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Le cardinal Pietro Parolin, Secr¨¦taire d'?tat du Saint-Si¨¨ge. Le cardinal Pietro Parolin, Secr¨¦taire d'?tat du Saint-Si¨¨ge.  (ANSA)

Cardinal Parolin: ?Assez des bombes ¨¤ Gaza, nous voulons une tr¨ºve en Ukraine?

?Le droit humanitaire doit toujours s¡¯appliquer, la situation dans la bande de Gaza est inacceptable?, a laiss¨¦ entendre le secr¨¦taire d'?tat du Saint-Si¨¨ge, dans une interview accord¨¦e aux m¨¦dias du Vatican. Il appelle le Hamas ¨¤ ?lib¨¦rer tous les otages et dit "Non ¨¤ l¡¯antis¨¦mitisme"?. Ayant donn¨¦ la disponibilit¨¦ du Vatican pour h¨¦berger les n¨¦gociations sur la guerre en Ukraine, le cardinal Parolin assure que le lieu n¡¯est pas important: ?Ce qui compte c¡¯est qu¡¯elles puissent commencer?.

Andrea Tornielli ¨C Cité du Vatican

Les terribles images en provenance de Gaza, l¡¯attentat antisémite à Washington, les hypothèses d¡¯un sommet de paix pour l¡¯Ukraine et les débuts du pontificat de Léon XIV, sont entre autres thèmes, actuellement au centre de l¡¯attention du Saint-Siège, évoqués par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d¡¯État, dans un entretien avec les médias du Vatican.

Éminence, à Gaza des enfants meurent de faim, la population est épuisée, des bombes tombent sur des écoles et des hôpitaux. Pourtant, l¡¯arrêt des bombardements ne semble pas à l¡¯ordre du jour¡­

Ce qui se passe à Gaza est inacceptable. Le droit international humanitaire doit toujours s¡¯appliquer, pour tous. Nous demandons l¡¯arrêt des bombardements et l¡¯acheminement des aides nécessaires à la population: je pense que la communauté internationale doit tout faire pour mettre fin à cette tragédie. En même temps, nous réitérons fermement notre demande au Hamas de libérer immédiatement tous les otages encore détenus, et de restituer les corps de ceux qui ont été tués après l¡¯attaque barbare du 7 octobre 2023 contre Israël.

Comment avez-vous réagi à l¡¯attentat récent à Washington, avec le meurtre de deux employés de l¡¯ambassade israélienne?

Cela m¡¯a profondément bouleversé. Comme cela avait déjà été le cas le 7 octobre, ce sont des victimes innocentes, qui étaient en plus engagées pour la paix et les initiatives humanitaires. Nous devons être vigilants et veiller à ce que le cancer de l¡¯antisémitisme, jamais totalement vaincu, ne relève pas la tête.

Ces derniers jours, après les maigres résultats de la rencontre d¡¯Istanbul, a été évoqué la possibilité de nouveaux pourparlers accueillis au Vatican, même si la Russie a assuré son opposition. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?

Le Pape Léon a donné la pleine disponibilité du Saint-Siège pour accueillir d¡¯éventuels pourparlers, en offrant un lieu neutre et protégé. Il ne s¡¯agissait donc pas d¡¯une médiation, car une médiation doit être demandée par les parties. Dans ce cas, il y a simplement eu une offre publique d¡¯accueil pour une éventuelle rencontre. On parle maintenant d¡¯autres lieux possibles, comme Genève. En tout cas, il n¡¯est pas important de savoir où se tiendra la négociation entre Russes et Ukrainiens que nous appelons tous de nos v?ux. Ce qui compte vraiment, c¡¯est qu¡¯elle puisse enfin commencer, car il est urgent d¡¯arrêter la guerre. Il est urgent, avant tout, d¡¯instaurer une trêve pour mettre fin aux destructions, aux villes ravagées, aux civils tués. Et il est aussi urgent de parvenir à une paix stable, juste et durable, donc acceptée et convenue par les deux parties.

Le mot «paix» a résonné dès les premiers instants sur les lèvres du nouveau Pape, le jour de son élection.

