Léon XIV: «Pour témoigner de Jésus, l’évêque vit la pauvreté évangélique»
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Chacun de vous, comme moi, avant d’être pasteur, est une brebis du troupeau du Seigneur». Dans le chœur de la basilique Saint-Pierre, le Pape Léon XIV a accueilli 300 évêques venus du monde entier à l’occasion du Jubilé des évêques ce mercredi 25 juin. Chargés de guider l’Église, l’évêque de Rome a invité ses pairs à franchir la Porte Sainte: «nous devons nous laisser profondément renouveler par Lui, le Bon Pasteur, afin de nous conformer pleinement à son cœur et à son mystère d’amour».
Témoins de l’espérance qui ne déçoit pas
Promulguée par le Pape François le 9 mai 2024, la bulle d’indiction du Jubilé 2025 tire ses premiers mots de la lettre de saint Paul aux Romains: «l’espérance ne déçoit pas». Les évêques sont les «premiers héritiers de cette mission prophétique», a estimé Léon XIV, et doivent préserver et transmettre cette espérance «par la parole et par le témoignage», même si cela signifie aller à contre-courant. Dans ces moments difficiles, «peut mieux se manifester le fait que notre foi et notre espérance ne viennent pas de nous, mais de Dieu», a-t-il poursuivi.
Pour un évêque, témoigner de l’espérance passe par une identification «au Christ dans sa vie personnelle et dans son ministère apostolique» selon le Souverain pontife, afin que «l’Esprit du Seigneur façonne sa pensée, ses sentiments, ses comportements».
Maintenir vivante la flamme de la foi
Celui qui fut évêque à Chiclayo au Pérou entre 2015 et 2023 a ensuite voulu revenir sur plusieurs traits qui caractérisent le témoignage d’un pasteur. D’abord en étant «le principe visible d’unité dans l’Église particulière qui lui est confié», il veille à la communion des fidèles de son diocèse entre eux et avec l’Église universelle, «en valorisant la contribution des divers dons et ministères».
Ensuite, Léon XIV a résumé le deuxième aspect caractéristique de l’évêque comme «homme de vie théologale», vivant les trois vertus théologales que sont la foi, la charité et l’espérance. Ainsi, dans sa mission, le pasteur est aidé par la grâce conférée lors de l’ordination épiscopale, pour tenir son rôle de «maître de la foi, sanctificateur et guide spirituel», dévoué pour le salut des âmes et afin de «transformer l’histoire par la force de l’Évangile», a souligné Léon XIV.
Ferment d’unité, l’évêque «est un homme de foi», a-t-il continué, c’est-à-dire «un homme pleinement docile à l’action de l’Esprit Saint, qui suscite en lui la foi, l’espérance et la charité et les nourrit, comme la flamme du feu». À l’image de Moïse qui intercède pour le peuple d’Israël libéré de l’esclavage en Égypte, «l’évêque dans son Église est l’intercesseur, car l’Esprit maintient vivante dans son cœur la flamme de la foi».
Espérance et charité
Après la foi, le Saint-Père a développé les deux autres vertus théologales, l’espérance et la charité. Porter l’espérance en premier lieu même quand le chemin du peuple est difficile, comme par exemple «lorsque les familles portent des fardeaux excessifs et que les institutions publiques ne les soutiennent pas suffisamment; lorsque les jeunes sont déçus et écœurés par des messages illusoires; lorsque les personnes âgées et les personnes gravement handicapées se sentent abandonnées». L’évêque n’est pas chargé d’offrir une recette mais «l’expérience de communautés qui cherchent à vivre l’Évangile dans la simplicité et le partage», a insisté Léon XIV.
En second lieu, la charité. Pour le Pape, «toute la vie de l’évêque, tout son ministère, si diversifié et multiforme, trouve son unité dans ce que saint Augustin appelle amoris officium» (une charge et un devoir d’amour). Cette charité transparait dans les diverses activités de l’évêque, la prédication, les visites aux communautés, l’écoute des prêtres ou même les tâches administratives. Il donne «l’exemple de l’amour fraternel» avec ses frères évêques mais aussi les prêtres et ses collaborateurs. Léon XIV l'a résumé: «Son cœur est ouvert et accueillant, tout comme sa maison».
Vivre la pauvreté évangélique
En plus des trois vertus théologales, l’ancien préfet du dicastère pour les Évêques a évoqué «d’autres vertus indispensables: la prudence pastorale, la pauvreté, la continence parfaite dans le célibat et les vertus humaines».
La prudence pastorale, au sens de Léon XIV, est la «sagesse pratique qui guide l’évêque dans ses choix, dans son gouvernement». Cette sagesse passe notamment par l’exercice de la synodalité, décrit par le Pape François comme «dimension de la vie de l’Église». En outre, la prudence pastorale permet à l’évêque de «guider la communauté diocésaine en valorisant ses traditions et en promouvant de nouvelles voies et de nouvelles initiatives».
Loin d’être un prince de l’Église, l’évêque doit avoir «un style simple, sobre et généreux, digne et en même temps adapté aux conditions de la plupart de son peuple»: «le pasteur vit la pauvreté évangélique» a synthétisé le Pape. L’attention aux pauvres compte aussi dans le comportement d’un évêque selon lui, «les pauvres doivent trouver en lui un père et un frère, ne pas se sentir mal à l’aise en le rencontrant ou en entrant dans sa maison».
«Offrir à tous la véritable image de l’Église»
Autre vertu: l’évêque, à travers le célibat, pratique «la chasteté du cœur et de la conduite», pour suivre le Christ et «offrir à tous la véritable image de l’Église, sainte et chaste dans ses membres comme dans son Chef». Léon XIV a également eu une position ferme sur la gestion des scandales et des abus, particulièrement à l’égard des mineurs, «en se conformant aux dispositions actuelles», avant d’évoquer d’autres qualités à travailler comme pasteur.
En concluant son discours aux 300 évêques réunis devant lui dans la basilique Saint-Pierre, Léon XIV a demandé à tous d’encourager leurs prêtres, et que chacun d’entre eux «puisse faire l’expérience de la paternité, de la fraternité et de l’amitié de l’évêque».
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