Le SCEAM plaide pour l¡¯ind¨¦pendance de l¡¯agriculteur africain
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Au Siège de la FAO à Rome, le Symposium des Conférences épiscopales d¡¯Afrique et de Madagascar (Sceam) a appelé l¡¯Union Africaine «à défendre ses agriculteurs, à protéger, à travailler à leur indépendance à travers un retour au système de sélection de semences traditionnelles et à investir dans l'agroécologie». La 6e conférence ministérielle pour l¡¯agriculture de l¡¯Union africaine et de l¡¯Union européenne, axée sur le thème «Un avenir durable pour les systèmes agroalimentaires», a réuni dans la capitale italienne fin juin, des ministres africains et européens de l¡¯agriculture et la société civile.
«Défendre le pauvre, le sans voix»
Dans une interview accordée à Vatican News au terme de cette conférence, Mgr Bernard de Clairvaux Toha, évêque de Djougou au Benin, qui y représentait la Commission Justice et Paix du Sceam, a exhorté les responsables africains «à ne pas aider à faire de l'Afrique une décharge de produits toxiques». Il a également invité l'Union européenne «à mettre fin à l'exportation des pesticides interdits, et à soutenir les systèmes alimentaires véritablement justes».
«Que les dirigeants africains et ceux européens, écoutent et agissent avec justice», a insisté l¡¯évêque béninois, soulignant qu¡¯en tant que responsables de l'Église, leur rôle est de «dénoncer les politiques qui sacrifient l¡¯Homme pour des profits. L¡¯Église doit être présente là où il faut, là où les intérêts des pauvres sont menacés». Ainsi, a-t-il souligné, «l¡¯Église en Afrique a décidé de participer à ce grand rendez-vous fort de ces convictions: remettre l'homme debout, défendre le pauvre, le sans voix».
Mgr Toha a rappelé l¡¯engagement de l¡¯Église catholique en faveur du développement humain intégral et du bien-être de la Création, en référence à l¡¯encyclique ³¢²¹³Ü»å²¹³Ù´Ç¡¯²õ¾± du Pape François «qui nous appelle à une conversion écologique et à une prise de conscience de notre "maison commune", la terre». De ce fait, «c¡¯est un devoir pour le Sceam de défendre les agriculteurs africains confrontés à un système mis en place au niveau international et qui, en réalité ne favorise pas de bons résultats».
«Ce qui tue en Europe, tue absolument en Afrique»
Le Sceam a donc fait deux plaidoyers: d¡¯abord contre les semences génétiquement modifiées et pour les droits des agriculteurs; ensuite contre l¡¯exportation des pesticides sur le continent africain. Mgr Toha a ainsi dénoncé la dépendance des agriculteurs africains vis-à-vis des firmes industrielles européennes qui leur imposent de nouvelles techniques de semence. «C'est une modification génétique qui est introduite pour pouvoir avoir un peu plus de performance au niveau de la production, mais le revers de cette innovation est une dépendance que subissent nos paysans, étant donné qu¡¯ils doivent toujours se référer à ces industriels européens», a expliqué le représentant de la Commission Justice et paix du Sceam.
«Les petits exploitants agricoles nourrissent la majorité des Africains dont les droits à conserver, échanger et contrôler leurs semences sont menacés». La situation a été dénoncée par l'évêque béninois à la suite du rapport du désarroi d¡¯un agriculteur africain lors de cette conférence: «Quand nous perdons les semences, nous perdons les options. Nous perdons notre avenir». Au regard de cette dépendance «nous avons marqué notre opposition aux lois sur les semences qui criminalisent les pratiques traditionnelles et donnent le pouvoir aux entreprises étrangères», a fait savoir l'évêque.
En ce qui concerne l¡¯exportation des pesticides, Mgr Toha a fait comprendre que pour l¡¯Église en Afrique «il est injuste et immoral pour l'Europe d'exporter en Afrique des pesticides qui sont interdits d¡¯utilisation sur ses territoires. Ce qui tue en Europe, tue absolument en Afrique», a-t-il attesté. «Ces pesticides sont des produits chimiques dangereux pour l¡¯environnement et pour l¡¯homme. Une fois utilisés, nos agriculteurs doivent faire face à de potentiels refus de commercialisation; l¡¯Europe mettant en avant des normes de qualité», a encore révélé le représentant du Sceam.
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