Srebrenica: le lent chemin vers la r¨¦conciliation des Bosniens
Jean-Charles Putzolu ¨C Cité du Vatican
Ce 11 juillet marque une journée importante de commémoration pour les musulmans de Bosnie-Herzégovine. Il y a 30 ans, jour pour jour, plus 8 000 d¡¯entre eux étaient abattus par les forces serbes de Bosnie sous les ordres du général Ratko Mladic, accusé et jugé depuis par la cour pénale internationale pour sa responsabilité dans ce massacre, le plus grave depuis la Seconde guerre mondiale.
Des blessures toujours ouvertes
Trente ans après, le travail de mémoire se forge un difficile sentier au milieu des opinions divergentes et des relectures de l¡¯histoire. Pour certains Serbes de Bosnie, impossible encore de se ranger à l¡¯idée que le général Mladic est un criminel de guerre, la gravité des faits est relativisée. Ces positions fragilisent la coexistence pacifique entre les différentes communautés. Ainsi, les blessures sont encore ouvertes au sein de nombreuses familles et, malgré trois décennies, il est encore compliqué de parler de pardon et de réconciliation. La douleur est toujours présente dans les mémoires, témoigne Mgr Tomo Vuksic. Elle est liée «à la perte de tellement de vies humaines», confie l¡¯archevêque de Sarajevo. Les gens prient pour la paix, pour la réconciliation et pour que la guerre ne revienne jamais, dit-il, tout en admettant l¡¯extrême complexité de la situation. Mgr Vuksic, qui est également président du conseil interreligieux de Bosnie-Herzégovine, multiplie les efforts pour installer un climat favorable au dialogue «avec les représentants de la fonction publique», mais en qualité de représentant religieux, il ne souhaite pas «être lié au dialogue et aux processus politique». Ce détachement est un principe adopté par les membres du conseil interreligieux pour maintenir sa crédibilité. Cependant, personne ne peut «ignorer les problèmes politiques, économiques, les divisions de l'opinion publique, les controverses».
Pardonner et se réconcilier
Chaque communauté doit pouvoir conserver sa propre identité dans le respect des différences. Cela ne pourra se faire qu¡¯en avançant dans un processus de pardon, «car nous le considérons comme l'une des conditions essentielles à la réconciliation». Sans pardon, sans purification de la mémoire et «sans renonciation ferme à la vengeance et à la haine», il ne sera pas possible de parler de paix juste, de réconciliation, poursuit Mgr Vuksic. C'est pourquoi il parcourt la région pour rappeler que le Christ a invité à pardonner. C¡¯est seulement en franchissant cette étape, estime-t-il, que toutes les communautés pourront envisager un avenir commun.
Depuis les accords de Dayton de décembre 1995 qui ont mis fin à la guerre, les Bosniens peuvent dire qu¡¯ils vivent en paix. «Je ne vois pas la paix menacée, affirme Mgr Vuksic, mais je ne peux pas non plus parler d'une paix stable». L¡¯archevêque tient à distinguer le thème de la paix de celui de la réconciliation: «La question de la réconciliation est un long chemin sur lequel avancer en mettant chaque jour un pied devant l¡¯autre».
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