Pour le p¨¨re Romanelli, ?seule la force de la pri¨¨re permet de tenir?
Roberto Cetera - Cité du Vatican
«La farine coûte environ 18 euros le kilo, les tomates environ 23 euros, un oignon entre 12 et 15 euros. Pour un kilo de sucre, il faut compter au moins 100 euros. Entre-temps, nous n'avons même pas pu nous procurer du café amer: un kilo de café coûte pas moins de 250 euros». Le curé de Gaza, le père Gabriel Romanelli, avec une tristesse qui n'exclut pas l'espoir, revient sur la situation des Gazaouis.
Décès et destruction
«Soyons clairs, il s'agit d'une bourse assez virtuelle, car il faut trouver ces choses avant de les payer. Et c'est presque toujours impossible. Pour les légumes, nous dépendons, lorsqu¡¯ils sont disponibles, des petits jardins de guerre que certains agriculteurs improvisés ont mis en place. Mais de plus en plus rarement, car la plupart des habitants ont fui vers le sud de la bande», constate le père Romanelli. L'aide stockée pendant la trêve «a permis de nous en sortir pendant ces mois, et aussi d'aider plusieurs familles musulmanes qui vivaient dans le quartier où se trouve la paroisse». Après le blocus de l'aide humanitaire décrété par Israël le 3 mars dernier, «rien n'est arrivé et nous avons été contraints de garder les denrées restantes pour nous seuls et de les rationner».
D'autre part, poursuit-il, «dans les maisons qui entourent notre complexe, presque tout le monde est parti. Autour de nous, il n'y a que mort et destruction. Jour et nuit, nous entendons les bruits des bombes qui tombent même à quelques centaines de mètres de la paroisse». «C'est absurde», lance le curé de Gaza, soulignant malheureusement qu¡¯après 21 mois, «ces horribles bruits d'explosion» font désormais partie de leur vie quotidienne.
La lassitude des chrétiens survivants
Environ 500 personnes campent dans tous les coins de la paroisse. Avant le 7 octobre 2023, les chrétiens de Gaza étaient au nombre de 1017, et environ 300 ont réussi à quitter la bande lorsque le point de passage de Rafah avec l'Égypte était encore ouvert. 54 sont morts, dont 16 dans le bombardement de l'église Saint-Porphyre du patriarcat orthodoxe.
«Chez nous, la musicienne âgée Elham Farah a été tuée en novembre 2023 et un mois plus tard, Nahida et Samar, mère et fille, ont été tuées juste devant l'église. Les autres chrétiens décédés sont des victimes de la guerre: des malades (cardiaques, diabétiques, etc.) qui ne pouvaient plus recevoir les médicaments nécessaires. Il y a aussi une cinquantaine d'enfants handicapés et malades qui sont soignés avec amour par les religieuses de Mère Teresa». Aujourd'hui, «il y a beaucoup de fatigue et d'inquiétude car nous avons l'impression d'être presque seuls dans cette région», déplore le curé.
La force de la prière
«La seule chose qui nous permet de rester soudés et avec un peu d'espoir, c'est la prière. Dans cette situation, la force de la prière est vraiment grande, c'est la seule chose qui nous permet de rester unis et de ne pas sombrer dans le désespoir». Recevoir des appels, confie le curé de Gaza est «également important pour nous».
Le père Romanelli se souvient encore des appels téléphoniques du Pape François chaque soir, «qui ont été d'un grand soutien. Savoir que nous ne sommes qu'une toute petite partie d'une grande réalité qu'est l'Église universelle, savoir que plus d'un milliard de chrétiens dans le monde prient pour cette petite communauté malheureuse nous donne une grande force de résilience. La nourriture, les médicaments, sont aussi importants pour nous que la prière». «Sans la prière, témoigne-t-il, nous ne serions pas arrivés jusqu'ici. Les nôtres et les vôtres... Nous comptons sur vous», conclut-il.
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