entre elles les tâches de la Sacrée Congrégation des Rites. La même constitution articule la structure de la nouvelle congrégation en trois bureaux: le bureau judiciaire, celui du promoteur général de la foi et le bureau historique-hagiographique. Avec la constitution apostolique de 1983, saint Jean-Paul II a procédé à une réforme en profondeur de la procédure des causes de canonisation (qui doivent être instruites par les évêques diocésains iure proprio) et à la restructuration de la congrégation, qui a été dotée, entre autres, d'un collège de rapporteurs, chargé de préparer les Positiones super Martyrio ou super Vita, Virtutibus et Fama Sanctitatis des serviteurs de Dieu. Par la suite, avec la constitution apostolique de 1988, il a changé son nom en congrégation pour les Causes des saints. En 2022, avec la constitution apostolique , le Pape François a modifié son nom en dicastère pour les Causes des saints. En vue du Jubilé de 2025, François a institué, au sein du dicastère, la «Commission des nouveaux martyrs-témoins de la foi», chargée d'élaborer un catalogue de tous ceux, y compris ceux d'autres confessions chrétiennes, qui ont versé leur sang pour confesser le Christ et témoigner de son Évangile.
Les compétences
Comme le rappelle la constitution apostolique Praedicate Evangelium, ce dicastère est chargé de suivre le processus de béatification et de canonisation des serviteurs de Dieu en assistant les évêques dans l'enquête sur le martyre ou les vertus héroïques ou l'offrande de la vie et les miracles d'un fidèle catholique. Une fois la cause ouverte, il est appelé serviteur de Dieu, et il est toujours nécessaire qu'il jouisse d'une «renommée de sainteté» authentique, répandue et durable, c'est-à-dire de l'opinion commune selon laquelle sa vie a été intègre, riche en vertus chrétiennes et féconde pour la communauté chrétienne.
La nouvelle réglementation sur les causes des saints, introduite en 1983, a considérablement raccourci la durée des processus de béatification et de canonisation. La durée des causes dépend toutefois de nombreux facteurs: du nombre de témoins et de spécialistes à entendre lors de l¡¯instruction diocésaine, qui peut atteindre plusieurs dizaines, au temps nécessaire à la rédaction des Positiones, jusqu'à l'examen par les consulteurs théologiens et historiens. Il faut ensuite compter le temps nécessaire aux experts médicaux pour examiner un éventuel miracle de guérison. Si ces étapes sont positives, la cause est ensuite transmise à la session ordinaire des membres du dicastère, les cardinaux et les évêques. Le dernier mot revient au Pape, à qui le préfet soumet les différentes causes pour approbation. Le bilan spirituel et pastoral de ces 56 années depuis la création de la congrégation pour les Causes des saints, compte, jusqu'en 2020, 3003 béatifications et 1479 canonisations. Chaque année, comme il y a normalement deux sessions ordinaires par mois et que chacune examine trois ou quatre causes, le nombre de celles qui sont menées à terme en un an est de 70 à 80.
Partant de la «renommée de sainteté et de signes» auprès du peuple de Dieu, l'enquête commence dans le diocèse. Une fois transmise à Rome, elle est confiée à un rapporteur qui guidera le postulateur dans la préparation du volume où sont synthétisées les preuves recueillies dans le diocèse afin de reconstituer la vie et de démontrer les vertus ou le martyre ainsi que la renommée de sainteté et de signes du serviteur de Dieu. Il s'agit de la Positio, étudiée par un groupe de théologiens et, dans le cas d'une «cause ancienne» concernant un candidat ayant vécu il y a très longtemps, également par une commission d'historiens. Si leur avis est favorable, le dossier est soumis à un jugement supplémentaire des cardinaux et des évêques du dicastère. En cas d'approbation, le Pape peut autoriser la promulgation du décret sur l'héroïcité des vertus chrétiennes, sur le martyre ou sur l'offrande de la vie du serviteur de Dieu, qui devient ainsi vénérable.
