Dialogue avec l'islam, abus sur les religieuses: la conf¨¦rence de presse du Pape
Ce voyage de 2 jours aux Émirats arabes unis a été «trop bref», concède le Pape, mais il a représenté pour lui «une grande expérience». Interrogé sur ses premières impressions, le Souverain Pontife dit avoir été frappé par la modernité du pays qui l¡¯a accueilli, par son «ouverture», visible dans l¡¯Islam «fraternel» qu¡¯il promeut, et par l¡¯attention qu¡¯il porte à l¡¯éducation et aux innovations techniques, avec un regard toujours pointé en direction de l¡¯avenir.
Le Pape confie avoir été particulièrement «satisfait» de la rencontre «profonde» qu¡¯il a eue avec le Conseil musulman des Anciens, touché par la «sagesse» et la «fidélité», -selon lui, points de départ de l¡¯amitié entre les peuples-, qui émanaient des membres de cette organisation vouée à encourager le dialogue islamo-chrétien.
Un document en droite ligne avec le Concile
Il est aussi longuement revenu sur le Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune, qu¡¯il a signé avec le Grand Imam d¡¯Al-Azhar, Ahmed Al-Tayyeb. Durant plusieurs mois, le texte a fait l¡¯objet de mûres réflexions, d¡¯une préparation faite avec soin et dans la prière, car «en ce moment, pour moi, il y a un unique grand danger, a affirmé le Saint-Père : la destruction, la guerre, la haine entre nous. Si nous, croyants, nous ne sommes pas capables de nous donner la main, de nous embrasser, et aussi de prier, notre foi sera vaincue ». Face à des rumeurs d¡¯instrumentalisation qui le visent, François a tenu à clarifier les choses: «ce document ne s¡¯écarte pas d¡¯un millimètre du Concile Vatican II», a-t-il fermement assuré, racontant l¡¯avoir fait relire à des théologiens. «Ce n¡¯est pas un pas en arrière, c¡¯est un pas en avant qui vient d¡¯il y a 60 ans, du Concile qui doit se développer», et porter encore du fruit. Ce document ambitieux, -qui se penche notamment sur la paix, l¡¯éducation, la liberté religieuse et le droit des femmes-, devrait bientôt être étudié à l¡¯Université Al-Azhar et dans certaines écoles, a confirmé le Pape qui a également évoqué sa visite au Maroc, en mars prochain, sur les traces de Saint Jean-Paul II. «Je voulais aller à la rencontre de Marrackech (conférence intergouvernementale sur les migrations, en décembre 2018- ndlr), mais il y a eu des questions protocolaires, je ne pouvais m¡¯y rendre sans faire une visite au pays», a-t-il expliqué. La proximité des deux voyages est donc une coïncidence. «J¡¯ai reçu d¡¯autres invitations de pays arabes, nous verrons l¡¯année prochaine, moi ou un autre Pierre», a-t-il encore précisé.
Médiation au Venezuela?
Interrogé par un journaliste sur la situation au Venezuela, le Pape affirme avoir reçu la lettre que lui a fait parvenir le président Nicolas Maduro: « je ne l¡¯ai pas encore lue, mais nous verrons ce que nous pouvons faire». «Je suis toujours disposé» pour assurer une médiation, mais celle-ci doit être demandée «par les deux parties», a-t-il insisté.
La question des abus sur des religieuses
Répondant enfin à une question sur un article publié par le mensuel féminin de l¡¯Osservatore Romano, lequel dénonçait des abus commis sur des religieuses et personnes consacrées par des membres du clergé, le Pape a affirmé que la maltraitance des femmes était un problème. «J¡¯oserais dire que l¡¯humanité n¡¯a pas encore mûri: la femme est considérée comme quelqu¡¯un de ¡®seconde classe¡¯. Partons de cela: c¡¯est un problème culturel», qui ouvre ensuite la voie aux féminicides. «C¡¯est vrai, à l¡¯intérieur de l¡¯Église, il y a eu des clercs qui ont fait cela. Il y a eu des prêtres et des évêques qui ont fait cela, et je crois qu¡¯il y en a encore », a ajouté le Pape. Évoquant la suspension ou le renvoi de quelques-uns ainsi que la dissolution d¡¯une congrégation féminine, il assure que le problème est pris en compte depuis un certain temps au Vatican. «Doit-on faire quelque chose de plus ? Oui. En avons-nous la volonté ? Oui. Mais c¡¯est un chemin qui vient de loin». Et le Pape argentin de saluer l¡¯?uvre entreprise dans ce domaine par son prédécesseur, Benoît XVI, qui a eu le courage de dissoudre une congrégation (¡) dont certains membres, et jusqu¡¯au fondateur, avaient ouvert la porte à cet «esclavage». Benoît XVI qui, alors qu¡¯il était encore cardinal, avait recueilli les preuves documentées d¡¯une forte corruption sexuelle et économique au sein d¡¯une organisation religieuse, mais qui avait dû patienter jusqu¡¯à son accession au Siège de Pierre pour pouvoir agir et débloquer la situation. «Le folklore le montre comme un faible. Mais il n¡¯a rien de faible. C¡¯est un homme bon, (¡) mais fort», a martelé François, certifiant qu¡¯il voulait lui-même avancer sur ce sujet.
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