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Vatican News

Éminence, le Jubilé du Saint-Siège offre une occasion de rencontre et un espace de réflexion sur les relations de l'Église avec le monde. Quelle importance revêt-il pour le Corps diplomatique du Saint-Siège, et en particulier pour les nonces apostoliques?

Le Jubilé du Saint-Siège est l'occasion de vivre, y compris pour les représentants pontificaux, un moment d'unité. La vie de chacun d'entre eux est un «pèlerinage» continu, sans possibilité de s'enraciner durablement dans une réalité. C'est une vie sur la route, oui, mais pas une vie solitaire. C'est pourquoi ce Jubilé nous rappelle l'image d'une famille qui, dispersée dans le monde mais unie, se rassemble à Rome autour du Pape.

Dans cette rencontre, le lien entre la dimension particulière et universelle de l'Église apparaît clairement: le représentant pontifical est avant tout un pont entre le Vicaire du Christ et les communautés auxquelles il a été envoyé, et en même temps il maintient vivant le lien entre les Églises locales et le Siège apostolique. Pour garantir cette unité, la Secrétairerie d'État joue son rôle de coordination, en soutenant la mission des représentants pontificaux à Rome et dans le monde.

Comme vous l'avez dit, les nonces apostoliques représentent le Saint-Père auprès des Églises locales et des autorités civiles. Quelle est la spécificité de leur service et comment conjuguent-ils la dimension pastorale et la dimension diplomatique?

Les nonces apostoliques sont bien sûr les représentants du Pape auprès des gouvernements nationaux et des institutions supranationales. En cela, leur tâche est proprement diplomatique: dialoguer avec les autorités civiles, travailler à recomposer les fractures, promouvoir la paix, la justice et la liberté religieuse, sans poursuivre d'intérêts partisans, mais animés d'une vision évangélique du monde et des relations internationales. Leur service, cependant, de par sa nature même, ne peut être réduit à une froide fonction institutionnelle, il doit être soutenu par une authentique présence pastorale.

Le nonce apostolique est avant tout un homme d'Église, il est lui aussi pasteur et doit faire sien l'exemple du Christ Bon Pasteur! Être pasteur, c'est être proche des évêques, des prêtres, des religieux et des communautés que l'on est appelé à servir, en ayant toujours un regard ecclésial, c'est-à-dire d'un prêtre qui se sent responsable des autres. Le nonce apostolique devient ainsi un pont entre le successeur de Pierre et les Églises locales, entre l'Église et les États, entre les blessures du monde et l'espérance de l'Évangile.

Quelles sont les qualités que vous considérez comme fondamentales pour un représentant du Pape, en particulier dans ce moment historique complexe?

J'en soulignerais trois. Tout d'abord, l'humilité comme disposition du c?ur. Elle permet de «se faire petit» et d'être ferme dans la confiance que le Seigneur, à travers nous, peut réaliser de grands projets. Avec tant de haine et de violence dans le monde, la tendance pourrait être de céder à un certain pessimisme.

Face à des tâches complexes et inattendues, nous nous confions avec sérénité à la grâce qui accompagne et soutient la mission. L'humilité s'accompagne d'un zèle évangélique. Le représentant pontifical est porteur de la diplomatie de l'Évangile, il a la tâche d'apporter la lumière du Christ aux coins les plus reculés de la terre. Enfin, être des hommes de réconciliation. Le travail de la diplomatie papale consiste à soutenir les efforts du Saint-Père pour instaurer un monde de vérité, de justice et de paix. Dans le monde d'aujourd'hui, le représentant pontifical a le devoir d'?uvrer pour la médiation et le dialogue, car c'est le seul moyen de tisser la chaîne de la coopération internationale et d'intercepter même la volonté la plus faible et la plus cachée des parties en faveur de la paix. Acceptons l'appel du Saint-Père à devenir des semeurs de paix, car l'autre -surtout en diplomatie- n'est pas d'abord et avant tout un ennemi, mais un être humain à qui parler.

Dans un monde en perpétuelle évolution, comment la formation diplomatique des jeunes prêtres peut-elle répondre aux défis contemporains?

Depuis 300 ans, l'Académie pontificale ecclésiastique s'occupe de la formation des jeunes prêtres qui se préparent à entrer au service diplomatique du Saint-Siège. La récente réforme de l'Académie vise à mettre à jour et à renforcer la formation afin qu'elle réponde toujours mieux aux complexités du monde d'aujourd'hui. L'objectif de cette nouvelle phase de la diplomatie vaticane est d'envoyer dans le monde des diplomates professionnellement compétents et profondément animés d'un esprit évangélique, conscients d'accomplir le magistère pétrinien en tant qu'instruments de communion, semeurs de paix et bâtisseurs de solidarité et de relations pacifiques entre les peuples.