La béatification est l'étape intermédiaire en vue de la canonisation. Si le candidat est déclaré martyr, il devient immédiatement bienheureux, sinon il est nécessaire qu'un miracle soit reconnu, dû à son intercession: une guérison jugée scientifiquement inexplicable par une commission médicale composée de spécialistes, croyants et non croyants. Le miracle est également examiné d'abord par les consulteurs théologiens, puis par les cardinaux et les évêques du dicastère, et le Pape autorise le décret correspondant. Pour que le bienheureux puisse être déclaré saint, il faut lui attribuer l'intercession efficace dans un deuxième miracle, survenu toutefois après la béatification. Le dicastère établit la procédure canonique à suivre pour vérifier et déclarer l'authenticité des reliques des saints et pour garantir leur conservation. Il statue sur l'octroi du titre de docteur de l'Église à un saint, après avoir obtenu le vote du dicastère pour la Doctrine de la Foi sur son éminente doctrine.
Le travail administratif et les dépenses
La cause de béatification et de canonisation est un travail complexe et articulé, avec des dépenses liées au travail des commissions, à l'impression des documents, aux réunions d'experts. Le dicastère veille toujours à limiter les coûts, et les règles administratives approuvées par le Pape François en 2016 garantissent la transparence et la régularité administratives. Alimenté de diverses manières, un «Fonds de solidarité» a également été créé au sein de la congrégation pour les Causes disposant de ressources moindres.
La renommée de sainteté
La cause de béatification et de canonisation concerne un fidèle catholique qui, de son vivant, à sa mort et après sa mort, a joui d'une renommée de sainteté, de martyre ou d'offrande de sa vie. Pour entamer un processus de béatification, il est donc toujours nécessaire qu'il existe une certaine «renommée de sainteté» de la personne, c'est-à-dire l'opinion commune des gens selon laquelle sa vie a été intègre et riche en vertus chrétiennes. Cette renommée doit durer et peut s'amplifier. Ceux qui ont connu la personne parlent de l'exemplarité de sa vie, de son influence positive, de sa fécondité apostolique, de sa mort édifiante.
La phase diocésaine
La canonisation n'est que la dernière étape d'un processus qui en comprend plusieurs autres: pour devenir officiellement saint, le candidat doit d'abord être serviteur de Dieu, puis vénérable, puis bienheureux. On appelle serviteur de Dieu le fidèle catholique dont la cause de béatification et de canonisation a été engagée. La première étape doit donc être l'ouverture officielle du procès. La personne est définie comme serviteur/servante de Dieu et le postulateur, spécialement nommé par l'évêque, recueille des documents et des témoignages qui peuvent aider à reconstituer la vie et la sainteté du sujet. L'objectif est souvent de vérifier l'héroïcité de ses vertus, c'est-à-dire sa disposition habituelle à faire le bien avec fermeté, continuité et sans hésitation. Il faut donc démontrer que le candidat les a pratiquées à un niveau très élevé, hors du commun. Dans d'autres cas, l'objet de la vérification concerne les conditions requises pour le martyre chrétien. La reconstitution se fait en suivant deux pistes: en écoutant les témoignages oraux des personnes qui ont connu le serviteur de Dieu et peuvent rapporter avec précision des faits, des événements, des paroles; en rassemblant les documents et les écrits concernant le serviteur de Dieu. Si les conditions préalables semblent réunies, l'évêque peut introduire la cause en vue de la canonisation. Le processus de béatification, sauf dispense papale particulière, ne peut commencer avant qu'au moins cinq ans se soient écoulés depuis le décès du candidat. L'évêque diocésain nomme un tribunal composé d'un de ses délégués, d'un promoteur de justice (au niveau de la congrégation, il y aura ensuite un promoteur général de la foi) et d'un notaire actuaire. Une commission historique spéciale rassemble tous les documents concernant le serviteur de Dieu et ses écrits. Enfin, deux censeurs théologiens doivent évaluer ces mêmes écrits afin de déterminer s'ils contiennent quelque chose de contraire à la foi ou à la morale. Toutes les informations sont rassemblées puis scellées au cours d'une session de clôture présidée par l'évêque.
