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Jean-Benoît Harel - Cité du Vatican

Dans la salle du synode du complexe Paul-VI, à gauche de la basilique Saint-Pierre, les cardinaux discutent de l’avenir de l’Église et réfléchissent aux qualités nécessaires du futur Souverain pontife. De l’autre côté de la basilique vaticane, la préparation matérielle du conclave occupe tous les esprits.

Devant un grand hall ouvert sur la rue, passent des ecclésiastiques affairés, des gendarmes ou des employés pressés. C’est le siège de la «Tipografia vaticana», l’imprimerie du Vatican, à quelques mètres du Palais apostolique. Depuis l’annonce du décès de François, le bruit des machines d’impression s’est intensifié, témoigne Guido Benfante, coordinateur de l’institution: «il y a beaucoup de travail, plus que d’habitude! Avec la Semaine Sainte, l’annonce du décès de François et la Sede vacante, nous avons beaucoup à faire». 

Les commandes se multiplient: les livrets de messe pour les funérailles du Pape, ceux pour les novemdiales, période de neuf jours de prière pour le repos de l’âme du défunt Souverain pontife mais aussi la messe «Pro eligendo pontifice» ce mercredi 7 mai. «Nous avons travaillé jour et nuit pour assurer notre service auprès du Saint-Siège dans un temps très court, avec un doublement des roulements de travail», explique le coordinateur qui travaille depuis sept ans au Vatican. Le bruit saccadé des machines et les allées et venues des employés en tenue de travail ponctuent la visite des quatre salles du rez-de-chaussée.

Les ateliers de production.

«Un honneur d’effectuer ce travail»

Toutes les demandes actuelles sortent de l’ordinaire, qu’il s’agisse du nombre de livrets, des 30 000 exemplaires de l’Osservatore romano du 21 avril, jour de décès du Pape, imprimés en partie par la «Tipografia» ou même des documents nécessaires au conclave.

En effet, afin d’aider les 133 électeurs qui entreront dans la chapelle Sixtine, un annuaire recensant les biographies de tous les cardinaux a été imprimé et distribué. L’institution officiellement créée en 1587 doit aussi imprimer les bulletins nécessaires à l’élection du futur Pape. Il s’agit d’un «billet très simple avec une petite dorure», avec pour inscription «Eligo in Summum Pontificem» («J’élis comme Souverain pontife») et un trait pour y inscrire le nom du cardinal choisi par chaque votant.

«C’est un honneur pour nous d’effectuer ce travail pour le bon fonctionnement du Saint-Siège», témoigne Guido Benfante, en déambulant entre les palettes de livres d’arts, d’exemplaires de l’Osservatore romano ou de tas d'imprimés qui attendent d’être expédiés. Outre la machine vaticane, les autres clients de la «Tipografia» sont en majorité liés au Saint-Siège comme les universités pontificales ou certains hôpitaux, mais également des entités externes «car comme l’a dit François, nous devons être créatifs».

L'annuaire des cardinaux distribués aux électeurs.

La préparation au prochain pontificat

À l’étage, l’atelier artisanal se prépare déjà pour les prochaines semaines, et les débuts du nouveau Pape. C’est ici que sont confectionnés sur mesure et à la main les documents spécifiques, comme les parchemins en peau de mouton remis à chaque cardinal lors de sa nomination, ou les sous-mains siglés selon le blason du Saint-Père.

Sur l’établi, les pièces utiles à la dorure des écrits officiels ornés du blason du Pape François seront remplacées après douze années de service. «L’emblème de François était plus difficile à réaliser que celle de Benoît XVI, car il avait sept couleurs: bleu, rouge, doré, or…  Mais ce n’est pas un problème, on s’adapte», assure Guido Benfante. Dès son élection, le prochain Pape choisira son blason, et toute l’imprimerie se mettra au travail pour appliquer ses armoiries sur tous les documents officiels. «On recommence de zéro», sourit-il tandis que deux techniciens confectionnent un classeur destiné aux archives.

Les machines d'impression.

«Nous travaillons aussi pour la diffusion de la parole du Saint Père, à travers les ?uvres que nous créons. Tout notre travail renforce le sens d’appartenance que chaque personne qui travaille au Vatican ressent», conclut Guido Benfante. Devant l’afflux des commandes exceptionnelles, les petites mains de la «Tipografia» poursuivent inlassablement leur indispensable mission au service des fidèles qui viennent à Rome, des 133 cardinaux électeurs présents et du futur Souverain pontife.