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Xavier Sartre – Cité du Vatican

C’est un rapport «commun et particulier», comme l’avait défini Paul VI en 1966, celui entre les évêques italiens et le Pape. Le Souverain pontife est en effet évêque de Rome et primat d’Italie. Ce lien, rappelé par le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne et par le Pape lors de leur rencontre ce mardi matin au Vatican, Léon XIV le veut marqué des principes de la «collégialité». Réunis dans la salle des Bénédictions que traversent les Papes se rendant au balcon de la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, comme le fit François lors de sa dernière apparition publique le jour de Pâques, et comme le fit quelques jours plus tard Léon XIV lorsqu’il se présenta le soir de son élection, le Pape et les évêques italiens ont eu leur première rencontre officielle.

Cette collégialité abordée par le nouveau Pape, doit être selon lui la manière dont l’épiscopat italien est appelé à vivre son ministère, autrement dit: collégialité entre évêque et collégialité avec le Successeur de Pierre. Cela doit aussi se vérifier dans «une saine coopération avec les autorités civiles», la Conférence épiscopale étant un «lieu de confrontation et de synthèse de la pensée des évêques autour des thématiques les plus pertinentes pour le bien commun».

Les défis de l'Église italienne

Si l’Église en Italie est une réalité encore très vivante, comme le soulignait Benoît XVI en 2006, elle doit affronter de nouveaux défis liés «au sécularisme, à une certaine désaffection envers la foi et à la crise démographique» remarque Léon XIV, et face à cela, elle doit faire preuve d’audace, comme l’estimait déjà François en 2107. Le Pape indique alors plusieurs voies à creuser.

Tout d’abord, un «élan renouvelé dans l’annonce et dans la transmission de la foi» est «nécessaire» afin de placer Jésus au centre et d’«aider les personnes à vivre une relation personnelle avec Lui, pour découvrir la joie de l’Évangile». Il faut revenir aux fondamentaux de la foi, au kerygma, affirme Léon XIV. Les évêques italiens doivent ainsi trouver le meilleur moyen d’y parvenir, via des «actions pastorales capables d’intercepter qui est le plus loin et avec des instruments appropriés pour le renouvellement de la catéchèse et des langages de l’annonce».

La paix au quotidien

Ensuite, et c’est une des thématiques les plus chères au Pape, il faut porter une attention toute particulière à la paix afin d’en devenir des «artisans dans les lieux de la vie quotidienne». L’Église doit se montrer «capable de réconciliation». Tous les fidèles ont aussi une part de responsabilité. Léon XIV souhaite ainsi que «chaque diocèse puisse promouvoir des parcours d’éducation à la non-violence, des initiatives de médiation dans les conflits locaux, des projets d’accueil qui transforment la peur de l’autre en des opportunités de rencontre. Que chaque communauté devienne une “maison de la paix” où l’on apprend à désamorcer l’hostilité au travers du dialogue, où l’on pratique la justice et où l’on cultive le pardon.» «La paix n’est pas une utopie spirituelle, c’est une voie humble, faite des gestes quotidiens qui tisse la patience et le courage, l’écoute et l’action. Et qui demande aujourd’hui, plus que jamais, notre présence attentive et généreuse», précise-t-il.

Outre ces indications générales, le Saint-Père met en garde les évêques italiens contre plusieurs défis, posés par l’Intelligence artificielle, les biotechnologies, l’économie des données et les réseaux sociaux qui «transforment profondément notre perception et notre expérience de la vie». Le risque est de voir la dignité humaine «aplatie ou oubliée» alors qu’une personne «n’est pas un système d’algorithmes, elle est créature, relation, mystère». «Sans une réflexion vive sur l’humaine – dans sa corporéité, dans sa vulnérabilité, dans sa soif d’infini et dans sa capacité de lien – l’éthique se réduit à des codes et la foi risque de devenir désincarnée», prévient le Saint-Père.

Avancer dans l'unité

Pour contrer ces risques, Léon XIV met en avant le dialogue parce que «ce n'est que là où il y a écoute que naît la communion, et ce n'est que là où il y a communion que la vérité devient crédible».

Avant de quitter les évêques italiens, le Pape leur adresse deux conseils: «Avancez dans l’unité, spécialement en pensant au chemin synodal». L’objectif est clair: «Que la synodalité devienne mentalité, dans le c?ur, dans les processus de décisions et dans les manières d’agir». Enfin, «Regardez le jour d’après avec sérénité et n’ayez pas peur des choix courageux», «personne ne pourra vous empêcher d’annoncer l’Évangile».

Ultime recommandation, dans l’esprit de synodalité évoqué précédemment: que les laïcs, nourris de la Parole de Dieu et formés dans la doctrine sociale de l’Église, soient des protagonistes de l’évangélisation partout où ils agissent.