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Dans son ³ó´Ç³¾¨¦±ô¾±±ð Fran?ois s¡¯est appuy¨¦ sur la dimension festive de l¡¯?vangile, souvent v¨¦cue avec une intensit¨¦ particuli¨¨re en Am¨¦rique latine. Dans son ³ó´Ç³¾¨¦±ô¾±±ð Fran?ois s¡¯est appuy¨¦ sur la dimension festive de l¡¯?vangile, souvent v¨¦cue avec une intensit¨¦ particuli¨¨re en Am¨¦rique latine. 

Texte int¨¦gral de l'³ó´Ç³¾¨¦±ô¾±±ð du Pape ¨¤ Iquique

Dans son ³ó´Ç³¾¨¦±ô¾±±ð prononc¨¦e jeudi 18 janvier en espagnol, Fran?ois s¡¯est appuy¨¦ sur la dimension festive de l¡¯?vangile, souvent v¨¦cue avec une intensit¨¦ particuli¨¨re en Am¨¦rique latine.

Campo Lobito - Iquique

« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C¡¯était à Cana de Galilée¡± (Jn 2, 11).

         Ainsi s¡¯achève l¡¯Évangile que nous avons écouté, et qui fait le récit de la première apparition publique de Jésus : ni plus ni moins lors d¡¯une fête. Il ne pouvait en être autrement, puisque l¡¯Évangile est une constante invitation à la joie. Dès le début, l¡¯Ange dit à Marie : « Réjouis-toi » (Lc 1, 28). Réjouissez-vous, dit-il aux pasteurs ; réjouis-toi, dit-il à Élisabeth, femme âgée et stérile¡­ ; réjouis-toi, fit entendre Jésus au bon larron, car aujourd¡¯hui tu seras avec moi au paradis (cf. Lc 23, 43).

         Le message de l¡¯Évangile est source de joie : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit complète » (Jn 15, 11). Une joie qui se transmet de génération en génération et dont nous sommes les héritiers.

         Comme vous savez le faire, chers frères du nord du Chili ! Comme vous savez vivre la foi et la vie dans un climat de fête ! Je viens en pèlerin célébrer avec vous cette belle manière de vivre la foi. Vos fêtes patronales, vos danses religieuses ¨C qui durent jusqu¡¯à une semaine -, votre musique, vos vêtements font de cet endroit un sanctuaire de piété populaire. Car ce n¡¯est pas une fête qui peut être enfermée dans le temple, mais plutôt vous arrivez à parer toute la population d¡¯habits de fête. Vous savez célébrer en chantant et en dansant « la paternité, la providence, la présence amoureuse et constante de Dieu. Elle engendre des attitudes intérieures rarement observées ailleurs au même degré : patience, sens de la croix dans la vie quotidienne, détachement, ouverture aux autres, dévotion » (Paul VI, Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 48).  Les paroles du prophète Isaïe prennent vie : « Alors le désert deviendra un verger, et le verger sera pareil à une forêt » (32, 15). Cette terre, gagnée par le désert le plus sec du monde, parvient à se parer pour la fête.

         Dans ce climat de fête, l¡¯Évangile nous présente l¡¯intervention de Marie pour que la joie prévale. Elle fait attention à tout ce qui se passe autour d¡¯elle et, en tant que bonne mère, elle ne reste pas tranquille et ainsi elle arrive à se rendre compte que pendant la fête, dans la joie partagée, quelque chose était en train de se passer : il y avait quelque chose qui était sur le point de faire ¡®¡®prendre eau¡¯¡¯ à la fête. Et lorsqu¡¯elle s¡¯approche de son Fils, les seules paroles que nous l¡¯entendons prononcer sont : « ils n¡¯ont pas de vin » (Jn 2, 3).

         Et c¡¯est ainsi que Marie marche dans nos villages, dans nos rues, sur nos places, dans nos maisons, dans nos hôpitaux. Marie est la Vierge de Tirana ; la Vierge Ayquina à Calama ; la Vierge de Las Peñas à Arica, qui [nous] accompagne dans nos ennuis de famille inextricables, ceux-là mêmes qui semblent nous étouffer le c?ur, afin de s¡¯approcher des oreilles de Jésus et de lui dire : regarde, « ils n¡¯ont pas de vin ».

         Et ensuite, elle ne se tait pas, elle s¡¯approche de ceux qui servent pour la fête et elle leur dit : « Tout ce qu¡¯il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Marie, femme de peu de mots, mais bien concrets, s¡¯approche également de chacun de nous rien que pour nous dire : « Tout ce qu¡¯il vous dira, faites-le ». Et ainsi débute le premier miracle de Jésus : faire sentir à ses amis qu¡¯eux aussi prennent part au miracle. Car le Christ « est venu dans ce monde non par pour agir seul, mais avec nous, avec nous tous, pour être la tête d¡¯un grand corps dont nous sommes, nous, les cellules vivantes, libres et actives » (San Alberto Hurtado, Meditación Semana Santa para jóvenes (1946).

