La r¨¦silience des Ukrainiens apr¨¨s trois ans de guerre
Xavier Sartre ¨C Cité du Vatican
«Résilience», c¡¯est le mot qui vient spontanément à l¡¯esprit de Jean-Michel Coulot, le chargé de mission de l¡¯?uvre d¡¯Orient qui revient d¡¯une tournée en Ukraine auprès de l¡¯Église grecque-catholique dont elle est un soutien depuis de nombreuses années. «Bien sûr que les Ukrainiens sont anxieux, traumatisés, fatigués notamment par les bombardements, inquiets pour l¡¯avenir et furieux des positions des Américains et de leur nouveau président mais ils ne sont pas du tout découragés», rapporte «le missi dominici» l¡¯organisation catholique française qui aide les Églises orientales en Europe, au Proche-Orient et en Afrique.
«Le pays n¡¯est pas en débandade», note encore Jean-Michel Coulot qui a trouvé «un pays au travail» en le parcourant de Lviv, la principale ville de l¡¯Ouest, à Kharkiv, la seconde ville d¡¯Ukraine, située non loin de la frontière russe et de la ligne de front. «Tout fonctionne, les trains arrivent à l¡¯heure, le téléphone marche», insiste-t-il pour conjurer l¡¯image d¡¯une terre ravagée où la vie ne serait plus possible. En passant par Irpin, petite ville à quelques kilomètres au nord de Kiev, théâtre de violents affrontements entre les armées russe et ukrainienne au tout début de la guerre, les traces des combats ont été presque entièrement effacées. Pas question pour les Ukrainiens de vivre au milieu des décombres, d¡¯attendre la pax pour aller de l¡¯avant et continuer à vivre.
«Les gens sont dans une sorte de militantisme dans la vie quotidienne», très solidaires des soldats qui sont au front et qui sont souvent des membres de leurs familles, poursuit le représentant de l¡¯?uvre d¡¯Orient.
Si on ne voit pas la guerre, les combats étant concentrés sur la ligne de front qui traverse le pays du nord au sud, jusqu¡¯à la mer Noire, elle se rappelle malgré tout aux habitants. À Kharkiv, mais aussi à Kiev, à Lviv, à Odessa, à Soumy, à Kryvyï Rih, les gens craignent surtout les bombardements de drones et de missiles, reconnait Jean-Michel Coulot. Quand les alertes aériennes retentissent en pleine nuit, certains, lassés de descendre dans les abris, restent chez eux. C¡¯est à ce moment que les drames peuvent subvenir, même si les attaques de jour, comme à Soumy le dimanche des Rameaux, peuvent avoir lieu.
Les traumatismes cachés
Malgré cette crainte latente, «dans la journée, c¡¯est la vie normale», se surprend encore à penser Jean-Michel Coulot. Cette apparente tranquillité ne doit pas cacher les traumatismes. Il y a ceux des soldats qui reviennent, ceux des victimes des bombardements, mais aussi ceux des enfants qui, à Kharkiv notamment, ne vont plus à l¡¯école et suivent les cours en ligne. «Il y a parfois des problèmes de socialisation, ils ne voient plus leurs petits camarades. On a tenté de faire l¡¯école dans le métro mais on s¡¯est aperçu qu¡¯il y avait des particules fines et que ce n¡¯était pas bon pour la santé. C¡¯est sûr qu¡¯il y a des perturbations familiales» reconnait-il.
L¡¯?uvre d¡¯Orient vient essentiellement en aide aux paroisses grecques-catholiques. Dans la région de Kharkiv, sillonnée par le représentant de l¡¯?uvre, la pratique religieuse n¡¯est pas très forte. Sur cette ancienne terre orthodoxe, les grecs-catholiques sont peu nombreux et ont souvent fui l¡¯avancée des troupes russes, mais leurs prêtres qui sont restés y sont très dynamiques et très actifs dans l¡¯aide à la population. Les fidèles de tradition orthodoxe se réunissent alors à leurs côtés: «les églises malgré tout sont ainsi pleines», constate Jean-Michel Coulot. «Il y a un très grand accueil de gens qui cherchent Dieu et qui le trouvent auprès de l¡¯Église grecque-catholique», précise-t-il avant de poursuivre: «Un évêque m¡¯a dit: ¡°les gens font l¡¯expérience de la vie ecclésiale par la chariét et la prière¡±. C¡¯est aussi simple que cela».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester inform¨¦, inscrivez-vous ¨¤ la lettre d¡¯information en cliquant ici