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Paul Boyer – Cité du Vatican

Vingtième événement de cette année jubilaire, le sport sera mis à l’honneur à Rome le week-end des 14 et 15 juin. Ces deux jours seront marqués par une audience du Pape Léon XIV samedi à 10 heures place Saint-Pierre puis par une messe en la solennité de la Sainte-Trinité dans la basilique vaticane le dimanche, présidée par le Saint-Père. Le 14 juin, un Village du Sport est organisé sur la Piazza del popolo où seront représentées de nombreuses disciplines sportives en présence de plusieurs grands noms du sport.

Dans l’après-midi, les athlètes, leurs familles et leurs amis pourront vivre le rite le plus important du Jubilé: le franchissement de la Porte Sainte. Le pèlerinage débutera à 17 heures sur la nouvelle Piazza Pia, après un temps de prière présidé par le cardinal Mendonça, préfet du dicastère pour la Culture et l'Éducation. Ce moment sera également marqué par la remise symbolique de la croix olympique à l'Athletica Vaticana par Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque référent sport à la conférence des évêques de France, accompagné notamment d’un médaillé d’or aux Jeux de Paris et en présence de Thomas Bach, président du Comité International Olympique. Cette croix sera ensuite transférée à Milan, où se tiendront en 2026 les prochains jeux d’hiver.

L'Eglise et le sport

Cet événement est, selon Mgr Emmanuel Gobilliard, un moment dans lequel l’Église vient rejoindre les chrétiens dans leur vie quotidienne, «dans une pratique légitime qui honore la dimension corporelle de la personne, mais aussi celle de la compétition et de la fraternité». Elle est une occasion de mettre en avant le sport dans ce qu’il a de chrétien, et de découvrir ce que les sportifs peuvent apporter aux fidèles. Dans le souci que porte l’Église au bon entretien du corps, intimement lié à celui de l'âme, Léon XIV a encore affirmé aux cyclistes du Giro d’Italia le 1er juin: «J’espère que, tout comme vous avez appris à prendre soin de votre corps, votre esprit soit toujours béni et que vous soyez toujours attentifs à l’être humain dans son ensemble: corps, esprit, c?ur et âme». Ce lien entre le corps et la vie chrétienne est également souligné par Mgr Gobilliard: «Nous sommes la religion de l'incarnation. Le Seigneur vient sauver la totalité de la personne dans ce qui fait son unité, sa beauté. Notre spécificité humaine est cette magnifique unité de l'âme, du corps, de l'esprit, de notre psychologie, aussi bien que de nos activités. Cette unité est obtenue lorsqu'elle est finalisée par la charité, l’amour, dont la source absolue est Dieu».

Mgr Gobilliard ajoute: «Dans notre dimension humaine, il y a une dimension de compétition. On a envie de se dépasser, ça fait partie de notre humanité, c'est beau». Cependant, le sport est un lieu de fraternité car les sportifs démontrent «que l’on peut être adversaire sans être ennemi. On peut se battre contre d'autres personnes par la compétition, et se retrouver le soir et être de véritables amis.» À la fraternité s’ajoute l’humilité, dans le respect et l’écoute de l’adversaire. Prenant l’exemple du tennis, l’évêque de Digne remarque que l’«on ne peut pas gagner si on ne prend pas en compte son adversaire, avec ses faiblesses et ses forces, avec son rythme. On est à l'écoute de ce qu'il est, de comment il réagit.»

«Le sport génère l’espérance»

C’est le titre de la rencontre avec les grands noms du sport qui aura lieu le samedi 14 juin à 17 heures au Village du sport. «L'espérance, explique Mgr Gobilliard, c'est le regard qu'on porte sur le Christ. Et la grande espérance du chrétien est de contempler Jésus dans l'Évangile, qui va au contact avec nos réalités humaines. L’espérance n'est pas dans le sport lui-même mais dans le fait que le Seigneur vient rejoindre ce qui fait notre vie. […] Il est présent tout le temps.»

Mais le sport, bien que vecteur d’espérance, connaît une ambivalence: «Il peut être un lieu de destruction d'affirmation de son moi, de son orgueil, le lieu d'un mauvais ajustement avec les personnes, il y la présence de l'argent aussi...». Face à ces dérives, l'enjeu de ce jubilé est de promouvoir un esprit chrétien dans le sport. 

Un esprit saint dans un corps saint

On peut ainsi paraphraser le célèbre dicton “Un esprit sain dans un corps sain”:  «Ça passe par le sain, précise Mgr Gobilliard, c'est-à-dire que la dimension humaine est très importante, mais c'est justement sur celle-ci que va se construire la dimension spirituelle, qui porte l'humanité à son achèvement, à ce qu'elle a de plus beau. On n'est pas appelé à être saint contre son corps, mais avec son corps». «J'aime beaucoup l'idée aussi qu'on n'oublie pas que le corps blessé, le corps souffrant, le corps vieillissant, il est aussi intégré à ce qui fait notre vie quotidienne et à notre sainteté.» Reprenant la Lettre à Diognète (IVe siècle), il conclut: «À travers le sport, on peut vivre quelque chose qui est du domaine de la sanctification, tout en vivant en même temps avec les autres, comme les autres, au contact et en communion avec l'humanité.»