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Du Père jésuite Antoine Kerhuel 

Références: Sg 18, 6-9 ; He, 1-2.8-12 ; Lc 12, 35-40

La foi nous met en route et nous conduit vers la rencontre du Seigneur qui vient lui-même vers nous. Tel est le message que nous rappellent les lectures de ce dimanche. Notre foi n’est pas vaine: la foi est une expérience qui nous fait approfondir notre relation avec un Dieu vivant, bien vivant.

Le livre de la Sagesse revient sur la nuit de la délivrance pascale, c’est-à-dire sur l’épreuve de la sortie de la maison de servitude en Egypte. Les Pères d’Israël ont eu à croire que le Seigneur avait réellement entendu leurs cris alors qu’il leur donnait des instructions sur la conduite à suivre pour quitter l’Egypte. La sortie d’Egypte a été une épreuve pour leur foi. Elle leur a enseigné que la foi en les promesses du Seigneur, qui passe par l’accomplissement d’actes concrets de leur part, conduit à la libération de l’esclavage. Cette expérience, vécue de manière éclatante un jour dans le passé, est sans cesse ravivée au fil des âges.

Lorsque l’auteur de la lettre aux Hébreux dit de la foi qu’elle est «une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas», il s’appuie sur le vécu de ces deux grandes figures bibliques que sont Abraham et Sara. Abraham a quitté le monde familier où il vivait pour se mettre en route vers un pays qu’il ne connaissait pas. Il a pris cette décision parce qu’il avait entendu l’appel à partir que le Seigneur lui avait adressé, et parce qu’il avait eu foi en cet appel. Il est dit d’Abraham qu’il vint «séjourner en immigré dans la Terre promise», et cette mention autorise à penser que Abraham et ses proches étaient sans doute regardés de travers par ceux qui considéraient cette Terre comme étant la leur. Ceux qui s’inscrivent à la suite d’Abraham, attendent – comme lui – «la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte», nous dit l’auteur de la lettre aux Hébreux. Le projet politique dont il est question apparaît comme une ?uvre de Dieu dont Abraham et ses descendants seront les bénéficiaires, pour autant que, dans la foi, ils se mettent en route conformément aux promesses de Dieu. Quant à Sara, elle finit par avoir foi dans le Seigneur qui lui promet une descendance alors même qu’elle se trouve déjà âgée. La promesse de Dieu conduit au-delà de ce qui semble humainement vraisemblable.

L’extrait de l’Evangile de Luc lu ce dimanche ne parle pas d’une promesse, mais il fait ressortir une image: celle de la récompense que le maître d’un domaine donnera à son serviteur qui, rempli de fidélité, aura accompli son devoir. Cette récompense va jusqu’à une inversion des rôles : satisfait du service rendu, le maître se met dans la position du serviteur et, les reins ceints, il s’emploie à servir son serviteur. Pour nous chrétiens, cette image ne peut pas ne pas nous faire penser à la manière dont Jésus, lors de la dernière Cène, lave les pieds de ses disciples. La récompense des disciples est grande, à la mesure de leur fidélité.

Et nous-mêmes, qui entendons ces textes aujourd’hui, quelles sont donc les promesses de Dieu que nous avons entendues un jour dans notre vie et qui ont orienté nos existences ? Quelle sont donc les missions que, comme serviteurs, nous avons découvertes comme des tâches confiées par le Seigneur ? Croire en une promesse, accepter une mission et agir en conséquence, ce sont là des signes que nous avons été mis en mouvement dans nos existences (peut-être à l’occasion de grandes décisions, mais aussi peut-être dans l’ordinaire du quotidien). Acceptons-nous d’être mis en mouvement par une relation au Seigneur qui, prenant la forme d’une promesse reçue ou d’une mission confiée, réoriente nos vies et nous place résolument dans la perspective d’une relation vivante à un Dieu vivant ? Oui, la foi nous conduit vers la rencontre du Seigneur qui vient à nous. Puissions-nous entrer toujours plus dans cette expérience !