Oui, Léon XIV poursuit avec vigueur dans la lignée de ses prédécesseurs. J¡¯ai été frappé que, lors de son premier Regina Cæli depuis la loggia centrale de la basilique vaticane -là même où le Pape François avait béni les fidèles pour la dernière fois en parlant de paix et de désarmement- le Pape Léon ait répété les mots de saint Paul VI à l¡¯ONU: «Plus jamais la guerre!». Le Pape et tout le Saint-Siège sont engagés à construire la paix et à encourager toute initiative de dialogue et de négociation.

Certains parlent d¡¯un nouveau «rôle de premier plan» du Vatican sur la scène mondiale¡­

Je préfère me référer aux paroles profondes de Léon XIV dans son homélie avec les cardinaux à la chapelle Sixtine et lors de la messe d¡¯ouverture du pontificat: nous devons nous effacer, car le protagoniste c¡¯est le Christ, les chrétiens ne se sentent pas supérieurs aux autres, mais sont plutôt appelés à être un «petit levain dans la pâte», pour témoigner de l¡¯amour, de l¡¯unité et de la paix. Voilà pourquoi, plutôt que de parler de «rôle de premier plan», je préfère insérer aussi les initiatives diplomatiques dans ce contexte de service pour la paix et la fraternité.

En recevant les journalistes, le Pape Léon a demandé une «communication différente». Existe-t-il aussi une «guerre des mots»?

Les journalistes et les communicants accomplissent un devoir précieux, d¡¯autant plus en temps de guerre. Le Pape a demandé une communication qui «ne se pare pas de mots agressifs» et «ne sépare jamais la recherche de la vérité de l¡¯amour avec lequel nous devons humblement la rechercher». Les mots aussi peuvent devenir des instruments de guerre, ou bien aider à se comprendre, à dialoguer, à se reconnaître comme frères. La paix commence en chacun de nous, et nous sommes appelés à la construire à partir de notre propre manière de communiquer avec les autres. Comme l¡¯a expliqué le Pape Léon, nous devons «rejeter le paradigme de la guerre» aussi dans la communication.

À propos de la recherche de la vérité: à la fin du pontificat de François et dans les jours précédant le conclave, il y a eu des commentaires sur l¡¯action passée de plusieurs préfets de dicastères face à des signalements d¡¯abus. Ont-ils été analysés?

Concernant les commentaires et rumeurs sur l¡¯action de certains préfets de dicastères de la Curie romaine, relatifs à des signalements de cas d¡¯abus à l¡¯époque où ils étaient évêques diocésains, les enquêtes menées par les instances compétentes, à travers l¡¯analyse des données objectives et documentaires, ont montré que les cas ont été traités ad normam iuris, c¡¯est-à-dire, selon les normes en vigueur, et transmis par les évêques diocésains de l¡¯époque au dicastère compétent pour examen et évaluation des accusations. Les vérifications effectuées par les autorités compétentes n¡¯ont, de façon définitive, révélé aucune irrégularité dans l¡¯action des évêques diocésains.

En prenant le nom de Léon, le nouveau Pape se place dans la continuité du Pape de Rerum Novarum: à la fin du XIXe siècle, il y avait la révolution industrielle, aujourd¡¯hui nous vivons à l¡¯époque de la révolution numérique et des défis posés par l¡¯intelligence artificielle. Comment y répondre?

Nous attendons les réflexions que le Successeur de Pierre voudra proposer à ce sujet. Je crois que la bonne voie n¡¯est ni l¡¯acceptation aveugle, ni la diabolisation. Les possibilités toujours plus sophistiquées et performantes que la technologie nous offre doivent rester des instruments, à utiliser toujours pour le bien, sans jamais oublier que nous ne pouvons déléguer à une machine des décisions qui concernent la vie ou la mort d¡¯êtres humains. Nous devons être vigilants pour éviter -comme cela arrive malheureusement parfois- que le numérique, et donc aussi l¡¯intelligence artificielle, soient utilisés comme outils de propagande pour influencer l¡¯opinion publique avec des fausses nouvelles. Léon XIV, en évoquant les journalistes emprisonnés le 12 mai, a parlé du courage «de ceux qui défendent la dignité, la justice et le droit des peuples à être informés, car seuls des peuples informés peuvent faire des choix libres».

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27 mai 2025, 13:00