La phase romaine
Une fois ce travail terminé, la phase diocésaine du procès est close et tout le matériel est remis à Rome au dicastère des Causes des saints qui, par l'intermédiaire de son rapporteur, guidera le postulateur dans la préparation de la Positio, c'est-à-dire le volume qui résume les preuves recueillies dans le diocèse; c'est ainsi que commence la phase dite romaine du procès. La Positio doit démontrer avec certitude la vie, les vertus ou le martyre et la renommée relative du Serviteur de Dieu. Elle sera étudiée par un groupe de théologiens et, dans le cas d'une «cause historique» (celle qui concerne un candidat ayant vécu il y a très longtemps et pour lequel il n'y a pas de témoins oculaires), également par une commission d'historiens. Si ces votes sont favorables (au moins à la majorité qualifiée), le dossier sera soumis à un jugement supplémentaire des évêques et des cardinaux du dicastère. Si le jugement de ces derniers est également favorable, le Saint-Père peut autoriser la promulgation du décret sur l'héroïcité des vertus ou le martyre du serviteur de Dieu, qui devient ainsi vénérable: il est reconnu comme ayant vécu les trois vertus théologales (foi, espérance et charité) et les quatre vertus cardinales (prudence, justice, force et tempérance) à un degré «héroïque», ou comme ayant subi un véritable martyre. Les candidats à la sainteté peuvent en effet être: les martyrs, ceux qui ont accepté chrétiennement d'être tués par haine de la foi; les soi-disant confesseurs, c'est-à-dire ceux qui ont été témoins de la foi, mais sans le sacrifice suprême de leur vie. De plus, depuis 2017, il est possible d'accéder à la canonisation par une troisième voie: l'offrande de la vie, sans être tué par haine de la foi et sans l'exercice prolongé de vertus héroïques; il s'agit de personnes qui ont volontairement et librement offert leur vie pour les autres, persévérant «jusqu'à la mort dans cette intention, dans un acte suprême de charité».
La béatification
La béatification est l'étape intermédiaire en vue de la canonisation. Si le candidat est déclaré martyr, il devient immédiatement bienheureux, sinon il est nécessaire qu'un miracle, dû à son intercession, soit reconnu. Cet événement miraculeux est généralement une guérison jugée scientifiquement inexplicable par une commission médicale convoquée par la congrégation pour les causes des saints et composée de spécialistes croyants et non croyants. Pour que le miracle soit reconnu, il est important que la guérison soit complète et durable, et dans de nombreux cas, rapide.
Après cette approbation, les évêques et les cardinaux de la congrégation se prononcent également sur le miracle et le Saint-Père autorise le décret correspondant. Ainsi, le vénérable peut être béatifié. À la suite de cette proclamation, le bienheureux est inscrit au calendrier liturgique de son diocèse ou de sa famille religieuse, à la date anniversaire de sa mort ou à une date jugée particulièrement significative.
La canonisation
Pour parvenir à la canonisation, c'est-à-dire pour qu'il puisse être déclaré saint, il faut attribuer au bienheureux un deuxième miracle, survenu toutefois après la béatification. Pour établir qui est saint, l'Église utilise donc toujours une vérification canonique: si autrefois on pouvait devenir saint simplement par acclamation populaire, c'est au moins depuis le XVIe siècle que l'Église a commencé à se doter de règles spécifiques, afin d'éviter les confusions et les abus. Comme dans tous les procès, il y a ici aussi une sorte d'accusation et de défense. L'avocat de la défense, si l'on peut utiliser ce terme, est le postulateur, chargé de démontrer la sainteté du candidat. Celui qui est chargé de «passer au crible» les témoignages et les documents est quant à lui le promoteur de la foi (communément appelé «l'avocat du diable»). Le premier est nommé par celui qui a proposé d'instruire la cause, le second est au service du dicastère.
Cas particuliers
Le Pape peut prendre des décisions particulières. Le Pape François l'a fait pour Jean XXIII, devenu saint en raison de sa renommée de sainteté, répandue depuis des décennies dans le monde entier, sans qu'un deuxième miracle lui ait été reconnu. Une procédure extraordinaire a également été suivie par Benoît XVI pour Jean-Paul II, dont la cause de béatification a été ouverte quelques semaines après sa mort, sans attendre les cinq ans prévus. En outre, il existe des cas qui procèdent par équipollence, appliquée aussi bien aux cas de béatification qu'à ceux de canonisation. Il s'agit d'une procédure utilisée par l'Église, par laquelle le Pape, après les vérifications nécessaires, approuve un culte existant depuis longtemps, sans attendre la réalisation d'un miracle. Elle se distingue des béatifications et des canonisations formelles, pour lesquelles l'Église prévoit un processus régulier et le miracle correspondant. On parle alors de canonisation équipollente.
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