         Le miracle commence quand les serviteurs s¡¯approchent des jarres remplies qui étaient destinées aux ablutions. De même chacun d¡¯entre nous peut aussi commencer le miracle, mieux, chacun d¡¯entre nous est invité à prendre part au miracle pour les autres.

         Chers frères, Iquique est une terre de rêves (c¡¯est ce que signifie le nom en aymara) ; une terre ayant su héberger des gens de divers peuples et cultures qui ont dû quitter leurs proches, s¡¯en aller. Une démarche toujours fondée sur l¡¯espérance d¡¯obtenir une vie meilleure, mais nous savons qu¡¯elle est toujours accompagnée de sacs à dos chargés de peur et d¡¯incertitude quant à l¡¯avenir. Iquique est une zone de migrants qui nous rappelle la grandeur d¡¯hommes et de femmes ; de familles entières qui, face à l¡¯adversité, ne se résignent pas et se fraient une voie en quête de vie. Ils ¨C surtout ceux qui ont dû quitter leur terre parce qu¡¯ils ne disposaient pas du minimum nécessaire pour vivre ¨C sont une icône de la Sainte Famille qui a dû traverser des déserts pour pouvoir survivre.

         Cette terre est une terre de rêves, cependant faisons de sorte qu¡¯elle continue d¡¯être également une terre d¡¯hospitalité. Hospitalité festive, car nous savons bien qu¡¯il n¡¯y a pas de joie chrétienne lorsque des portes se ferment ; il n¡¯y a pas de joie chrétienne lorsqu¡¯on fait sentir aux autres qu¡¯ils sont de trop ou que parmi nous ils n¡¯ont pas leur place (cf. Lc 16, 19-31).

         Comme Marie à Cana, efforçons-nous d¡¯apprendre à être attentifs sur nos places et dans nos villages et à reconnaître ceux dont la vie ¡®¡®prend de l¡¯eau¡¯¡¯ ; qui ont perdu ¨C ou on leur a volé ¨C les raisons de célébrer. Et n¡¯ayons pas peur d¡¯élever la voix pour dire : « ils n¡¯ont pas de vin ». Le cri du peuple de Dieu, le cri du pauvre, sous forme de prière et qui élargit le c?ur et nous enseigne à être attentifs. Soyons attentifs à toutes les situations d¡¯injustice et aux nouvelles formes d¡¯exploitation qui conduisent beaucoup de nos frères à perdre la joie de la fête. Soyons attentifs à la précarisation du travail qui détruit des vies et des foyers. Soyons attentifs à ceux qui tirent profit de la situation irrégulière de beaucoup de migrants, parce qu¡¯ils ne connaissent pas la langue ou n¡¯ont pas les papiers en ¡®¡®règle¡¯¡¯. Soyons attentifs au manque de toit, de terre et de travail pour de nombreuses familles. Et comme Marie, disons avec foi : ils n¡¯ont pas de vin.

         Comme les servants de la fête, apportons ce que nous avons, aussi insignifiant semble-t-il. Comme eux, n¡¯ayons pas peur de ¡®¡®donner un coup de main¡¯¡¯, et que notre solidarité ainsi que notre engagement pour la justice fassent partie de la danse ou du chant que nous pouvons entonner pour notre Seigneur. Profitons-en aussi afin d¡¯apprendre et de nous laisser imprégner par les valeurs, la sagesse et la foi que les migrants portent avec eux. Sans nous fermer à ces ¡®¡®jarres¡¯¡¯ remplies de sagesse et d¡¯histoire que portent ceux qui continuent d¡¯arriver en ces contrées. Ne nous privons pas de tout le bien qu¡¯ils ont à offrir.

         Et laissons Jésus achever le miracle, en transformant nos communautés et nos c?urs en signe vivant de sa présence, qui est joyeuse et festive, car nous avons fait l¡¯expérience que Dieu-est-avec- nous, parce que nous avons appris à l¡¯héberger parmi nous. Joie et fête contagieuses qui nous conduisent à ne laisser personne hors de l¡¯annonce de cette Bonne Nouvelle.

         Que Marie, sous les différentes évocations de cette terre bénie du nord, continue de susurrer à l¡¯oreille de son Fils Jésus : « ils n¡¯ont pas de vin », et qu¡¯en nous continuent de se faire chair ses paroles : « Tout ce qu¡¯il vous dira, faites-le ».

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18 janvier 2018, 20:48