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Entretien mené par Augustine Asta – Cité du Vatican

?Les assises nationales pour la refondation du Niger, tenues à Niamey du 15 au 20 février 2025, ont réuni plus de 700 participants pour établir les bases d’un développement durable et refonder le système politique. En dépit des efforts en cours pour améliorer la situation, la pauvreté reste un défi majeur. En effet, selon la banque mondiale, en 2024, le taux d'extrême pauvreté était de 45,3 %. Un taux qui «devrait reculer pour atteindre 35,8 % d’ici 2027, sous l’effet d’une forte croissance projetée du secteur agricole», peut-on lire sur le site de l'organisation.

C'est dans ce contexte, que le ministère nigérien des Affaires étrangères a annoncé le 17 mars dernier à travers une missive, la décision «souveraine», de son pays de se retirer de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), créée le 20 mars 1970 à Niamey. Par ailleurs le pays a aussi indiqué le 29 mars dernier son retrait de la Force multinationale mixte (FMM), la coalition militaire composée de soldats des armées du Tchad, du Cameroun, du Nigeria et du Niger qui combat Boko Haram et les groupes djihadistes dans la région du lac Tchad. Les autorités nigériennes ont indiqué souhaiter désormais redéployer les troupes sur «d'autres objectifs». 

Situation sécuritaire

Miné par les attaques de groupes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda, le Niger est le troisième pays de la région à subir un coup d’État depuis 2020 après le Mali et le Burkina Faso (Bamako en 2020, Ouagadougou en 2022). Pour Issoufou Yaya, historien et enseignant de sciences politique à l’université de Niamey, l’insécurité qui «a pris pied de manière profonde dans le pays», est le fruit de l’«héritage de l’ancien régime». Pour donc appréhender de manière «technique» la situation sécuritaire au pays, «il faut avoir une grille de lecture des lacs terroristes, en prenant en considération les différentes cibles», affirme-il. La création de la force militaire unifiée de 5000 hommes dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), devenue Confédération, donne au Niger par ailleurs une nouvelle orientation géopolitique et militaire, estime Issoufou Yaya.

Le Niger et la dynamique géopolitique de l'Afrique de l'Ouest

Confrontés à des défis sécuritaires similaires liés à l'insécurité et à l'instabilité politique, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont créé le 16 septembre 2023 l’AES. Les militaires qui ont pris le pouvoir dans ces trois pays, ont scellé cette union par la «Charte du Liptako-Gourma», instituant ainsi une alliance défensive et stratégique visant à renforcer leur coopération régionale et à aborder les crises communes de manière concertée. Cette initiative intervenait alors sur fond de tensions croissantes avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de la dégradation des relations diplomatiques entre ces trois États du Sahel et la France, ancienne puissance coloniale. Aujourd’hui les relations entre les trois pays de cette Confédération marquent un tournant significatif dans la dynamique géopolitique de l'Afrique de l'Ouest.