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Un activiste demande plus de justice sociale lors de la COP27 qui s'est tenue en Egypte, en 2022. Un activiste demande plus de justice sociale lors de la COP27 qui s'est tenue en Egypte, en 2022.  (AFP or licensors)

Jubil¨¦: la remise de la dette n'est pas un geste de charit¨¦ mais de justice r¨¦paratrice

Le dicast¨¨re pour le D¨¦veloppement humain int¨¦gral publie une note th¨¦matique dans laquelle il presse d'adopter des m¨¦canismes prenant en compte les cons¨¦quences environnementales, produites en grande partie par les pays du G20 au d¨¦triment de ceux du Sud, li¨¦es ¨¤ la dette financi¨¨re. Ce sont les deux faces d'une m¨ºme pi¨¨ce qui doivent trouver des formes appropri¨¦es de compensation, ¨¤ la lumi¨¨re d'un changement de paradigme qui favorise la fraternit¨¦ et l'amiti¨¦ sociale.

Antonella Palermo - Cité du Vatican

Trouver les moyens adéquats pour remettre les dettes financières qui pèsent sur les différents peuples, à la lumière également de la dette écologique qui leur est due. Telle est la prémisse du document «Jubilé 2025: remise de la dette écologique» publié ce 24 juin, par le dicastère pour le Développement humain intégral, un travail d¡¯analyse auquel ont pris part la CAFOD, le Réseau jésuite pour la justice et l'écologie - Afrique (JENA) et le cabinet d¡¯audit Deloitte.

Dans cette note, le dicastère explique comment la dette financière et la dette écologique représentent aujourd'hui les deux faces d'une même médaille et, dans le sillage du Jubilé, invite les Églises particulières à encourager, dans les différents contextes sociaux, une conversion écologique intégrale, personnelle et communautaire.

Activer les mécanismes de restructuration de la dette

Rappelant le n.51 de et l'appel du Pape François à la remise de la dette des pays les plus pauvres, la note du dicastère souligne combien le déséquilibre - dû à une longue histoire d'inégalités, d'exploitation et de dépendances structurelles - a conduit nombre de personnes à penser que les pays en développement se targuent, vis-à-vis des pays plus industrialisés, d'un véritable crédit écologique, qui devrait au moins partiellement compenser la dette financière dont ils sont accablés. «Une mesure concrète pourrait être l'activation de mécanismes de restructuration de cette dette qui reconnaissent l'existence de deux formes de dettes interconnectées qui marquent notre époque: l'une économique, l'autre environnementale. Des mécanismes qui pourraient être développés dans le cadre de la nécessaire réforme des systèmes financiers multilatéraux, afin de les rendre plus cohérents avec l'éradication de la pauvreté et la sauvegarde de la création», lit-on dans le texte, disponible ici en cinq langues.

Les racines coloniales de la crise de la dette

Le document explique que la crise de la dette trouve ses racines dans l'héritage du colonialisme. De nombreux États, après avoir accédé à l'indépendance au cours du XXe siècle, se sont retrouvés confrontés à d'anciennes dettes et ont dû recourir à de nouveaux emprunts pour assurer les services essentiels et les infrastructures de base, note le document. Cette situation a engendré une dépendance chronique à l'égard des grandes institutions financières internationales, alimentant ce que l'on appelle le «piège de la dette». Pour le dicastère, il s¡¯agit d¡¯un «cercle vicieux dans lequel le remboursement des intérêts draine des ressources publiques fondamentales, à allouer, par exemple, aux services de base tels que la santé et l'éducation, entravant ainsi toute possibilité réelle de développement autonome». Les crises pandémiques, climatiques et inflationnistes, combinées aux conflits, ont aggravé la situation. Il suffit de considérer que, comme le rapporte le document, la dette publique des pays en développement a quadruplé entre 2004 et 2023.

80 % des émissions proviennent des pays du G20

Bien qu'il soit difficile de quantifier l'accumulation de la dette écologique, les contributions les plus importantes au réchauffement de la planète proviennent certainement de la Chine, des États-Unis et de l'Union européenne. Les émissions des pays les moins avancés ne représentent que 4 %. La disproportion est flagrante. De plus, «les populations les moins responsables de la crise climatique sont désormais aussi celles qui en subissent les conséquences les plus graves», dénonce la note. Le dicastère souligne que la pénurie d'eau, la perte de biodiversité, la pollution et les déplacements forcés causés par les événements climatiques extrêmes et la détérioration progressive des écosystèmes affectent particulièrement les communautés du Sud, déjà marquées par de profondes vulnérabilités structurelles. Et ainsi «ne disposant pas des ressources économiques et infrastructurelles nécessaires pour s'adapter ou réagir, ces populations sont confrontées aux coûts les plus élevés d'une crise qu'elles n'ont pas contribué à générer».

La remise de dette n'est pas de la solidarité mais de la justice réparatrice

La transition vers le numérique, prévient le document, «risque de reproduire - plutôt que de surmonter - la logique extractive et les inégalités structurelles qui ont historiquement marqué les relations entre le Nord et le Sud de la planète». En effet, peut-on lire, l'augmentation de la demande mondiale de matières premières essentielles génère de nouvelles pressions extractives, largement concentrées dans les territoires du Sud, qui ne bénéficient souvent pas d'une protection environnementale et sociale adéquate. «Des écosystèmes entiers sont compromis pour alimenter des chaînes de production qui approvisionnent les marchés des pays les plus riches, qui continuent à en tirer les principaux bénéfices», déplore le dicastère. Dans cette perspective, poursuit-il, la remise de la dette financière ne devrait pas être considérée comme «un geste de solidarité et de générosité, mais plutôt comme un geste de justice réparatrice. Une telle initiative ne serait pas un acte de punition», précise la note, «mais un viatique pour la construction d'une nouvelle alliance entre les peuples, qui ait à c?ur la justice sociale et la sauvegarde de la création».

Une nouvelle alliance pour le bien commun

Le dicastère pour le Développement humain intégral reconnaît donc que le problème n'est pas tant la charité que les injustices structurelles et les modèles de développement non durables. D'où l'appel à une «nouvelle alliance» qui mette en ?uvre la promotion et le partage du bien commun, la responsabilité, la justice sociale, la solidarité, la subsidiarité, la participation, l'équité intra et intergénérationnelle, la protection et le soin de la création, la prudence et la précaution, l'accès aux biens primaires, y compris l'éducation à l'écologie intégrale. Tout cela exige un «profond changement de cap», y compris dans l'action pastorale des Églises appelées à pratiquer réellement la catholicité et la synodalité. L'appel exprimé dans la note est de changer de paradigme, sans se laisser distraire, et d'embrasser pleinement ce qui insiste sur l'écologie intégrale, la fraternité et l'amitié sociale.


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25 juin 2025, 13:04