Office de la Passion: la Croix nous redonne la libert¨¦ d'un choix authentique
Augustine Asta ¨C Cité du Vatican
La Passion du Christ est au c?ur de la foi chrétienne, elle est commémorée par l¡¯Église le Vendredi Saint. «Au centre du Triduum pascal bat un c?ur, celui du Vendredi saint», a précisé le père Pasolini dans son homélie, à l¡¯occasion de l'Office de la Passion. C¡¯est pourquoi entre le blanc de la Cène et celui de la Résurrection, la liturgie invite au silence et au recueillement mais aussi «interrompt la continuité chromatique en teintant de rouge tous les vêtements et en invitant nos sens à s'accorder aux tonalités intenses et dramatiques du plus grand amour», a-t-il fait savoir devant les 4 500 fidèles présents dans la basilique, parmi lesquels le vice-président américain J. D. Vance, accompagné de sa famille.
Le mystérieux triomphe de la Croix
Le Vendredi Saint est un temps d'adoration et de contemplation. «Non pas l'échec de Dieu», mais de «son mystérieux triomphe sous une forme paradoxale, celle de la croix, comme l'annonçaient déjà les Écritures prophétiques», a noté le prédicateur de la Maison pontificale. Aujourd¡¯hui, dans un contexte de mondialisation marqué par l¡¯essor des nouvelles technologies en général, et de l¡¯intelligence artificielle en particulier, «le mystère de la Passion et de la mort du Christ nous propose un autre type d'intelligence», notamment «l'intelligence de la Croix, qui ne calcule pas, mais qui aime; qui n'optimise pas, mais qui se donne», a souligné le père capucin, précisant surtout qu¡¯il s¡¯agit d¡¯une «intelligence qui n'est pas artificielle, mais profondément relationnelle, parce qu'entièrement ouverte à Dieu et aux autres».
Face aux «algorithmes qui semblent nous suggérer quoi désirer, quoi penser, et même qui être», «la Croix nous redonne la liberté d'un choix authentique, fondé non sur l'efficacité, mais sur l'amour qui se donne», a soutenu le prédicateur de la Maison pontificale. C'est pourquoi a-t-il ajouté, «la liturgie a commencé dans un climat de grand silence et de solennité douloureuse». «Comment Dieu entend-il les prières les plus souffrantes et les plus désespérées? Si le Père n'a pas épargné la mort de son Fils, comment nous traitera-t-il lorsque nous lui offrirons toutes nos larmes?», s¡¯est interrogé le père Roberto Pasolini, expliquant par la suite qu¡¯en réalité, «nous savons très bien comment le Père a choisi d'exaucer la prière du Fils», car «il ne lui a pas épargné le supplice de la croix, mais lui a permis de devenir, sur ce même autel, le Sauveur du monde».
Pour le religieux capucin, l'expression «plein abandon», «par laquelle la lettre aux Hébreux décrit la conduite du Christ», pourrait également être traduite comme «la capacité d'accepter avec confiance ce qui arrive, de bien accueillir même ce qui apparaît au départ comme hostile ou incompréhensible». En effet, a-t-il détaillé, dans sa passion, «le Christ ne s'est pas contenté de subir les événements, mais il les a acceptés avec une telle liberté qu'il les a transformés en un chemin de salut». Un chemin, a-t-il poursuivi, «qui reste ouvert à quiconque est prêt à faire confiance au Père jusqu'au bout, en se laissant guider par sa volonté même dans les passages les plus obscurs».
Dans son homélie, il s¡¯est aussi focalisé sur trois moments de la Passion, «où Jésus lui-même qui, à travers ses paroles, nous montre comment on peut vivre une pleine confiance en Dieu sans cesser d'être le protagoniste de sa propre histoire». Le père capucin a ainsi demandé à tous de prendre cet exemple: «Lorsque notre vie subit un revers -un revers douloureux, une maladie grave, une crise relationnelle- nous pouvons nous aussi essayer de nous abandonner à Dieu avec la même confiance, en acceptant ce qui nous dérange et nous apparait menaçant», a- t-il déclaré. C'est la condition pour que «le poids de la vie devienne plus léger et que la souffrance, tout en restant réelle, cesse d'être inutile et commence à engendrer la vie».
Le vrai amour: celui de Dieu
Reprenant des passages des Saintes Écritures, le père Pasolini a insisté sur le fait que «le corps du Christ, dépouillé de tout» manifeste le besoin le plus humain: «celui d'être aimé, accueilli, écouté». Et c¡¯est dans ces moments que «la soif de l'homme et l'amour de Dieu se rencontrent enfin», indiquant qu¡¯«il devient possible de bien traverser ces moments où il devient évident que nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes».
«La faiblesse comme le lieu de la plénitude de l'amour»
«Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit: ¡®¡¯Tout est accompli¡¯¡¯. Puis, inclinant la tête, il remit l¡¯esprit». (Jean 19,30). C¡¯est une preuve que «Jésus confesse l'accomplissement de son humanité -et de la nôtre- au moment où, dépouillé de tout», il choisit «de nous donner entièrement sa vie et son Esprit», a-t-il souligné. Il ne s'agit pas d'un «abandon passif», mais d'un acte «de liberté suprême», qui accepte «la faiblesse comme le lieu de la plénitude de l'amour». À travers ce geste, a-t-il insisté «Jésus nous révèle que ce n'est pas la force qui sauve le monde, mais la faiblesse d'un amour qui ne garde rien pour soi». Seulement, l¡¯époque actuelle, marquée par «le mythe de la performance et de l'individualisme, peine à reconnaître les moments de défaite ou de passivité comme des lieux possibles d'épanouissement». Pourtant, a-t-il ajouté, «ce n'est pas l'autonomie ou les grands exploits qui donnent un sens à la vie, mais la capacité de transformer la limitation en opportunité de don». Les dernières paroles de Jésus crucifié «nous offrent une autre interprétation», car «elles nous montrent combien la vie peut jaillir» dans les moments de difficultés.
Renouveler la confiance en Dieu
En introduisant le Jubilé 2025, le Pape avait alors rappelé que «le Christ est l'ancre de notre espérance, à laquelle nous pouvons rester fermement unis, en resserrant le cordon de la foi qui nous lie à Lui depuis notre baptême». Cependant, «nous devons reconnaître, avec honnêteté, qu'il n'est pas du tout facile de rester ferme dans l¡¯affirmation de notre foi» (Hébreux 4,14), surtout «quand arrive le moment de porter la Croix». Ce Vendredi Saint donne alors l'occasion de renouveler «notre pleine confiance dans la manière dont Dieu a choisi de sauver le monde». Ainsi, a-t-il dit, «nous pourrons aussi nous réconcilier avec le destin de passion, de mort et de résurrection vers lequel tend notre vie». En cette Année Sainte les chrétiens doivent choisir le «chemin de la croix comme la seule direction possible», en ayant foi que «l'Esprit Saint, qui a déjà rempli nos c?urs d'une douce espérance», viendra «au secours de notre faiblesse» afin d¡¯être «les témoins de la seule vérité qui sauve le monde: Dieu est notre Père», a-t-il conclu.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester inform¨¦, inscrivez-vous ¨¤ la lettre d¡¯information en cliquant ici