Novemdiales: le cardinal Gugerotti rappelle le tr¨¦sor spirituel des ?glises orientales
Jean-Benoît Harel ¨C Cité du Vatican
L¡¯hommage des Églises orientales lors de la messe des funérailles du Pape François le samedi 26 avril fut l¡¯un des temps forts de la célébration sur la place Saint-Pierre. Une semaine plus tard, s'est tenue la septième messe des novemdiales avec la participation des Églises d¡¯Orient, présidée par l¡¯ancien préfet du dicastère pour les Églises orientales dans la basilique vaticane.
«La terre crie»
Le cardinal Claudio Gugerotti a d¡¯abord évoqué la participation de chacun à la Résurrection du Christ pendant le temps pascal: «C'est Dieu qui nous ressuscite, par son Esprit. Des eaux du Baptême, nous émergeons comme de nouvelles créatures, membres de la famille de Dieu, ses intimes ou, comme le dit saint Paul, enfants adoptifs et non plus esclaves».
Ce cri rejoint par toute la Création nous fait avancer comme «compagnon de route de l'humanité et solidaire d'elle, tout comme elle demande la solidarité de l'homme pour être respectée et guérie». Un thème très cher au Pape François a rappelé le cardinal italien, notamment dans son encyclique Laudato si¡¯. «La terre crie, mais elle crie surtout une humanité submergée par la haine, elle-même fruit d'une profonde dévalorisation de la valeur de la vie», a poursuivi celui qui a été créé cardinal par le Pape François en 2023.
La recherche de Dieu
L¡¯humanité désespérée, partageant les difficultés du monde, prie en poussant «des gémissements inexprimés, c'est-à-dire silencieux». Une habitude «chère au monde chrétien oriental, qui voit dans l'incapacité d'exprimer Dieu (apophasis) l'une des caractéristiques de la théologie: la contemplation de l'incompréhensible, une vaine tentative de lever le voile sur la vérité ultime», a rappelé le cardinal Gugerotti.
Nonce en Arménie et en Azerbaïdjan puis en Biélorussie et en Ukraine, le cardinal véronais connait bien les Églises orientales. Il a remarqué d¡¯ailleurs le glissement sémantique en Occident de «père ou mère spirituels» à «directeur spirituel», «un changement intéressant» selon lui.
Par l¡¯Eucharistie, chacun des fidèles peut «s¡¯unir au cri de l¡¯Esprit, même avec [ses] impossibilités et crier au Père notre besoin d'être des enfants bien-aimés». C¡¯est d¡¯ailleurs un autre des enseignements du Pape François qui «nous a appris à reprendre le cri de la vie violée, à le reprendre et à le présenter au Père, mais aussi à travailler pour soulager concrètement la douleur que ce cri suscite».
Le trésor des Églises orientales
Pour celui qui était préfet du dicastère pour les Églises orientales depuis 2022, ces Églises, «enfants des débuts du christianisme ont porté dans leur c?ur, avec leurs frères et s?urs orthodoxes, la saveur de la terre du Seigneur, et certains continuent même à parler la langue que parlait Jésus-Christ».
Ces Églises témoins des premiers temps sont «réduits aujourd'hui, en nombre et en force mais non en foi, précisément par les guerres et l'intolérance», a continué le cardinal. «Ils ont parfois été mal compris par nous, Occidentaux» a-t-il souligné, jugés par les catholiques romains de ne pas suivre la vérité quand leurs frères orthodoxes les accusaient de fuir leur foi.
Devant ses frères cardinaux et ses frères et s?urs des Églises orientales, le célébrant a assuré que «le Pape François, qui nous a appris à aimer la diversité et la richesse d'expression de tout ce qui est humain, se réjouit aujourd'hui, je crois, de nous voir réunis dans la prière pour lui et pour son intercession».
Le paradoxe de l¡¯événement chrétien
En concluant, le cardinal a souligné «l'incroyable paradoxe de l'événement chrétien : d'une part la misère de notre être pécheur, d'autre part l'infinie miséricorde de Dieu qui nous a placés à côté de son trône pour partager jusqu'à son être divin». Un paradoxe répété sans cesse «pour le faire entrer dans leur c?ur et celui des autres» avec ce texte laissé par la tradition byzantine: «Le Christ est ressuscité des morts, il a foulé aux pieds la mort, et aux morts dans les tombeaux il a donné la vie».
«Mettons sur nos lèvres l'invocation de l'Esprit Saint qu'un grand père oriental, saint Siméon le Nouveau Théologien, écrivait au début de ses hymnes: ¡°Viens, lumière véritable ; viens, vie éternelle ; viens, mystère caché ; viens, trésor sans nom ; viens, réalité ineffable¡°», a-t-il conclu.
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