Hom¨¦lie Sainte-Marthe: la compassion est aussi le langage de Dieu
Debora Donnini- Cité du Vatican
Ouvrir son c?ur à la compassion et ne pas se refermer dans l¡¯indifférence : c¡¯est la pressante invitation lancée ce matin par le Pape François lors de l¡¯homélie prononcée au cours de sa messe quotidienne, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. La compassion, en effet, nous porte sur le chemin de la «vraie justice», en nous sauvant de la fermeture en nous-mêmes. Toute sa réflexion part du passage de l¡¯Évangile de Luc (7, 11-17) qui narre la rencontre de Jésus avec la veuve de Naïm, une mère pleurant la mort de son fils unique. L¡¯évangéliste nous dit que le Seigneur fut «saisi d¡¯une grande compassion» note le Pape comme s¡¯il était «victime» en quelque sorte de cette compassion. Une foule importante l¡¯accompagne mais seul Jésus comprend la réalité de cette femme : celle d¡¯une épouse ayant perdu son mari et maintenant son fils, condamnée à la solitude.
«La compassion te fait voir les réalités comme elles sont ; la compassion est comme la ¡°lentille du c?ur¡±: elle te fait comprendre leurs véritables dimensions. Dans les Évangiles, Jésus est saisi par la compassion à de nombreuses reprises. Car elle est aussi le langage de Dieu. Elle apparait dans la Bible avant Jésus: Dieu dit à Moïse ¡°j¡¯ai vu la douleur de mon peuple¡± (Exode 3, 7) et c¡¯est la compassion de Dieu qui envoie Moïse sauver son peuple. Notre Dieu est un Dieu de compassion ; elle est, si l¡¯on peut dire, sa faiblesse, mais aussi sa force. Elle est ce qu¡¯Il nous donne de meilleur: c¡¯est la compassion qui l¡¯a poussé à envoyer Son Fils jusqu¡¯à nous. C¡¯est son langage».
La compassion n¡¯est pas «un sentiment de peine» que l¡¯on éprouve par exemple quand on voit mourir un chien sur la route (¡). Mais c¡¯est «s¡¯impliquer dans les problèmes des autres, et jouer sa vie là», comme le Christ.
Une photo qui s¡¯appelle «indifférence»
Le Pape prend un autre exemple des Évangiles, celui de la multiplication des pains, lorsque Jésus dit aux disciples de donner à manger à la foule qui l¡¯a suivi, alors que ceux-ci auraient plutôt voulu la congédier. «Les disciples étaient prudents, observe François. Je crois qu¡¯à ce moment, Jésus s¡¯est mis en colère dans son c?ur» considérant la réponse surprenante qu¡¯il leur fait : «donnez-leur vous-mêmes à manger». Son invitation est de prendre les personnes en charge, sans penser qu¡¯après une journée comme celle-ci, ils pourraient aller dans les villages acheter du pain. «Le Seigneur, dit l¡¯Évangile, eut de la compassion parce cette foule le faisait penser à des brebis sans berger», a rappelé le Saint-Père. D¡¯une part donc, le geste de Jésus, la compassion, de l¡¯autre, l¡¯attitude égoïste des disciples qui «cherchent une solution mais sans compromis», qui ne se salissent pas les mains :
«Si la compassion est le langage de Dieu, tant de fois l¡¯indifférence est celui des hommes. Assumer jusqu¡¯à un certain point et ne pas aller au-delà. L¡¯un de nos photographes à l¡¯Osservatore Romano a pris une photo qui se trouve maintenant dans les locaux de l¡¯aumônerie et qui s¡¯appelle ¡°l¡¯indifférence¡±. J¡¯en ai parlé plusieurs fois. Une nuit d¡¯hiver, devant un restaurant de luxe, une dame qui vit dans la rue tend sa main à une autre qui sort du restaurant, bien couverte, et celle-ci regarde l¡¯autre à peine. Allez regarder cette photo : c¡¯est cela l¡¯indifférence, notre indifférence. Combien de fois regardons-nous de l¡¯autre côté¡ et fermons-nous ainsi la porte de la compassion. Nous pouvons faire un examen de conscience : habituellement, est-ce que je regarde de l¡¯autre côté ? Ou bien est-ce que je laisse l¡¯Esprit-Saint me porter sur le chemin de la compassion, qui est une vertu de Dieu ?»
Restituer nous sauve de l'indifférence
Le Pape s¡¯est dit en outre touché par une parole de l¡¯Évangile de ce jour, lorsque Jésus dit à cette mère : «ne pleure pas». «C¡¯est une caresse de compassion», souligne-t-il. Il touche alors le cercueil en disant au jeune de se lever. Ce dernier se redresse alors et se met à parler. Et le Pape attire l¡¯attention sur ce qu¡¯écrit saint Luc : «Il le rendit à sa mère».
«Il le lui restitue : c¡¯est un acte de justice. Cette parole s¡¯utilise en justice : restitution. La compassion nous porte sur le chemin de la vraie justice. Il faut toujours redonner à ceux qui disposent d¡¯un certain droit, cela nous sauve de l¡¯égoïsme, de l¡¯indifférence, de la fermeture en nous-mêmes. Poursuivons l¡¯Eucharistie d¡¯aujourd¡¯hui avec cette parole : ¡°le Seigneur fut saisi d¡¯une grande compassion¡±. Qu¡¯Il ait aussi compassion de chacun de nous, nous en avons besoin».
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